27.5.08

Rétrolien : Définition d'un libéralisme de gauche

C'est chez Econoclaste :

S'il fallait définir un libéralisme "de gauche", posant comme principe fondateur l'autonomie de l'individu, voici ce qu'il pourrait contenir :
- l'identification des caractéristiques de l'homme politique conservateur, et la décision d'en être l'exact inverse;
- L'adoption d'un revenu minimal inconditionnel, versé à tous les français, sans distinctions. Plutôt que de subordonner l'individu à des obligations de travail, faire en sorte que chacun puisse vivre de façon décente; faire ainsi en sorte que le travail devienne un choix (pour éventuellement accroître ses revenus) et non une obligation vitale. Devoir travailler pour vivre est la première source d'aliénation individuelle de nos sociétés, poussant des gens à faire des travaux ingrats et mal payés. Lorsque le travail sera devenu un choix volontaire, peut-être que les entreprises seront obligées de proposer des activités authentiquement enrichissantes à leurs employés potentiels. Ce qui implique un refus de la logique du RSA, et de l'obligation "d'insertion" que contient le RMI.
- Comment payer? En commençant par mettre fin à toutes les formes de subventions et de "corporate welfare", tous ces mécanismes par lesquels l'Etat cherche à orienter l'activité économique au gré de ses fantaisies, pour favoriser certains secteurs, certains types d'activités et d'emplois. Les allègements de charges sur les bas salaires, les carottes fiscales diverses et variées, n'ont pas lieu d'être dans une société avec revenu garanti.
- Une politique migratoire ouverte, passant par exemple par le remplacement de l'arbitraire administratif de la "carte de séjour" par une taxe annuelle, payée par tout migrant résident dans le pays et permettant de supporter les éventuels coûts que sa présence entraîne. Les pauvres authentiques, ceux qui sont vraiment privés de libertés et d'autonomie, ne sont pas dans notre pays mais à l'étranger. Une telle politique est le meilleur mécanisme de lutte contre la pauvreté et d'émancipation individuelle qu'il soit possible d'envisager.
- protéger les individus contre les risques de l'existence en permettant l'apparition de mécanismes d'assurances et de marchés, par exemple des options déterminées par la conjoncture. L'essentiel des risques importants subis par les individus (macroéconomiques notamment) ne sont couverts par aucun mécanisme, alors même qu'il est possible de s'assurer contre des risques dérisoires, comme les bris de vitre des PDAs. L'innovation financière devrait pouvoir préserver les individus plus qu'elle ne le fait aujourd'hui - et c'est une réconciliation de la population avec la finance bien plus utile que de développer "l'intéressement", cette vieillerie marxisante qui soumet encore plus le revenu des salariés à la conjoncture économique.
- la promotion de l'éducation, le bien de consommation majeur du 21ème siècle. La démocratisation scolaire doit se poursuivre, mais pas dans le sens de la fourniture à l'appareil productif de gens disposant de "compétences" vendables; l'éducation et la connaissance doivent être perçues comme des biens consommés pour elles-mêmes, des fins plutôt que des moyens, et généralisées plus qu'aujourd'hui.
Enfin bref, quelques idées comme cela. Je crois bien qu'on en est très, très loin.