29.10.07

Réforme des institutions : le fond de la pensée du Comité

M. le professeur Chagnollaud, membre du Comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions de la Ve République, était l'invité ce matin lundi 29 octobre de la rédaction de France Inter.

A la fin des questions des auditeurs, vers 9h00, M. Chagnollaud s'est laissé aller à avouer à Pierre Weil le fond de sa pensée, qu'il faudra bien prendre pour le fond de la pensée du Comité :
"Le fond de ce projet, c'est de sortir de l'hypocrisie."
Cette phrase marquait la fin de l'émission, et il est bien dommage que Pierre Weil n'ait pas eu le temps d'approfondir cette sentence.

Car "sortir de l'hypocrisie", cela sonne comme un aveu. L'aveu qu'actuellement la Constitution est quotidiennement bafouée, et qu'il est donc temps de remettre le texte en phase avec les pratiques.

Cette volonté a été clairement affichée ce matin par M. Chagnollaud quand il a affirmé, en réponse à l'un des auditeurs, qu'il n'était plus pensable, depuis l'élection du président Sarkozy, de tendre vers un régime parlementaire.

Là encore, cette affirmation aurait mérité quelques questions : en quoi diable l'arrivée de M. Sarkozy au pouvoir devrait-elle empêcher une réflexion en faveur de plus de parlementarisme ? La question est évacuée.

Il est clair que les 77 propositions du Comité méritent qu'on s'y attarde et qu'on les commente. Je le ferai probablement sur ce blog bientôt.

Mais il est préoccupant que ce Comité avoue, de la bouche d'un de ses membres, que son travail consiste à "mettre fin à l'hypocrisie"...

L'hypocrisie est effectivement de laisser croire aux gens que le président actuel serait encore garant d'une Constitution qu'il a déjà violé plusieurs fois, sans qu'aucun contre-pouvoir ne se mette en branle.

Et aujourd'hui, il faudrait donc prendre acte de ces violations et mettre la Constitution en accord avec la pratique et donner la définition de la politique de la nation au Président ? Et en faire la première proposition du Comité ?
Article 5
Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat.
Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités.
Il définit la politique de la nation.
J'ai du mal à croire que ce Comité a vraiment débattu en totale indépendance, pour sortir en première proposition que le Président doit être celui qui tient les rênes, en parfaite contradiction avec le texte actuel, mais en parfait accord avec la pratique actuelle...

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