31.3.08

Le monde nous appartient

A l'heure où la France entend envoyer encore quelques centaines d'hommes en Afghanistan, il est bon de relire ce texte de Noam Chomsky.

http://www.zcommunications.org/zmag/viewArticle/16101

On en trouve une traduction ici :

http://www.legrandsoir.info/spip.php?article6238
Cependant, il serait exagéré de dire qu’aucun haut dirigeant à Washington n’a
jamais demandé un retrait immédiat des troupes. Il y en a eu. Je connais une personne
qui l’a demandé avec fermeté. Lorsqu’on lui a demandé quelle était la solution au problème irakien,
cette personne a répondu que la solution était assez simple et que c’était "le retrait de toutes
les forces et armes étrangères." La personne en question était Condoleeza Rice et elle ne parlait
pas des forces US, elle parlait des forces et des armes iraniennes. Ce qui est assez logique.
Puisque le monde nous appartient, les soldats US ne peuvent être une force étrangère. Ainsi,
que nous envahissions l’Irak ou le Canada, nous sommes les forces autochtones. Ce sont les
Iraniens les forces étrangères.

28.3.08

Le bouclier fiscal creuse les caisses vides

On le sait, puisqu'on nous le répète, les caisses de l'Etat sont vides, et au vu de la conjoncture, la baisse de la hausse de la croissance, et tout çà, les fameuses caisses ne sont pas près de se remplir.

Et c'est dans ce contexte que Le Figaro nous apprend la bonne nouvelle : le bouclier fiscal, çà marche ! Du tonnerre !
En 2007, 23 179 demandes de remboursement au titre du bouclier fiscal ont été adressées à la Direction générale des impôts. Et selon le ministère du Budget, près de 3 700 demandes doivent encore être étudiées. Un chiffre en nette progression, alors que fin septembre 2007, seulement 3 487 demandes avaient été recensées. Un afflux qui s'explique par les quelque 70 000 courriers de relance du ministère du Budget auprès des contribuables. La restitution d'impôts s'élève ainsi à 222 millions d'euros, soit 16 623 euros par foyer fiscal, dont plus de 8 000 demandes pour un montant inférieur à 800 euros.
On redonne donc 222 000 000 (222 millions) d'euros à des personnes qui déclarent un partimoine de plus de 720000 euros et des impôts cumulés de plus de 50% de leurs revenus.

Pour les petits revenus à gros patrimoine, on favorise donc l'inactivité des capitaux immobilisés.

Pour les gros revenus à très gros patrimoines, on donne donc de l'argent à des gens qui en ont déjà beaucoup.

Quel succès ! Quel projet pour vider un peu plus les caisses !

Et Le Figaro nous gâte, avec en conclusion :
Malgré cette hausse du nombre des demandes de restitution, ces chiffres restent loin du chiffre des bénéficiaires potentiels du bouclier fiscal identifiés par la DGI (93 000) et des 400 millions d'euros de restitution prévus en année pleine.
Soyez heureux, les riches, l'Etat (donc les contribuables, la plupart plus pauvres que vous) continuera à se priver de ces recettes pour vous.

Une vraie politique de civilisation.

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19.3.08

De l'analyse politique bâtie sur du vent

Depuis dimanche, on nous rebat les oreilles avec des analyses trop nombreuses sur le "message" ou le "sens à donner" aux résultats des élections municipales.

Outre que tenter de donner un sens à 36000 élections distinctes paraît déjà une tâche difficile, les analystes de haut-vol, multicartes et omniprésents (ils se reconnaîtront), n'ont pas hésité à commenter les chiffres des résultats concernant les communes de plus de 30000 habitants, pour affirmer sans rire que "la gauche a battu la droite", en quantifiant même le phénomène : 47% contre 45%.

C'est là qu'il faut conserver un tout petit peu de cette lucidité qui manque à l'ensemble de la classe politique et journalistique sur ce coup.

Car en effet, quel pourcentage de la population représente les villes de plus de 30000 habitants ?

La réponse se trouve sur le site du minefi :

Les villes de plus de 10000 habitants représentent 55,2 % de la population.

Au vu de la pyramide des âges, les petites communes sont plus âgées que les grandes, en nombre d'électeurs est encore plus en défaveur des communes de plus de 10000 habitants...

On glose donc dans les médias depuis des jours sur des chiffres représentant 879 communes et 55% de la population !

