12.11.07

La loi Pécresse, vraiment ?

Depuis plusieurs jours, les journaux relatent les mouvements de mécontentement dans les universités qui conduisent à des actions de blocage des locaux et parfois des trains.

Tous les journaux nous parlent de "la grogne" contre la loi LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités), que tous nous disent être la "loi Pécresse".

La loi Pécresse, vraiment ?

Effectivement, le projet de loi initial a été présenté par la ministre de l'enseignement et de la recherche :

PROJET DE LOI
relatif aux libertés des universités,

PRÉSENTÉ
au nom de M. FRANÇOIS FILLON,
Premier ministre,

par MME VALÉRIE PÉCRESSE,
ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche


Mais il est assez surprenant de constater que cette loi qui fait tant parler d'elle en ce moment voie sa paternité accordée à la ministre.

Car dans le cadre de l'élection présidentielle, c'est le candidat UMP qui déclarait, à l'Université d'été des jeunes populaires, le 03 septembre 2006 :
Je propose que l'Université reçoive davantage de moyens mais qu'elle soit plus autonome, plus proche du monde de l'entreprise, plus impliquée dans la recherche, qu'elle puisse réguler l'accès à certaines filières dont les débouchés sont faibles, pour qu'enfin tant d'étudiants ne se retrouvent plus engagés dans des voies sans issues.
C'est Nicolas Sarkozy, lors de la Convention de l'UMP sur la Recherche et l'Enseignement supérieur, le 4 octobre 2006, qui dissertait ainsi :
Une première urgence est de rénover la gouvernance des universités. Le conseil d'administration des universités doit être plus resserré, il doit élire son président, et le mandat de celui-ci doit pouvoir être renouvelable afin d'inscrire son action dans la durée et bénéficier d'une certaine autorité. Les présidents d'université doivent être mieux aidés dans leurs tâches de gestion.

Il faut ensuite permettre à nos universités de se battre à armes égales avec les grandes écoles et dans la compétition internationale, en donnant à celles qui le souhaitent la possibilité de se doter d'une stratégie d'établissement. C'est une mesure juste pour les universités, qui méritent d'être aidées et encouragées à produire le meilleur. C'est une mesure juste pour nos étudiants, qui ont le droit de bénéficier des meilleures formations. C'est nécessaire pour rapprocher le niveau global de nos universités des standards internationaux.

La loi devra donc créer un statut d'autonomie réelle pour les universités volontaires. C'est d'ailleurs la tradition même des milieux universitaires. Celles-ci seront alors libres de créer ou de supprimer des postes ; elles pourront choisir leurs enseignants et leurs chercheurs permanents, parmi des candidats qualifiés à l'échelon national ; elles pourront les rémunérer comme elles le souhaitent et répartir plus souplement la charge d'enseignement entre les enseignants-chercheurs ; elles pourront gérer leur patrimoine immobilier pour augmenter leurs recettes ; elles pourront faire des choix pédagogiques, en lien avec leur environnement économique ; elles pourront se doter d'une politique de recherche en gérant seules les unités de recherche actuellement partagées avec le CNRS ou les autres organismes nationaux ; elles pourront fusionner avec d'autres universités ou organismes d'enseignement supérieur ; elles pourront investir dans la formation continue ; elles pourront se rapprocher de leurs homologues européennes et envisager des projets communs.
Et qui concluait :

Notre ambition est forte. Je veux la résumer en quatre points :

- donner à chaque jeune une formation supérieure conduisant à un emploi :

- augmenter le niveau général de qualification de la population parce que c'est la chance de nos enfants et la clé de notre croissance future ;

- donner de l'autonomie à nos universités pour permettre à celles qui le veulent de faire valoir leurs talents dans la compétition mondiale des systèmes d'enseignement et de recherche ;

- mettre notre système de recherche au plus haut niveau international.
Alors, la "loi Pécresse", vraiment ?

Ne faut-il pas voir là l'indice que quand les lois sont impopulaires, ce sont les ministres qui sont mis en première ligne, quand bien même c'est le Président qui a tenu le crayon ?

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