23.6.09

Obsession sécuritaire en France d'après

La préoccupation majeure de l'exécutif à cet instant du scénario politique est le retour du tour de vis sécuritaire.
Brandi comme un outil aspirateur de voix avant chaque élection par l'UMP - et ce de façon régulièrement efficace, malgré la prédisposition génétique à l'obésité de cette ficelle - la "sécurité des français" est de nouveau à l'honneur.
Tenant la corde dans le virage que s'apprête à effectuer le gouvernement, le député Estrosi aligne les tours de vis pour espérer un podium gouvernemental, lui qui assure quand il s'agit de faire l'intérieur.
Une proposition de bon sens, comme on s'en doute, qui caresse l'électeur UMP-extrémiste dans le sens du poil (dur).
Que contient cette superbe proposition ?
Comme l'indique l'exposé des motifs, la principale préoccupation du législateur indépendant est un souci de prévention :

L’article 1er instaure une nouvelle incrimination réprimant de façon spécifique la participation à une bande ayant l’intention de commettre des violences ou des atteintes aux biens concertées, dont la définition est directement inspirée de celle de l’association de malfaiteurs. [...] cet article répond pleinement à un objectif de prévention. Il permettra de sanctionner les membres qui, en connaissance de cause, appartiennent à un groupement ayant des visées violentes, avant même que cette bande ne commette un délit

On le voit, le caractère préventif est ici en pole position, puisque fondé sur le principe du rapport minoritaire, sanctionner avant même le passage à l'acte. Plus besoin de commettre un délit, il suffit dans la France d'après d'être supposé avoir des visées violentes pour être arrêté et mis en prison.
Plus loin, dans le juste souci de mettre fin à la présence d'armes dans les attroupements, trop souvent constatée récemment, il est prévu un alinéa prévoyant que ces dispositions seront également applicables à la personne qui, sans être elle-même porteuse d’une arme, participe volontairement à un attroupement dont une ou plusieurs personnes portent des armes de manière apparente.
Plus besoin de porter une arme pour être condamnée comme si on en portait une. Il suffira de se participer à un attroupement dans lequel quelqu'un porte une arme apparente. Là encore, prévention et pédagogie : si vous ne voulez pas d'embrouilles, n'allez pas dans un attroupement ! On ne sait jamais, si un policier s'y trouvait, arme apparente au côté ?
Enfin, prenant la mesure de l'inqualifiable danger que représente le port d'un masque, le champion passé crée une circonstance aggravante nouvelle lorsque certaines violences sont commises par des personnes dissimulant volontairement leur visage, par exemple à l’aide de cagoules, afin d’éviter d’être identifiées.
Il devient donc aggravant de lancer un pavé le visage masqué, le pavé faisant plus de dégâts quand il est lancé masqué, on le sait. C'est ainsi que les motards porteront des casque transparents lors des prochains grands-prix, la violence d'une course de motos n'étant plus à démontrer, ni son caractère d'attroupement.
Enfin, il sera maintenant possible aux forces de l'ordre de filmer les opérations de maintien de l'ordre. Cela pour corriger une erreur : les vidéastes amateurs étant interdits de filmer les scènes de violence, il faut bien que quelqu'un se charge de les immortaliser.
Enfin, un volet prévoit d'aggraver les peines pour les indélicats qui entreraient dans un établissement d'enseignement sans y avoir été autorisés, avec une gradation allant jusqu'à l'interdiction du territoire français, la peine maximale prévue par le code pénal de la République pour les sauvageons basanés (personne n'a soufflé dans le casque du vrombissant député que la plupart des sauvageons basanés envahisseurs de collèges possèdent une carte d'identité française du fait de leur nationalité ?)
Bref, un tour de vis attendu dans les chaumières post-françaises, qu'il est bon qu'un député ait eu le courage d'entreprendre, le gouvernement ayant visiblement cassé son moteur pour cause de surrégime sécuritaire.
M. Estrosi, la France d'après vous dit merci !

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