On nous bassine avec les villes de plus de 30000 habitants, c'est à dire une grosse centaine de communes, et on oublie volontairement plus de la moitié de la population et des électeurs.

Merci et bravo à tous ceux qui ont participé à cette tartufferie !

18.3.08

Regarder mourir le dollar

Un beau papier de Paul Craig Roberts.

Il n'est pas facile de trouver des objets à acheter aujourd'hui aux États-Unis avec des pièces de monnaie, mais les pièces d'argent de même valeur nominale ont toujours du pouvoir d'achat. La pièce de 10 cents de ma jeunesse contient la valeur de 1,42 dollar d'argent au prix actuel de ce métal. La pièce de 25 cents a une valeur de 3,55 dollars, et celle de 50 cents contient pour 7,10 dollars d'argent. Le dollar d'argent vaut 15,2 fois sa valeur nominale. Ce n'est que la valeur de l'argent des pièces de monnaie, qui pourraient valoir beaucoup plus en fonction de leur état et de leur rareté. L'argent du nickel des temps de guerre vaut 1,10 dollar, soit 22 fois sa valeur nominale. Même le penny de cuivre vaut 2,5 cents.
Et plus loin :
​​​Le taux d'inflation aux États-Unis est environ deux fois plus élevé que celui indiqué dans le rapport du gouvernement. Afin d'empêcher l'augmentation des paiements de la Sécurité Sociale, le gouvernement a modifié sa façon de mesurer l'inflation. Dans l'ancienne méthode, le taux d'inflation mesurait le coût nominal d'un standard de vie défini. Si le prix du steak montait, le taux d'inflation montait avec. Aujourd'hui, si le prix du steak augmente, le gouvernement présume que les gens l'échange contre des hamburgers. L'inflation ne monte pas. À la place, c'est l'étalon du niveau de vie qui descend.
A lire.

17.3.08

Le plan choc que va engager Nicolas Sarkozy

C'est dans MediaPart, et c'est à lire.

La France n’honorant pas son engagement européen d’amener ses finances publiques à l’équilibre en 2010, elle doit y parvenir au plus tard en 2012. Comme un simple plan d’austérité, fut-il de 20 milliards d’euros, n’y suffira pas, la « RGPP » constitue le moyen d’atteindre l’objectif. Le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux, des mesures d’économies ici ou là permettent de crédibiliser la promesse française. D’après les experts- Nicolas Sarkozy lui-même à l’occasion du lancement de la démarche a suggéré un objectif de 150 milliards d'euros.

Plus loin :

Ne faut-il pas envisager une mise sous conditions de ressources des allocations familiales ? Ou supprimer demi-part supplémentaire pour l’impôt sur le revenu accordé à un parent ayant élevé seul son enfant ? Peut-on convier les assurés sociaux à participer davantage au financement de leur propre couverture maladie ? Comment procéder à une remise à plat des aides au logement ? Voici, à titre d’exemples, quelques réflexions qui ont récemment été explorées par le comité de l’Elysée. Et à chaque fois, la même interrogation sous-tend le débat: « Cela contribue-t-il au déficit zéro » ?
Encore plus loin :

Assorti actuellement d’un taux d’imposition de 0,5% (pour un produit de 5,6 milliards d’euros), la CRDS aurait donc dû passer à près de 2%. Cette hausse qui n’est pas intervenue avant les municipales interviendra-t-elle juste après ? Le gouvernement y est légalement tenu.
Et des tas d'autres réformes qui devraient être mises à l'ordre du jour : retraites, réformes fiscales, code du travail, etc...

A lire.

Service minimum : encore plus loin dans le mini

La précédente loi avait joué petit bras : seuls les transports terrestres de voyageurs (en clair la SNCF et la RATP) étaient visés.

Cette précédente loi est appliquée depuis le 1er janvier, et on sait déjà qu'elle ne changera rien en cas de grève massive, qu'un député vient en remettre une couche.

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PROPOSITION DE LOI

visant à garantir la continuité du service public dans les transports de voyageurs durant les périodes de congés et d'affluences massives,

(Renvoyée à la commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire, à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

PRÉSENTÉE

PAR M. Lionnel LUCA,

député.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

L’adoption par le Parlement de la loi n° 2007-1224 du 21 août 2007 relative au dialogue social et à la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs a permis d'améliorer le service rendu aux usagers dans le domaine des transports ferroviaires.

