12.2.07

Commentaires des propositions de Royal (3) : le travail pour tous

Les débats ont beaucoup porté sur la précarité du travail. Cette précarité touche même les diplômés, qui enchaînent, faute de trouver un emploi, des stages non rémunérés. L’ascenseur social est bloqué. Seuls les plus favorisés s’en sortent. Les jeunes sont convaincus qu’ils auront une vie moins agréable que leur parent.

La sécurité sociale doit s’inscrire dans une démarche du « donnant-donnant ». Les droits nouveaux doivent être accompagnés de devoirs nouveaux. On passerait d'une logique « passive » dans laquelle on donne une allocation à une logique « active » pour définir un parcours d'évolution vers l'emploi.

Pour lutter plus efficacement contre les délocalisations, plusieurs intervenants suggèrent de favoriser l’actionnariat salarié.

Enjeux

Le chômage ne baisse pas, sauf dans les statistiques officielles, la précarité se répand, le nombre de Rmistes a augmenté de plus de 250 000 depuis 2002. 70 % des embauches se font avec des CDD et de l’intérim. Et comment travailler plus quand tant de jeunes et de moins jeunes voudraient travailler tous ?

Les propositions et mes commentaires :

- Lutter contre la précarité

14- Conditionner les aides publiques aux entreprises à l’engagement de ne pas licencier quand l’entreprise dégage des profits substantiels et obtenir le remboursement en cas de délocalisation.
Une reprise d'une idée de la gauche de la gauche. Mais quelle entreprise licencie quand elle va bien ou délocalise quand elle est à l'aise ?

L'idéologie de gauche se dégage des "profits substanciels" et du remboursement "en cas de délocalisation".

Conclusion : clientélisme à l'extrême gauche.

15- Moduler les aides aux entreprises et les exonérations de cotisations sociales, en fonction de la nature des contrats de travail, et supprimer le CNE pour faire du CDI la règle.
La difficulté principale d'une entreprise, surtout petite, est de pouvoir ajuster son effectif à sa charge de travail. La difficulté de licencier n'est pas un réel obstacle, sauf que la rupture de CDI est difficile à motiver tant que l'entreprise n'est pas dans le rouge.

D'où la multiplication des CDD, de l'intérim et des CNE. Faire du CDI la règle est très bien, si c'est associé à la possibilité de licencier sans trop de difficultés, selon le modèle scandinave.

Car il est impossible pour une entreprise de conserver dans son effectif un salarié qu'elle n'a pas les moyens de rémunérer faute de commandes.

Conclusion : attention à ne pas pénaliser les petites entreprises qui n'ont pas la possibilité de payer longtemps quelqu'un à ne rien faire.
16- Développer la négociation collective à tous les niveaux et sur tous les thèmes, notamment sur les questions d’organisation du travail, de conditions de travail, d’aménagement du temps de travail, de pénibilité, de temps partiel subi. Sur les 35 heures : ouvrir les négociations pour déterminer comment on peut consolider cet acquis et réduire ses effets négatifs pour les ouvriers et les employés.
Le problème de la négociation collective, c'est qu'elle ne concerne que les grandes entreprises. Les autres, trop petites, n'ont pas de syndicat, voire pas de représentant du personnel. Les petites entreprises sont donc tributaires de ce que les "gros" négocient.

Concernant les 35 h, il est normal de chercher à réparer les erreurs. La baisse du temps de travail a été associée à des gains de productivité importants et à des gels de salaire. D'autre part, les employés n'ont pas eu les avantages du forfait jour des cadres, à savoir plus de RTT.

Conclusion : améliorer les 35 heures est une nécessité pour que les déçus s'y retrouvent.

- Sécuriser l’entrée des jeunes dans la vie active

17- Créer le droit au premier emploi des jeunes, pour qu’aucun jeune ne reste au chômage au-delà de six mois sans avoir un accès à une formation, un emploi aidé ou un tutorat rémunérés. Ouvrir 500 000 emplois tremplins aux jeunes, en généralisant la mesure prise par les régions de gauche.
Cela semble signifier qu'au bout de 6 mois de chômage, les jeunes seront embauchés par l'Etat ou les collectivités, mais pour quoi faire ? Les bénéfices seront-ils réels en terme d'insertion durable et de formation ou bien assisteront nous encore à la mise entre parenthèses du monde du travail pour les jeunes comme au temps des emplois-jeunes entre 1997 et 2002 ? Ce qu'il faut, ce sont des vrais emplois, pas des occupations. Et cela passe, pour les emplois aidés, par un véritable projet de relance de l'économie : grands travaux dans des domaines porteurs tels que l'écologie, l'environnement, la lutte contre l'effet de serre, par exemple.
18- Instaurer un plan à taux zéro de 10 000 euros en faveur de chaque jeune pour l’aider à construire un projet.
Un prêt à taux zéro, je suppose. 10000 €, même à taux zéro, et même sur plusieurs années, il faut les rembourser. Donc avoir un projet qui aboutit et qui rapporte. Donc il s'agit de quoi ? De donner 10000 € pour faire ce qu'on veut sans avoir l'intention de rembourser, en comptant sur un retour d'investissement par investissement de cette somme par les jeunes, ou alors il s'agit d'une véritable aide à la création de quelquechose. Pourra t'on mettre cette somme dans ses études ? Dans une association ? Sur un compte-épargne ? Peu de précision sur le sens à donner à "projet".

Conclusion : clientélisme vers les jeunes.

- Favoriser le retour à l’emploi

19- Mettre en place un revenu de solidarité active (RSA) permettant l’amélioration d'un tiers de ses ressources à tout bénéficiaire de minima sociaux reprenant le travail.
Après le RMA, le RSA. Un tiers de ses ressources en plus ? En plus de quoi ? De son salaire ? Pas claire, cette proposition.

On sait quels dégâts peuvent faire les trappes à chômage en n'incitant pas ou peu à reprendre une activité. Il faut donc trouver des moyens de rendre la reprise du travail motivante, au moins financièrement. Mais y a t'il tant de gens qui refusent un travail quand ils n'ont presque rien pour vivre ?
20- Renforcer la qualification et la capacité de revenir à l’emploi des salariés menacés de licenciement : mettre en œuvre systématiquement une démarche de validation des acquis de l’expérience professionnelle et reconnaître à chacun un droit à la formation et à la reconversion inversement proportionnel à la durée des études.
Moins on a été formé initialement, plus on aura le droit à être formé ensuite. Pourquoi pas ? Mais qui paye ? L'employeur ? Il refusera alors d'embaucher ces profils. L'Etat ? Il faut donc encore des revenus supplémentaires pour financer cela.

Sur le fond, valider les acquis à chaque fois qu'il y a licenciement peut être une bonne chose. Mais comment et par qui, et pour faire quoi ?

21- Mettre en place une sécurité sociale professionnelle garantie par l’Etat et permettant à chaque personne privée d’emploi de se voir proposer par les pouvoirs publics un contrat de droits et devoirs comportant :
- une rémunération, pendant un an, égale à 90 % du dernier salaire net perçu ;
- une formation qualifiante ;
- une aide personnalisée à la recherche d’emploi ;

Cette prestation sera assurée par le service public de l’emploi.
On voit les droits, mais où sont les devoirs ? A quelle sauce sera mangé celui qui acceptera ce "contrat" ? S'agit-il d'un PARE nouvelle formule ? Au vu du taux de remplacement annoncé, les devoirs risquent d'être également renforcés. Je ne vois pas des chômeurs accepter de devoir reprendre n'importe quel emploi proposé sous prétexte qu'ils sont bien indemnisés. Attention donc à l'effet d'annonce.