20.10.06

Une vision de l'entreprise par un salarié de droite

Je tombe sur la toile sur un billet affligeant de banalité, et pourtant publié par un blogueur connu et reconnu (je vous laisse le loisir de retrouver son auteur, plus facile je meurs...).

Il s'agit du commentaires des propositions socialistes vu par un salarié de droite, ancien chef d'entreprise et membre de l'équipe dirigeante d'une société du secteur des NTIC.

Morceaux choisis de bêtise crasse et tenace, représentative de l'état d'esprit de certains à droite, et qui ne dénotent ni dans le discours du MEDEF, ni dans celui du candidat UMP à la présidentielle :
" C'est sûr, en inspirant aux français qu'en travaillant moins on peut avoir un salaire plus élevé parce que son minimum sera augmenté et que les délocalisations seront "suspendues" on va améliorer "l'employabilité" des Français et réduire les inégalités. "

Faut-il vraiment commenter ? Il s'agit presque mot pour mot de la sortie du président de l'UMP en campagne, déclarant au MEDEF :

"la France ne s'est "pas encore remise du choix historiquement stupide d'expliquer aux gens qu'en travaillant moins, on pourrait gagner davantage".

Cette imbécilité a déjà été démontée plusieurs fois. Mais c'est sans doute trop compliqué pour un winner de droite.

D'autre part, la référence aux 35 heures comme facteur de progrès est largement nuancée, par Royal elle-même, comme je l'indiquais ici.

"Nous sommes tous précaires, la vie est précaire, la compétition est partout et mondiale, il faut arrêter de mentir aux français et leur dire que c'est en travaillant, en se formant sans cesse, en s'adaptant à la demande des entreprises sur le marché du travail (trop de secteurs ne trouvent pas de main d'oeuvre en ce moment même) et en étant ambitieux que l'on va réussir. Pas en regardant sans cesse comment sur-protéger et travailler moins..."

Cette sortie est cette fois-ci une reprise d'une phrase de Mme Parisot, tête du MEDEF, qui disait la même chose avec les mêmes termes :

« Mais c’est inhérent à la vie. Beaucoup de choses dans la vie sont précaires, la santé c’est précaire, l’amour c’est précaire, la vie d’une entreprise c’est précaire, et le travail peut avoir une forme de précarité. »

Notre salarié de droite gagnant-gagnant récite donc son bréviaire...

Mais il fait plus loin des propositions qui méritent qu'on s'y attarde :

A mon avis les point suivants sont beaucoup plus importants:

-la facilité de recruter et de créer de l'emploi implique la facilité de licencier en cas de problème pour la survie de l'entreprise, et donc la flexibilité du travail

-réconciliation des français avec le capitalisme

-image des créateurs d'entreprise, donner envie aux français de le faire

-formation: leur donner les moyens de le faire partout en France, en apprenant l'entreprise à l'école

-concentration sur les secteurs d'avenir créateurs d'emploi, l'Internet bien sûr par exemple, qui va créer des centaines de milliers d'emplois nouveaux, or il est difficile de trouver de bons ingénieurs, graphistes,

-favoriser l'investissement à risque des français dans les entreprises et donc le capitalisme !

Facilité de licencier ? Il est pourtant difficile de faciliter encore le licenciement depuis l'instauration du CNE. Quand à la difficulté de licencier, il faut tout de même rappeler qu'un licenciement, c'est un motif (qui peut être économique), un entretien préalable et une lettre avec AR. Mais çà doit être encore trop compliqué pour un balladodiffuseur. A quand le licenciement par mail ?

Réconcilier les français avec le capitalisme ? Parce qu'ils sont fâchés avec un système qui existe en France depuis toujours ?

L'image des créateurs d'entreprise ? Si elle est mauvaise, ce n'est pas en répétant en boucle les propos du MEDEF qu'elle va s'arranger.

Apprendre l'entreprise à l'école ? Et pourquoi pas apprendre à lire, écrire et compter dans l'entreprise ?

Se concentrer sur les secteurs d'avenir ? Certes, mais pourquoi ne pas déjà créer de la richesse avec les secteurs d'aujourd'hui, et même ceux d'hier ? Peintre en bâtiment, c'est plein d'avenir, alors que m'as-tu-vu sur le web, c'est déjà dépassé !

Favoriser l'investissement à risque ? Ben encore faudrait-il avoir du blé à investir, coco ! PArce qu'avec un SMIC, il reste pas grand chose de côté pour investir !

Bien sûr, les inégalités restent très importantes et je les déplore, surtout pour le continent africain, mais globalement le monde est plutôt en train de se rééquilibrer.

La concentration croissante de la richesse dans les mains de quelques uns semblent échapper à notre penseur libéral.