12.10.08

Le travail du dimanche de nouveau en question

Libération, grâce à l'AFP, nous le rapporte, Xavier Bertrand, ministre du travail, a réaffirmé être favorable à l'assouplissement des règles du travail du dimanche.

Le ministre a immédiatement précisé, comme s'il craignait d'être allé trop loin ou trop vite :
"Il faut donner la possibilité de travailler le dimanche, mais sur la base du volontariat", a affirmé le ministre, insistant sur "les garanties" à apporter, "les textes devront être précis", dit-il.

Par ailleurs, le travail le dimanche "doit être mieux payé", a-t-il affirmé, précisant qu'il était favorable à ce que les salariés soient rémunérés "le double" ce jour là.
L'AFP, recopiée par Libération, rapporte un sondage Ifop Publicis Consultants publié par le JDD, qui indique que :
67% des Français accepteraient de travailler le dimanche, si leur employeur le leur proposait.
Le ministre pavoise :
"Ce sondage montre que les esprits sont en train d'évoluer, parce qu'il y a un an, le pourcentage était inférieur", a fait remarquer Xavier Bertrand.
Pour finir, le ministre se prête à un trop habituel chantage, qu'on croyait réservé aux patrons de supermarchés :
"Si les règles ne changent pas sur le travail du dimanche, des dizaines et des dizaines de milliers de salariés vont y perdre, ceux qui travaillent le dimanche aujourd'hui", dit-il, estimant qu'"il y aura un moment où les grandes enseignes en auront assez et fermeront".
Car, le ministre a rappelé que :
"1,5 million de Français travaillent aujourd'hui le dimanche et 7 millions occasionnellement".
Un autre ministre, obscur chargé de la Consommation, affirme sans rire que :
le travail le dimanche est de nature à favoriser la croissance et que le sujet pourrait être débattu d'ici la fin de l'année.

"Notre objectif est d'assouplir la législation, mais en préservant l'équilibre local", affirme le secrétaire d'Etat, estimant que ce sera aux "branches d'activité et non à la loi" de définir les conditions d'éventuels refus des salariés.
Enfin, on apprend que de toutes façons, les choses sont déjà décidées, puisque Xavier Bertrand :
a annoncé qu'une proposition de loi UMP visant à faciliter le travail du dimanche serait débattue d'ici à la fin 2008 au Parlement.

Cette proposition de loi du député UMP des Bouches-du-Rhône Richard Mallié, vise à étendre les dérogations au repos dominical.
L'AFP termine par un lapidaire :
Les syndicats de salariés sont plutôt réticents et veulent éviter la "banalisation" du travail le dimanche.
Inutile de reprendre l'ensemble des arguments rapidement produits par ces deux ministres. L'ensemble des arguments a déjà été exposé sur ce blog le 15 janvier 2007, ce qui ne nous rajeunit pas.

C'était Gérard Filoche, à l'époque, qui expliquait en quoi l'ouverture le dimanche est un non sens, quand elle est présentée ainsi.

Pour rappel.

1) Il n'existe pas de volontariat dans le droit du travail :
Un salarié ne peut pas refuser de travailler le dimanche si son employeur le souhaite, tout comme il ne peut pas travailler le dimanche si son employeur ne le souhaite pas. Cela s'appelle le lien de subordination.

Il est difficile d'imaginer quelles garanties ce gouvernement du "travailler plus pour gagner plus", qui a volontairement laissé de côté le droit des salariés à refuser des heures supplémentaires, pourra proposer aux salariés !

2) Gagner plus en travaillant le dimanche ?
Si les textes s'appliquent, oui, le dimanche devrait être un jour majoré. Mais ce n'est déjà pas le cas. Difficile de penser que cela sera mieux appliqué quand plus de salariés auront l'obligation de bosser le dimanche.

Les millions de travai

3) Perte d'emplois si les magasins n'ouvrent pas ?
Foutaises. Au contraire, l'emploi sera perdu de toutes façons puisque l'emploi est tributaire de la charge de travail. Si les gens viennent le dimanche, il ne viendront plus les autres jours, d'où déplacement de la charge et pas augmentation de celle-ci. De plus, ceux qui travailleront le dimanche ne seront probablement pas ceux qui achèteront, sauf à penser qu'il y aura un effet d'aubaine dû à la proximité des magasins des lieux de travail. Mais là encore, un salarié qui ira faire ses courses le dimanche ne les fera plus un autre jour...

4) Perte de qualité de vie indéniable
C'est le dimanche qu'ont lieu beaucoup de réunions de famille et les activités extra-professionnelles puisque c'est le jour où les gens sont le plus libre, du fait de l'interdiction de travail le dimanche pour la majorité des métiers.


En fait, l'idée de faire travailler les autres le dimanche, pour en profiter soi-même, relève d'un processus idéologique de destruction des liens sociaux chez ceux qui ne peuvent pas éviter de choisir de travailler ce jour-là.

Le "choix" du dimanche n'en est pas un : les restaurateurs travaillent le dimanche parce que des gens sont en congé ce jour-là et se réunissent en famille ou entre amis ou organisent des anniversaires ou des fêtes de mariage.

Les secteurs de "tourisme" au sens déjà très large travaillent le dimanche car il y a un marché pour eux parmi ceux qui eux ne travaillent pas et sont en congés.

Les cinémas travaillent le dimanche, car des gens sont libres d'aller se faire une toile.

Alors bien sûr, faciliter le travail le dimanche pour ceux qui le peuvent et le veulent, pourquoi pas ?

Mais sous ce prétexte, obliger des salariés à accepter de perdre leur vie sociale pour gagner leur vie, car il n'auront le choix qu'entre travailler le dimanche ou le chômage, c'est une vision de la société qui a de quoi déprimer...

Et c'est pourtant ce qui se cache encore dans ce projet de l'UMP.

Bienvenue dans la France d'après !

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1 Commentaire(s) :

Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour

j'ai vu cette analyses sur les sondages du travail le dimanche. Je trouve le point de vu intéresssant, n'est-ce pas ?
http://www.delitsdopinion.com/1analyses/travail-le-dimanche-une-necessaire-mise-au-point/

6:26 PM  

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