8.12.06

Marre d'entendre : "Travailler plus pour gagner plus" !

L'UMP, dans son projet, ainsi que le candidat UMP autoproclamé et ses sbires, répètent tel un mantra qu'il faudrait permettre aux français de "travailler plus pour gagner plus".

Le slogan est prometteur, car il laisse entrevoir aux salariés un meilleur salaire et donc un meilleur pouvoir d'achats.

Mais comme tout slogan, il est simpliste. Et pour tout dire, il est même trompeur.

Ce que vise ce slogan, c'est à remettre en cause les 35 heures, plaie béante dans l'économie nationale selon l'UMP. Mesure coûteuse, inutile, n'ayant pas créé d'emplois, ayant détruit les perspectives de croissance, etc. Les 35 heures ont le dos large.

Face à l'apocalypse promise si les 35 heures sont maintenues, le slogan invite à travailler plus.

Fort bien. Mais comment ?

Qui à l'UMP s'arrêtera cinq minutes d'annôner son mantra pour expliquer comment en pratique fera le salarié qui le souhaitera, puisque c'est ainsi que la chose est présentée, pour travailler plus ?

Il se lèvera le matin et ira voir son employeur, son hiérarchique, son DRH, ou tout autre personne responsable de son emploi du temps et lui demandera d'un ton badin :
"Tiens, aujourd'hui, y'a rien à la télé et mes gosses sont chez leur mère, je bosserais bien jusqu'à 20 heures, comme çà je pourrais, je sais pas, je pourrais me payer un ticket de loto de plus, comme çà, tiens."

Que pourra donc répondre l'employeur face à tant de bonne volonté ?

"Mais bien sûr, mon brave, tenez, il y a là quelques pièces métalliques qui attendent d'être meulées et fraisées, faites donc, usinez autant que vous le souhaitez, vous serez bien rétribué pour cette tâche."

Et à cet instant là, heureux, le salarié saura que son employeur ne lui veut que du bien et rémunèrera son travail supplémentaire par un salaire plus important.

Je ne voudrais pas faire mon Mélenchon, mais tout de même, est-ce que quelqu'un à l'UMP sait comment fonctionne une entreprise ?

Le principe, vous allez le voir, est extrêmement simple. L'entreprise a des commandes, elle a de la charge, les employés travaillent à hauteur de la durée légale. Si le nombre d'hommes.heures est insuffisant, des heures supplémentaires sont nécessaires. Elles sont soient demandées aux salariés habituels, soit demandées à des salariés supplémentaires, en intérim si la surcharge est temporaire, ou embauchés plus durablement si l'activité est pérenne.

Quand la charge diminue, les intérimaires disparaissent, les heures sups dispairaissent. Si la charge diminue encore des emplois plus stables disparaissent.

A aucun moment, le salarié n'est en position de choisir quoi que ce soit. Il dépend d'une part de la charge effective de travail dont l'entreprise a besoin, et d'autre part de la quantité de travail que le gestionnaire souhaite lui confier.

Mais à aucun moment, je le répète, le salarié n'est en position de demander quoi que ce soit. S'il souhaite faire des heures sups, il peut toujours les demander, mais il faut 1) qu'il y ait de la charge, 2) que ce soit lui qui soit chargé de réaliser la charge supplémentaire.

Le salarié est en position de subordination. Il ne choisit pas son temps de travail, il ne choisit pas ses horaires, il ne choisit pas son poste de travail, il subit.

L'instauration du CNE et l'idée d'un CDI unique proposée par l'UMP vont d'ailleurs dans le sens d'une flexibilité accrue du travail, dans lequel le salarié sera encore moins en position de demander quoi que ce soit.

Travailler plus, pourquoi pas ?

Pour cela, il faut des commandes supplémentaires, et limiter les gains de productivité. Car le souci est aussi que les 35 heures ont permis des gains de productivité très importants. On peut donc penser que face à une surcharge de travail, des gains de productivité supplémentaires pourraient permettre d'absorber la charge, sans qu'il soit nécessaire de travailler plus longtemps. Sauf à penser que travailler plus signifie également travailler plus vite ?

N'étant pas économiste, je me garderais bien d'analyser finement les moyens disponibles pour créer plus de besoin de travailleurs en France. La plupart des commentateurs et des politiques semblent d'accord sur le fait qu'il faut créer de la croissance pour tirer l'économie. Est-ce une absurdité ? Où est la poule, où est l'oeuf ?

Un principe pourtant, pourrait être de stimuler la demande par des grands travaux, au niveau national ou européen. Ces grands travaux pourraient concerner l'environnement : creusement de canaux pour développer le transport fluvial, soutien aux énergies renouvellables (solaire, thermique, éolien, construction...). Ils pourraient aussi concerner l'espace : la mise en route d'un programme spatial de grande ampleur visant à coloniser la Lune peut paraître délirante, mais elle est très certainement génératrice d'activités à haute valeur ajoutée et d'emplois.

Gagner plus, pourquoi pas ?

Le plus simple est alors sans doute d'augmenter les salaires, ce que peut faire l'Etat puisqu'il est employeur de millions de fonctionnaires et que d'autre part il est maître du montant du salaire minimum. Voilà deux façons simples d'augmenter les salaires.

Oui, mais ce ne serait pas pour travailler plus, me direz-vous. Certes, mais dans le cas des fonctionnaires, cette mesure est prévue par l'UMP, qui souhaite mieux rémunérer moins de fonctionnaires. A périmètre constant, il faudra bien qu'ils travaillent plus.

Pour les salariés du privé, seule la négociation de branche peut permettre de relever les salaires. Le niveau du dialogue social en France laisse penser que ce n'est pas une voie prometteuse.


En conclusion, le slogan "travailler plus pour gagner plus" ne peut être présenté comme une mesure visant à rendre les salariés maîtres individuellement de leur niveau de salaire. C'est mensonger.

2 Commentaire(s) :

Anonymous Anonyme a écrit...

Renseignes-toi avant de publier des anneries pareilles, tu fais honte à ton pays mon brave.
Si tu travail pas plus comment souhaites-tu gagner plus, par la fainéantise ?

Le but de gagner plus est d'avoir un meilleur train de vie, un pouvoir d'achat décuplé car je te le rappel, nous vivons de plus en plus longtemps et donc nous devrons dans la futur travailler de plus en plus longtemps.

Donc travailler plus plus, oui mais pour gagner plus, pour un pouvoir d'achat décuplé, une qualité de vie décuplé, une valeur ajouté des entreprises en hausse ainsi un Produit intérieur brut en hausse et un pays qui se portera mieux.

Sur ce, à bon entendeur.
Bonne journée travailleur en carton.

6:44 PM  
Blogger yrduab a écrit...

Bonjour, courageux anonyme !

J'ignorais être lu par d'aussi fins analystes...

"Si tu travail pas plus comment souhaites-tu gagner plus"

Comme écrit dans mon billet : en rémunérant les gains de productivité. Si à temps de travail égal, je produis plus, je peux légitimement demander à gagner plus.

Sinon, à quoi bon produire plus ?

Enfin, en ces jours de crise qui s'annoncent, il sera amusant d'observer comment les salariés vont pouvoir travailler plus ? Mais là, je suis un peu méchant : j'appuie là où çà fait mal. La politique de l'offre, çà ne marche pas en temps de crise !

Au plaisir de vous lire.

11:20 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Accueil