Le niveau baisse en CM2
Qu'il nous soit permis, pour fermer une fois pour toute le clapet de ceux qui croient encore que l'école n'a pas échoué - depuis 1981 de sinistre mémoire - à faire reculer le pourcentage d'incultes et d'analphabètes dans notre pays du verbe et de l'écrit, qu'il nous soit permis de citer la rédaction d'un élève, représentatif de l'échantillon évalué.
Nous l'appelerons Nicolas, pour conserver l'anonymat de ce petit et ne pas jeter l'opprobe ni sur sa famille, ni sur son école et ses maîtres.
Nicolas, donc, a produit lors des évaluations du 22 janvier dernier, une rédaction plutôt longue, ce qui est un bon point, mais truffée d'erreurs tant grammaticales que syntaxiques.
Jugez plutôt :
Face à la crise, nous il serait catastrophique de nous replier sur nous-mêmes, il serait catastrophique d’attendre frileusement que ça passe, cette stratégie là de l’immobilisme, de la frilosité et du repli sur soi, elle nous est interdite ce n’est pas une question d’idéologie, ce n’est pas une question de droite ou de gauche, c’est une question de bon sens, il n’y a aucune espérance à attendre d’une stratégie faite d’immobilisme et de repli sur soi.
Une phrase très longue, dénuée de sens, avec une inversion du complément d'objet en début de phrase...
Dans notre pays ce n’est pas une chose que l’on fait facilement et pourtant il faut le faire.
On la mènera jusqu'au bout, mais vraiment les moyens supplémentaires, si les réformes prospèrent et si l'évaluation se développe.
Phrase amphigourique. Aucune syntaxe.
On a réfléchi en 1945, on a encore un peu réfléchi dans les années 60 et on a annoncé que l'on arrêté de réfléchir dans les années 80.
Faute de conjugaison.
Ne servent-ils pas parfois d’alibi aux conservateurs de tous poils, que l'on trouve à droite en nombre certain et à gauche en nombres innombrables.
Défaut de construction. Répétitions. Nombres innombrables ?
Que l’on commente le malaise. Que l’on décrit le malaise. Que l’on réfléchit sur
le malaise. Que l’on pense au malaise. On entretient le malaise.
Anaphore sur le final, plutôt rare. Mais lourd, surtout par la juxtaposition de propositions subordonnées sans principales.
Parce que nous avons parfaitement conscience de toutes les promesses qui ont été
faites et en général non tenues.
Phrase dénuée de sens, par défaut de construction.
Mais même en logique, le niveau de Nicolas reste très faible. Par exemple, cette perle :
C'est une réalité et si la réalité est désagréable, ce n'est pas désagréable parce que je le dis, c'est désagréable parce qu'elle est la réalité, c'est quand même cela qu'il faut voir.
Raisonnement circulaire : si la réalité est désagréable... c'est parce qu'elle est la réalité.
C’est parce que c’est difficile que cela n’a pas été fait jusqu’à présent. Parce que si cela avait été facile, cela aurait été fait. Donc ce n’est pas la peine de m’indiquer qu’il y aura des difficultés, je le sais. Mais les difficultés que nous aurons à affronter dans le mouvement sont beaucoup plus faciles à surmonter que celles que l’on aura affrontées dans l’immobilisme.
Tautologie : si cela avait été facile, cela aurait été fait.
Faute de conjugaison ou de raisonnement ? Le futur antérieur en lieu et place du conditionnel change le sens.
Ainsi, nous tenons des promesses que nous n’avons pas faites.
Comment est-il possible de tenir quelquechose qui n'a pas été promis ?
On le voit, par l'exemple de Nicolas, l'école a profondément besoin de réformes. Les tenants de l'immobilisme, qui ont obtenu le report du projet du bon ministre Darcos, auront là matière à réfléchir. Il est plus que temps de renverser la tendance. Il n'est pas normal qu'un gamin de CM2 du haut de son mètre soixante, en soit réduit à une telle indigence syntaxique !
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