23.12.09

La vie en France dans les années 2010

Cela passe par deux nouvelles conjointes.
La première, La Poste devient une société anonyme. Anonyme, comme les millions de pékins qui se pressent à ses guichets qui ressemblent de plus en plus à de grands bazars : DVD, cartes prépayées, jouets... La Poste veut gagner de l'argent, alors faisons en une vraie entreprise, n'est-ce pas ?
Service public ? Connais pas. Présence sur le territoire ? Connais plus.
La logique à l'oeuvre ? "Moderniser" et "adapter". Le bréviaire des mauvais libéraux, ceux qui croient que la liberté économique est celle de faire ce que l'on veut.
La Poste, c'était un réseau dense, un prix du timbre unique, une livraison le jour suivant ou 2 jours après maximum sur tout le territoire, c'était le livret postal, la banque des pauvres. Terminé cela ! Ce n'est pas moderne !
Ce qui est moderne, c'est de gagner de l'argent sur une prestation. Le service est individuel, et certainement pas public. Chacun paiera pour ce qu'il voudra avoir. Et ceux qui ne peuvent payer ? Aucun intérêt pour l'économie, voyons...
Alors ce seront encore les mêmes qui se passeront de courrier, qui feront des km pour aller envoyer le recommandé exigé par l'administration - car le recommandé en ligne, c'est pour ceux qui en ont une, de ligne. Fermeture des bureaux non rentables, donc les petits bleds, les villages lointains, les oubliés, les non rentables. Le courrier sera distribué moins souvent et plus loin, dans des points courrier. Le pprix du timbre pourrait aussi varier un jour, en fonction de la distance. Après tout, pourquoi paierai-je autant pour ma lettre qui va dans l'arrondissement voisin que celui qui envoie sa lettre à l'autre bout de la France, voire dans les DOM ? Impensable en 2010.
Et tout çà comme conséquence de l'ouverture du marché, qui permet à des entreprises qui n'ont aucune vocation à un service public de piquer les marchés lucartifs à La Poste, qui elle est soumise à encore quelques obligations coûteuses, comme le service universel, la livraison en moins de quelques jours sur tout le territoire, le prix unique. Privatiser les profits, et laisser les autres se débrouiller. Vaste programme !
Deuxième info : des trains Véolia concurrenceront la SNCF. Sain(t) libre marché, qui va permettre à une entreprise de venir piquer ses marchés lucratifs à la compagnie historique. Car les seules lignes autorisées à la concurrence sont les lignes transfrontalières : on nous annonce Paris-Londres, Lyon-Paris-Bruxelles, Paris-Strasbourg-Allemagne. A l'heure du réseau TGV interconnecté entre Madrid, Londres, Bruxelles, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie, il suffira de proposer des Rennes-Bruxelles via Paris, des Bordeaux-Allemagne via Paris, des Barcelone-Londres via n'importe où pour concurrencer les TGV de la SNCF.
La SNCF, ce vieux machin encore public qui continue, malgré une politique tarifaire inique (calquée que l'avion), à assurer des missions de service public avec desserte de lignes déficitaires. Mais heureusement cela ne durera pas. Privée de moyens sur ses lignes juteuses, que croyez vous qu'il va se passer pour la SNCF ? Seule solution "moderne" : supprimer les coûts liés aux obligations de service public, d'une part, et surtout casser le statut de cheminot, qui est tellement coûteux pour l'entreprise, puisqu'on vous le dit. D'ailleurs Véolia fera rouler des italiens, 30% moins chers. Comment voulez-vous lutter, ma bonne dame ? Il faut niveller, par le bas !
Elle promet la vie des années 2010...