5.10.05

Idée n°4 : refuser les quotas dans la lutte contre la discrimination

Alors que le journal "Libération" rapporte aujourd'hui que "A Lyon, élus et entreprises s'engagent sur la couleur", il faut s'interroger sur les choix que fait la France en matière de lutte contre la discrimination.

La Constitution française reprend la Déclaration des Droits de l'Homme, et indique dans son Article 1 que :
Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.
Elle indique également dans son Article 4, que :
La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives.
Cela a donné naissance à la loi sur la parité, qui impose un certain nombre de contraintes aux paris politiques, dont la formation de listes comportant autant de femmes que d'hommes. Cependant, cette mesure n'a eu que peu de résultats au niveau national, les femmes étant placées en position éligible au Parlement restant minoritaires. L'effet a par contre été bénéfique pour les communes concernées (critère de population).

Par contre, il est de notoriété publique que l'équité entre hommes et femmes est loin d'être atteinte, aussi bien dans la représentation publique que dans le secteur privé, où les femmes sont peu présentes à des postes de dirigents. Elles sont également moins bien payées à niveau égal, et sont les premières à travailler à temps partiel pas forcément choisi.

En ce qui concerne la discrimination dont souffriraient les personnes handicapées, la loi leur réserve un quota d'emploi dans les entreprises de taille suffisante. On est ici en présence d'un quota.

La sexualité est également reconnue comme faisant partie du domaine privé, et les discriminations que subiraient les homosexuels sont répréhensibles.

Enfin, et c'est là que je rejoins enfin le sujet de l'article de Libération d'aujourd'hui, la discrimination sur la "race", ou en tous cas sur des critères de couleur de peau, d'accent, ou de tout autre signe qualifié d' "ethnique" est également répréhensible.
Mais comme disait Coluche, "il y en aura qui seront noir, petit et moche. Et pour eux, ce sera très dur."...
Face aux constats répétés de l'existence de discriminations fondées sur tous ces critères, la France a beaucoup légiféré, et a modifié sa Constitution.

Mais le fond du problème n'a pas été tranché. Certains d'ailleurs utilisent aujourd'hui le terme de "tabou" à propos de ces questions.

Il n'y a pas de "tabou". Il y a juste un manque cruel d'éducation citoyenne !

Qu'il soit encore possible d'entendre en France que certaines personnes sont moins aptes que d'autres, ou moins bienvenues que d'autres à certains postes ou fonctions, sous des prétextes touchants à leur origine, religion, sexe et sexualité, ou capacités physiques (liste non exhaustive...) est indiscutablement choquant. Que le remède proposé soit l'adoption de quotas est pour moi encore plus choquant.

Cela révèle la faillite de la société française à éduquer ses citoyens à accepter la différence, à penser que ce qui qui est différent est source de découverte, de progrès intellectuel et de progrès social.

Refuser les quotas dans la lutte contre la discrimination.

Le remède des quotas ne saurait être qu'un pis-aller, une solution explicitement transitoire destinée à corriger les erreurs d'une société sclérosée et conservatrice, mais n'est en aucun cas une solution respectant la société française. Il s'agit d'un coup de bâton, d'un coup de semonce, destiné à montrer à la France combien elle ne se ressemble pas, combien elle se refuse la vérité : la France est multiple, elle est composée de millions d'individus différents mais animés par la même culture. C'est cela que la France doit savoir faire passer à ses citoyens, surtout vers ses jeunes générations et vers ses nouveaux arrivants.

L'utilisation des quotas me paraît dangereuse, et ne saurait constituer une solution durable à la discrimination réelle que rencontrent les noirs, les basanés, les homos, les femmes, les handicapés (liste non exhaustive : on peut y ajouter les vieux, les gros, les clochards...)

J'irais même jusqu'à demander le retrait de la loi sur la parité, si je n'avais pas si peur d'être très mal compris.

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