Pour autant, le dispositif reste incomplet tant pour les transports ferroviaires que pour les autres modes de transports non concernés par la loi, tels les avions ou les bateaux dans des liaisons continentales quotidiennes ou saisonnières.

En effet, force est de constater que trop souvent les mouvements de grève sont déclenchés à la veille des départs en vacances ou au retour, provoquant ainsi de graves perturbations qui ont des conséquences pour la vie des familles mais aussi pour le tourisme national et international.

Des pays voisins, membres de l’Union européenne, ont adopté une réglementation qui vise à supprimer ces atteintes aux libres déplacements des citoyens, tel que l’Italie, dont la présente proposition de loi s’inspire.

Il s’agit simplement de proposer qu’un service garanti soit inscrit dans le plan de transport pour les périodes de congés et d’affluence massive.

PROPOSITION DE LOI

Article 1er

L’obligation de continuité du service public s’entend à tous les moyens de transport réguliers de voyageurs.

Article 2

Le plan de transport doit garantir le déplacement des voyageurs durant les périodes de vacances et d’affluence massive :
- du 15 décembre au 5 janvier ;
- pendant les vacances scolaires de février ;
- durant les vacances de printemps ;
- du 25 juin au 25 juillet ;
- du 25 juillet au 5 août ;
- du 25 août au 5 septembre ;
- durant les vacances de la toussaint.


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M. Luca se prend donc à rêver d'un service minimum pour tous les types de transports, en particulier lors des chassés-croisés des vacances.

Comment présente t'il sa proposition ?

Comme un extension de ce qui a été fait. On enfonce donc un peu plus le clou.

Restera ensuite à proposer l'extension à tous les jours de l'année...

Sans que rien ne change tant que la loi reste en l'état sur le fond : s'il y a grève massive, il n'y aura pas de service minimum, faute de bras. Eh oui ! La proposition de loi de Luca, pas plus que le proclamé "service minimum" ne sont la garantie de trouver un train pour partir en congés. Tout simplement parce que le droit de grève existe encore dans ce pays (pour combien de temps ?) et qu'il n'est pas (encore ?) possible d'empâcher un cheminot de ne pas aller faire rouler son train. Service minimum ou pas.

Encore de grands moulinets démagogiques. La rupture, on vous dit ! Et l'accélération des réformes, surtout !

PS : on rira jaune de la coquille sur les dates au 25 juillet (relisez !)


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14.3.08

La démocratie, fille du tirage au sort ?

Sous le mauvais titre de "l'élection organise une aristocratie", un article néanmoins intéressant dans la page Rebonds de Libé.

D'où il ressort que la véritable démocratie ne peut être "représentative".

Iconoclaste, mais vivifiant.

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11.3.08

Le volontarisme de Sarkozy n'a pas de limites

Il y a peu de temps, le président affirmait être prêt à aller chercher lui-même Ingrid Bétancourt dans la jungle, laissant planer l'ombre de Rambo dans les esprits farceurs.

Aujourd'hui, le président affirme sans rire "vouloir un état palestinien dès 2008".

Dire cela au président israëlien est déjà assez surréaliste, puisqu'il s'agit du président du pays qui colonise son voisin et monte un mur autour de ses frontières, dans une politique visant à laisser peu de chance à la création d'un tel état...

Mais affirmer en plus que « Ma conviction est claire : la meilleure garantie de sécurité pour Israël, c'est la création d'un État palestinien moderne, démocratique et viable avant la fin 2008 ». Ajoutant que : « les paramètres d'un règlement sont connus. Tout est désormais affaire de volonté ».

C'est peut-être aller un peu loin dans le volontarisme forcené.

La France va donc non seulement régler tous les problèmes de l'Europe pendant le 2ème semestre 2008, mais également régler le problème israëlo-palestinien dans la même année.

Kouchner va avoir du boulot. Mais si, Kouchner, vous savez ? Le ministre de... de quoi déjà ?

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10.3.08

Vive la démocratie UMP !



Chapeau bas aux journalistes qui sont parvenus à encaisser un tel comportement sans se départir plus de leur calme...

N'hésitez pas à faire passer une demande à la Garde des Sceaux pour savoir ce qu'elle compte faire contre les militants de la candidate UMP dans le VIIème arrondissement de Paris.

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5.3.08

Transmission des entreprises : péril en la demeure ?

