28.10.08

Le président et la justice en trois leçons

Le Monde nous apprend que :

Nicolas Sarkozy a demandé, vendredi 24 octobre, au parquet général de saisir la cour d'appel de Paris pour rectifier "l'erreur matérielle" qui a permis la remise en liberté d'un violeur présumé. "C'est une décision invraisemblable", s'est exclamé le président. "Je n'ai pas l'intention qu'on laisse libérer un violeur récidiviste simplement parce que quelqu'un a fait une erreur matérielle."

Le président, en une seule phrase, démontre certes son souci de protéger les victimes d'un violeur en série qui n'a sa place, bien entendu, que derrière des barreaux, mais également fait la leçon en trois points sur ce qu'est devenu la justice dans la France d'après.

Première leçon :

Peut être considéré comme violeur récidiviste toute personne accusée d'avoir commis plusieurs viols.

Cela afin d'éviter des complications byzantines sur le fait qu'une personne n'ayant jamais été condamnée ne peut être appelée récidiviste.

Deuxième leçon :

Peut être considéré comme violeur toute personne accusée de viol.

Peut importe que l'accusé de viol n'ait pas été condamné pour viol. La présomption d'innocence, ce reste anachronique de la France d'avant, ne tient pas face à la modernité et l'efficacité : il n'y pas de fumée sans feu, une personne jugée pour des faits de viol ne peut être complètement vierge... de soupçons.

Troisième leçon :

La Constitution est modifiée par simple parole présidentielle.

L'ancien titre VIII de la Constitution, en particulier son article 64, anciennement rédigé comme suit, n'a plus cours au moment où le président le souhaite :

"Le Président de la République est garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire."

Un grand merci au président Sarkozy pour ces leçons sur le fonctionnement de la justice française. Les victimes n'ont pas de souci à se faire, elles seront toujours très bien traitées dans la France d'après.

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