22.11.07

Supprimer la durée légale du travail : sans blague ?

Alors que la casse du code du travail est déjà sur les rails, Laurence Parisot vient répéter le rêve du patronat décomplexé : supprimer la durée légale du travail.

Son raisonnement est relativement tiré par les cheveux : si elle souhaite supprimer la durée l'gale du travail, c'est pour résoudre le problème de la baisse du pouvoir d'achat des salariés !

"C'est vrai qu'il y a un problème de pouvoir d'achat" a déclaré Laurence Parisot lors d'une intervention devant l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef).

"Ce n'est pas simplement de l'ordre du subjectif qui ne reposerait sur rien. C'est plus difficile qu'il y a quelques années pour beaucoup de Français d'avoir accès à un mode de consommation contemporain", a-t-elle dit.

Car on sait depuis l'élection de Sarkozy que si les salariés veulent gagner plus, il leur faut nécessairement travailler plus.

"Malheureusement, le pouvoir d'achat c'est une résultante d'une situation économique. C'est la conséquence positive d'une croissance minimum (...). Si aujourd'hui il n'y a pas de pouvoir d'achat plus conséquent, c'est parce qu'il n'y a pas de croissance", a poursuivi Laurence Parisot.

Car la croissance, on le sait, il faut aller la chercher avec les dents.

"Donc la vraie question, c'est pas comment on contribue à ce qu'il y ait plus de pouvoir d'achat, c'est comment on contribue à ce qu'il y ait plus de croissance", a estimé la présidente du Medef.

"La croissance c'est une certaine quantité de travail, c'est une certaine productivité", a estimé Laurence Parisot précisant que pour augmenter la quantité de travail et la productivité "il faut stimuler la production et favoriser le développement des entreprises".

C'est évident : il faut une politique de l'offre... Il faut stimuler la production pour que les gens achètent plus, d'autant plus qu'ils ont un pouvoir d'achat de plus en plus faible...

Résumons : on fait travailler les gens plus, pour les payer plus, afin qu'ils consomment ce qu'ils ont produit.

Peu importe que la productivité française soit déjà parmi les meilleures au monde. On veut faire travailler les gens plus longtemps, avec la même productivité, voire une productivité meilleure. Mais pourquio faire ? Produire encore plus de biens qu'on est condamné à acheter pour que le système continue de fonctionner, et que les entrpreneurs continuent de gagner leur vie ne entreprenant ?

Pour Laurence Parisot "les deux axes principaux" à travailler" sont de baisser les prélèvements obligatoires sur les entreprises et de remettre sur la table la question de durée légale du travail pour aller vers une durée du travail négociée branche par branche.

Baisser les charges et supprimer la durée légale du travail, qu'on renvoie à la négociation. Le vieux rêve du patronat, l'âge d'or du XIXème siècle, est de retour dans le discours.

Qui peut croire que fixer une durée légale du travail, donc une durée maximale au delà de laquelle on n'est plus obligé de travailler pour son employeur à qui on est lié par contrat est une contrainte insurmontable pour l'employeur ?

Non, le problème, ce sont les heures supplémentaires. C'est vrai qu'au delà de la durée légale, les heures doivent être payées plus cher...

C'est donc fort logiquement que la patronne des patrons renchérit :

"Les heures supplémentaires, le dispositif (d'exonération de charges sociales) mis en place par la loi TEPA va dans le bon sens mais a-t-il assez de force, assez d'intensité pour qu'il y ait des effets significatifs et rapides. Je ne suis pas certaine", a déclaré Laurence Parisot.

Sauf que cela ne va pas assez loin est c'est trop compliqué.

"Si j'additionne les assouplissements antérieurs plus cet assouplissement, on arrive à de tels usines à gaz que c'est rébarbatif", a-t-elle dit.

Alors, prise d'une inspiration subite, notre charmante patronne parvient à une conclusion qu'elle seule trouve évidente :

"C'est là que je me demande s'il ne faut pas accepter de mettre sur la table la question de la suppression de la durée légale du travail".

Et d'expliquer pourquoi :

"Ma préconisation c'est de rendre les choses plus simples et plus lisibles en balayant tous ces mécanismes très complexes et en revenant à quelque chose de beaucoup plus simple qui est la détermination du seuil de déclenchement des heures supplémentaires branche par branche", a dit Laurence Parisot.

Plus simples et plus lisibles ? Bien sûr !

Rien de plus simple que d'avoir une durée de travail par branche, c'est évident.

Résumons donc la pensée patronale :

Pour gagner plus d'argent, les salariés doivent travailler plus longtemps, cette durée étant fixée au cas par cas.

C'est sûr que c'est plus simple que d'augmenter les salaires ou de récompenser les efforts réalisés pour obtenir encore et toujours des gains de productivité.







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