12.2.07

Commentaires des propositions de Royal (1) : la confiance retrouvée

Allez, c'est parti ! Depuis le temps qu'on attendait le programme officiel de la candidate PS, voilà beaucoup de grain à moudre. Je le fais, proposition par proposition, thème après thème.

Dans ce premier billet, la confiance retrouvée.

La "remontée des débats" permet de présenter les principaux thèmes abordés lors des débats citoyens :

Pour relancer la croissance, les participants aux débats se sont prononcés davantage pour des réformes structurelles que pour des politiques macroéconomiques nécessairement limitées par l’ampleur de la dette publique.

Il faut stimuler la création d’entreprises, renforcer l’investissement et la recherche, remédier à la sous-qualification, développer la formation professionnelle, soutenir les PME et renforcer l’efficacité de la dépense publique.

Les enjeux mis en avant sont les suivants :

Un développement durable, une croissance forte, une dette publique maîtrisée, la réconciliation des Français avec les entreprises sont les préalables nécessaires à un retour de la confiance, à l’esprit d’initiative, à un partage effectif des richesses et à une maîtrise de la mondialisation

Propositions qui en découlent et commentaires :

1- Investir massivement dans l’innovation et la recherche : augmentation pendant le quinquennat du budget de la recherche et des crédits publics pour l’innovation de 10 % par an (le budget public de recherche-développement a diminué de 1 à 0,8% du PIB entre 2002 et 2005). Sur les 65 milliards d’aide aux entreprises, seuls 5 % sont orientés vers la recherche-développement : je propose de porter cette part à 15%.

Je ne suis pas certain de saisir l'aspect arithmétique de cette proposition. Une augmentation de 10% par an pendant 5 ans fait une aumentation totale de 1,1 à la puissance 5, ce qui fait 61% en 5 ans.

Si on part de 0,8% du PIB, au bout de 5 ans, on parvient à 1,3% du PIB, soit 0,3 "point" de plus qu'en 2002.

Est-ce bien ce que l'on peut appeler un investissement massif ?

Bien sûr le PIB augmentant chaque année (croissance, croissance !), le volume global augmente sensiblement, mais est-ce pour autant massif ?

Pour les aides au PME, 15% de 65 milliards font 9,75 millards, à se répartir entre des millions d'entreprises, çà ne fait pas lourd au final par entreprise...

Conclusion : un bon coup de pouce, mais rien de révolutionnaire.

2- Mettre en place une politique industrielle capable de préparer l’avenir et de réduire les risques de délocalisations avec la création d’une Agence nationale de réindustrialisation.

Création d'un machin de plus pour réduire les risques de délocalisations, dont les effets sont quoi qu'on en dise, plutôt faibles sur l'économie française, c'est plutôt démago. Car rien ne nous dit de quoi sera faite cette politique industrielle capable de préparer l'avenir.

Conclusion : du vent.

3- Soutenir les PME avec la création de fonds publics régionaux de participation et en leur réservant une part dans les marchés publics.

Pourquoi pas ? Même si cette proposition fait aussi partie du programme du candidat UMP, ne boudons pas cette forme d'aide aux PME.

Mais comme j'aime voir le mal partout, j'imagine déjà les grosse boîtes créer des filiales de taille PME pour aller sur ces marchés "réservés". Cynique ?

D'un point de vue économique, cela va aussi à l'encontre de l'efficacité, puisque les PME ne peuvent proposer les mêmes services que les grosses boîtes : superficie financière plus faible, visibilité moindre, risque de faillites, etc.

Quels types de marché réserve t'on aux PME ? Les marchés à enveloppe limitée ? A délai de réalisation limité ? Ouvre t'on ces marchés aux filiales officielles de grands groupes ?

Conclusion : fausse bonne idée car difficile à mettre en place. Fleure le clientélisme en direction des patrons de PME.

4- Donner la priorité à l’investissement des entreprises avec un taux d’impôt sur les sociétés plus bas si le bénéfice est réinvesti et plus haut s’il est distribué aux actionnaires.

Méchant actionnaire bouffeur de bénéfice ! Sauf que ce qui est redistribué n'est-il pas ce qui reste après réinvestissement ?

Et comment financer de futurs investissements sur fonds externes (et non sur fonds propres issus de bénéfices) si les actionnaires se voient privés de dividendes ? Cela ressemble à une mauvaise idée, fondée sur une vision étroite de l'actionnariat...

Conclusion : obliger à investir plutôt que redistribuer ? Encore faut-il qu'il y ait des besoins en investissement, et que les entreprises côtées restent attractives pour pouvoir se financer sur le marché boursier au besoin...

5- Sécuriser le parcours des jeunes créateurs en soutenant la création d’entreprises (simplifications), en généralisant les ateliers de la création dans toutes les régions, en améliorant la protection sociale des entrepreneurs, et en mettant en place un mécanisme de cautionnement mutuel pour ceux qui garantissent les emprunts de leur entreprise sur leur patrimoine privé.

Pas d'avis.

6- Réformer l’Etat : un euro dépensé doit être un euro utile. Une décentralisation aboutie. Des services publics de qualité présents sur tout le territoire et accessibles par Internet. La généralisation des logiciels libres dans l’administration.

Voilà un slogan : un euro dépensé doit être un euro utile. Au delà, celà signifie quoi ? Des objectifs de dépenses, des cost-killers, des contrôleurs de gestion, des économies d'échelle ? A croire que les administrations et collectivités dépenseraient inutilement et dilapideraient les impôts...

Des services publics consultables par internet ? Le mouvement est lancé depuis quelques années déjà. Le souci est alors l'accès à Internet du public. Cette proposition ne peut donc aller que de pair avec une aide à l'accès à Internet pour tous.

Les logiciels libres dans l'administration ? Pourquoi pas, puisqu'il s'agit de faire des économies. Prévoir cependant un coût de formation important pour que les agents apprennent à se servir de ces nouveaux outils, ainsi que des éventuels soucis de compatibilité avec les logiciels propriétaires utilisés par les usagers. Ne serait-ce que pour le bon usage des sites internet des administrations, que les formulaires fonctionnent sur tous les types de navigateurs par exemple.