Hervé Novelli, secrétaire d'Etat aux Entreprises, veut baisser les droits de mutation et accroître la déductabilité des intérêts d'emprunts pour les repreneurs, nous dit Le Figaro.
«Un véritable danger menace le tissu industriel familial de province».
Diable !

Mais quel est ce danger, M. Novelli, secrétaire d'État aux Entreprises et au Commerce extérieur ?
«Si rien n'est fait, on risque le rachat de nos pépites par des fonds ou des groupes étrangers.»
Ah, ah ! Le bon vieux patriotisme économique. Les entreprises françaises rachetées par des étrangers ! La honte ! Et cette idée qu'il est meilleur pour la France que les entreprises soient à capitaux français, quelle que soit leur activité...

Pourquoi, en France, un dirigeant a-t-il plus de mal à céder son entreprise à son fils, sa fille ou à son plus proche collaborateur, demande le Firgaro ? À cause de «l'environnement fiscal et financier, mais ­aussi culturel», répond Hervé Novelli.

Nous y voilà ! Si l'entrepreneur français, qui s'est levé tôt toute sa vie et a travaillé dur, ne transmet pas son entreprise à sa famille, c'est à cause de la fiscalité qui assomme le cédant et le repreneur.

Cet argument n'est pas forcément idiot. Mais la fiscalité s'applique à tous, même aux méchants étrangers. Pourquoi donc reprendraient ils plus facilement que la famille du cédant l'entreprise familiale ? Mystère.

En fait, cet argument est probablement le seul qu'a pu trouver Novelli pour justifier ce qu'il veut faire, à savoir baisser encore la fiscalité sur les entreprises et les successions.

La loi TEPA a déjà fait beaucoup pour mettre un peu de beurre dans les épinards des entrepreneurs et des héritiers. Mais le spectre du fonds étranger venant reprendre les entreprises familiales françaises est tellement pratique à agiter pour justifier de nouvelles exonérations...

Tout cela une semaine avant des élections qu'on dit mal parties pour la droite. Y'a pas de petits effets d'annonce !

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4.3.08

Fillon : pas de plan de rigueur après les municipales

François Fillon, qu'on n'a jamais autant entendu que ces jours ci (stratégie d'effacement présidentiel ?), s'est épanché sur Europe 1.

«Nous n'avons pas le droit à la pause» dans les réformes. «Après les municipales, on va accélérer».
«les élections municipales n'auront pas d'impact sur le projet politique choisi par les Français sinon il n'y aurait plus de démocratie»

On ne peut que donner raison au premier ministre de marteler que la politique nationale ne dépend pas des résultats des municipales. Mais il lui faudra compter au plan national avec des régions de gauche, des départements de gauche et des grandes municipalités de gauche. La réforme de la carte judiciaire, par exemple, a laissé des traces localement quant aux critères de maintien ou de fermeture des tribunaux. Certains fiefs de ministres ont été clairement épargnés par les coupes. Si la politique nationale consiste à aider les amis localement, on peut craindre le pire pour les réformes futures : le choix du TGV vers Bordeaux plutôt que vers le Languedoc ou la Bretagne, les financements de tramways pour les mairies UMP, etc.



Au programme des réformes à venir, «un projet de modernisation de l'économie avec des mesures de soutien aux petites et moyennes entreprises», «un plan très ambitieux de soutien aux nouvelles technologies», «la réforme de la distribution au livret A» et un «projet de loi sur la flexsécurité».

«Il n’y aura pas de plan de rigueur. Il y a un budget 2008 qui a été voté par le Parlement, il sera mis en œuvre»
«Naturellement, en fonction de la croissance et des rentrées fiscales, comme tout gouvernement, on fait des ajustements sur les dépenses. Ça n’a rien à voir avec un plan de rigueur»

Pas de plan de rigueur. Disons un plan d'austérité, alors. Parce qu'avec les hypothèses du budget 2008, fondé sur une croissance de 2,5% et un baril à 73 $, on risque l'asphyxie.

Quand on sait que par ailleurs la France s'est engagée à revenir à l'équilibre budgétaire européen en 2012 (ou 2010 ?), il va bien falloir faire des choix, sans doute douloureux. Car le budget 2008 a prévu encore 40 milliards de déficit environ...

Mais prenons acte qu'il n'y aura que des "ajustements", et pas de "plan".