2.6.06

Insécurité nucléaire: la preuve de la malhonnêteté intellectuelle de Greenpeace est faite!

Greenpeace France nous apprend qu'un Pagojet a pénétré la zone d'exclusion aérienne de Flamanville. Et Greenpeace nous affirme sans rire que la conséquence de cette action est de demontrer "les insuffisances du système de sécurité prévu par EDF".

Bien. Rions un peu, puis discutons.

Qu'est-ce qu'un Pagojet ? Il s'agit d'une aile volante motorisée, c'est à dire un parapente équipé d'un moteur, comme on peut le voir ici.

Qu'est-ce qu'une zone d'exclusion aérienne ? C'est une zone dans laquelle les avions ne peuvent pénétrer sans autorisation. Des interdiction de survol existent autour de toutes les centrales. Les monomoteurs ne peuvent survoler le site à moins de 300 m d’altitude et les bimoteurs à moins de 1000 m (arrêté du 10 octobre 1957). L'article L 131 3 du code de l'aviation civile indique que :
Le survol de certaines zones du territoire français peut être interdit pour des raisons d'ordre militaire ou de sécurité publique. L'emplacement et l'étendue des zones interdites doivent être spécialement indiqués.
C'est le cas des centrales nucléaires...

Le discours de Greenpeace consiste à dire que si une aile volante est parvenue à pénétrer la zone d'interdiction de survol, cela implique nécessairement qu'un gros porteur pourra le faire aussi facilement. A l'appui, une petite vidéo pour faire bien peur au chaland, montrant le crash d'un gros porteur sur une centrale.

Que dire, sinon que la ficelle est un peu grosse ?

Qu'on cherche à démontrer le manque de sécurité des centrales, notamment vis-à-vis d'un crash suicide de gros porteur, pourquoi pas ? C'est effectivement un évènement qu'on peut redouter suite aux attentats du 11 septembre 2001 sur New-York et Washington.

Mais utiliser le survol par un type suspendu à une voile comme argument est intellectuellement malhonnête. Ces deux évènements sont en effet incomparables :
- un "pagojet" est indécelable et peut s'envoler de très près de la centrale,
- un "pagojet" ne représente aucun risque pour une centrale. Il ne peut se jeter sur la centrale, il ne peut emporter de bombe, il n'est pas une menace.

Au contraire d'un gros porteur qui lui risque en cas de crash non seulement de tuer ses passagers, mais de démolir une bonne partie de la centrale, avec le risque de dispersion de matière radioactive à grande échelle. Mais on peut objecter qu'à la différence du "Pagojet", un gros porteur :
- devra décoller d'un aéroport reconnu, donc loin de Flamanville (dansle cas de l'EPR),
- sera visible sur tous les radars, et sera soumis au contrôle aérien de la zone de la Manche,
- devra répondre du moindre écart par rapport à sa route prévue,
- lancera la procédure d'alerte prévue dans ce cas depuis 2001 s'il est confirmé que cet avion représente une menace

Puis il faut se poser la question de la réalisation d'un tel acte : détourner un avion est devenu plus difficile depuis 2001, allez savoir pourquoi...

Il faut également se demander quelles seront les conséquences d'un tel crash, s'il survenait. PAs de chances, c'est couvert par le secret défense, pour la bonne raison que c'est un secret de défense ! Inutile d'expliquer au public, donc à des agresseurs potentiels, comment attaquer le mieux possible les installations, et comment elles sont défendues. Cela ne constitue pas une rétention d'information abusive.

En conclusion, libre à Greepeace de faire peur, mais un peu de réflexion permet de comprendre rapidement qu'il ne s'agit que de poudre aux yeux. Le risque d'un attentat contre une centrale nucléaire est un sujet à prendre avec sérieux. Il semble que l'Etat et l'ASN le prennent en compte, et mettent en place des moyens pour qu'un tel évènement ne survienne pas. Est-il surprenant que ces moyens de défense ne soient pas révélés au public ?