9.3.10

Retour de la marocaine explusée : un nouveau fait du prince aux deux visages

Le 8 mars, à l'occasion de la journée de la femme, le président Sarkozy a déclaré que la lycéenne marocaine expulsée pourrait revenir en France si elle le souhaite.

Comment réagir à une telle annonce sans être immédiatement taxé d'antisarkozyste, ce qui permettra aux contradicteurs de ne pas mettre en avant d'autre argument ?

Essayons d'en rester aux faits :
1) une jeune femme vient porter plainte dans un commissariat,
2) elle est de nationalité marocaine, sans titre de séjour valable et sous le coup d'un arrêt de reconduite à la frontière,
3) les policiers l'arrêtent et le retour au Maroc est effectué.
Dans les faits, donc, à part l'inquiétante voire intolérable arrestation d'une personne entrant dans un commissariat dans l'espoir d'y trouver de l'aide, qu'y a t'il à redire ? La loi a été appliquée. La Loi, celle votée au nom du peuple français, a été appliquée. Si on est légaliste, on ne peut que s'incliner. Avec cette réserve, déjà citée, sur l'opportunité à arrêter un personne venue porter plainte. Passons...
Dans les faits, toujours, qui ou quoi empêcherait cette marocaine de demander de nouveau un visa et de l'obtenir, pour revenir étudier en France (elle était en CAP, nous apprend-t'on) ? La Loi, encore elle, n'onterdit pas encore aux reconduits de revenir. Bientôt, peut-être, si le délire législatif anti-immigrés continue, un délai pourra être opposés aux immigrés reconduits avant d'avoir un jour le droit de revenir légalement. Parions qu'ils reviendront alors encore plus illégalement, mais là encore, passons...

Et dans les faits, nous avons donc un président qui indique qu'il n'est pas contre le retour de cette jeune femme "si elle le souhaite", bien sûr.

Ah, ce "si elle le souhaite" ! Cela rappelle de bons souvenirs à ceux qui ont encore dans l'oreille le "travailler plus pour gagner plus, POUR CEUX QUI LE SOUHAITENT". Le dernier membre du slogan a depuis longtemps été oublié, lors des débats sur la loi TEPA, il y a si longtemps, mais là encore, passons...

Donc, nous avons un président qui indique qu'une marocaine pourra demander un visa pour revenir en France. Et tous de s'ébaudir qu'une telle évidence soit un petit miracle.
Oui, Najlae peut revenir en France, si elle le souhaite. C'est son droit.
Que veut donc nous dire le président ? Qu'il a le pouvoir discrétionnaire de faire avancer ce dossier particulier, qu'il peut le faire devenir prioritaire, et que si Najlae demande un visa, elle l'aura immédiatement, sans les vérifications et éventuels délais que pourront connaître d'autres marocaines qui feraient la même demande ?
Est-ce bien ce que nous dit le président ?
Et il y a des gens pour applaudir à ce nouveau fait du prince ? Quand c'est ce même prince qui pousse les policiers à arrêter les sans-papiers, les clandestins, en demandant une politique du chiffre, avec objectifs annuels, sans compter ce que cela coûte au budget de la France et en moyens à la justice ?

N'y a t'il pas de limites à l'indécence ?

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