11.7.07

Qu'a promis Nicolas Sarkozy devant l'Eurogroupe ?

Nicolas Sarkozy a pris la parole devant l'EUROGROUPE, réunissant les ministres des finances européens et, entre autres, le président de la BCE. Il a ainsi outrepassé se fonctions pour prendre la place de Christine Lagarde.

En France, dans les journaux, l'intervention de Sarkozy est présentée comme un triomphe. L'Eurogroupe aurait donné sa "bénédiction" à Sarkozy ("Sarkozy obtient la bénédiction de l'Eurogroupe sur les déficits", selon lemonde.fr le 9/7/2007)...

Mais qu'a donc dit Sarkozy ?

Il faut aller sur le site du gouvernement luxembourgeois pour trouver les mots de Juncker, le président de l'Eurogroupe :
"Nous avons retenu l'engagement du Président français et de son gouvernement de tout faire pour arriver à l'objectif de moyen terme en 2010.

[...]

Il y a trois éléments importants:

D'abord, nous disons Oui à ce programme ambitieux de réformes structurelles en France.

Deux: nous tenons beaucoup à ce qu'aucune espèce de contradiction ne soit établie entre la volonté de réformes et la volonté de consolider. Le président nous a dit que le déficit en 2008 serait inférieur au déficit prévisionnel de 2007. Nous avons dit à Berlin, le 20 avril, que de grands efforts devaient être faits pour que tous les pays devraient être à leur objectif à moyen terme en 2010. Le président nous a dit qu'il allait dépenser tous les efforts généralement quelconques pour y être.

Trois: nous voulons penser que le programme de réformes qu'il engagera se traduira par un plus de croissance - si je peux me permettre de citer le Premier ministre français "d'avoir ce point de croissance qui manque à la France" - le Premier ministre qui avait dit à l'Assemblée nationale "qu'au plus tard" en 2012 la France serait au rendez-vous.

Le président nous a beaucoup rassurés sur sa volonté d'y être en 2010. L'important est le soulagement qui est le nôtre de voir la France engagée sur une piste de réformes qui sera au plus grand bénéfice non pas seulement des Françaises et des Français, mais également de l'Europe toute entière.

Donc le message de ce soir est : oui aux réformes, oui à l'intention du président - puisque cela correspond à notre attente - d'être à l'objectif à moyen terme en 2010, ne pas donner le signal que réformes et consolidation seraient des concepts contradictoires, parce que si on donnait cette impression - que le président n'a pas donnée ce soir - il se pourrait très bien que les efforts de consolidation dans d'autres pays seraient ralentis. Le président a explicitement encouragé les autres pays de rester sur la piste qu'ils ont prise et de maintenir leur volonté à laquelle il se sont engagés."

L'Eurogroupe a donc pris note de l'engagement de la France, par la voix de son Président, de satisfaire aux critères de Maastricht en 2012, peut-être en 2010, en espérant que les réformes engagées par le Président français permettront d'atteindre les objectifs qu'il s'est fixé, à savoir obtenir "le point de croissance qui manque".

Suis-je le seul à m'étonner que l'Eurogroupe puisse se satisfaire d'un tel effet d'annonce ?

Suis-je le seul à m'étonner que l'Eurogroupe semble oublier que la France ne respecte plus les critères de Maastricht depuis 2003, avec un dépassement des 60% du PIB par la dette française ?

Suis-je le seul à m'étonner que les promesses faites il y a moins de 6 mois par le gouvernement français, dont Nicolas Sarkozy était le n°2, à savoir retrouver un équilibre budgétaire dès 2010, soient si vite oubliées ?

C'est à croire que la seule chose qui intéresse l'Eurogroupe est que la France revienne dans les clous, même si pour cela elle se dote d'une fiscalité enrichissant encore les plus aisés, même si elle doit vendre quelques bijous de famille (EDF, AREVA...) , même si les fonctionnaires français doivent être moins nombreux...

C'est cela, l'Europe que veut l'Eurogroupe ? Pas étonnant que certains rechignent, en particulier en France, où la purge du docteur Sarkozy risque de rapidement faire des déçus et des aigris.

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