1.7.06

Les français sont des veaux

Alors que les klaxons retentissent dans la France entière suite à la victoire d'une équipe de foot sur une autre (deux équipes composées de millionaires jouant d'ailleurs pour les mêmes clubs...), le jugement attribué à De Gaulle me revient en mémoire : les français sont des veaux.

Qu'on puisse s'identifier à des joueurs de foot me dépasse, mais qu'en plus on vienne fêter une victoire à grands renforts de klaxon, en rejouant la liesse de la libération de Paris, me laisse pantois. De quoi alimenter encore longtemps mes interrogations sur la santé mentale de mes congénères...

En attendant, pendant que les veaux beuglent parce que des types aussi intelligents que leurs crampons viennent de remporter une rencontre sportive entre deux nations, vague succédané de guerre interprété par des acteurs qui en 90 minutes viennent de mettre dans un coffre suisse de quoi nourrir la population entière des klaxonneurs qui peuplent ma fière cité pendant des mois entiers, pendant ce temps, donc, les représentants du peuple, élus par les mêmes veaux (les veaux votent-ils ?) peuvent à loisir voter des lois que personne ne prendra le temps de commenter, football oblige...

Ainsi, la loi DADVSI (Droit d'auteur et droits voisins dans la société de l'information), à la gestation douloureuse, peut ainsi passer comme un lettre à la poste à l'Assemblée, sans que personne dans les médias influents ne prenne le temps de commenter cet évènement. Mais c'est normal, les veaux s'en moquent ! Ils rêvent tous de voir et revoir les buts de leur équipe favorite sur leur baladeur numérique DRMisé, pourvu que ce soit un attaquant vêtu d'un maillot bleu frappé d'un coq qui marque !

A quoi cela sert-il que Mme Billard prenne le temps de rappeler dans l'hémicycle les enjeux de cette loi ?

Mme Martine Billard - Votre objectif principal n’est pas de défendre les auteurs, mais de légaliser les « DRM » que vous appelez « mesures techniques de protection » et qui sont en fait des dispositifs de contrôle des usages. C’est bien en cela que s’opposent deux conceptions différentes de la culture numérique. Sont en jeu tous les supports du multimédia, car les DRM ne visent pas seulement à empêcher une reproduction illimitée des œuvres, mais à limiter le nombre de lectures en instituant des péages permanents. Ils limitent aussi l’accès aux oeuvres tombées dans le domaine public. La culture numérique se réduirait-elle à des consommations individuelles de biens marchands fournis par les majors plutôt qu’à des pratiques partagées ?

[...] Sur l’interopérabilité entre les systèmes, quelle régression ! En première lecture, l’Assemblée avait introduit des garde-fous, le Sénat les a balayés, et le texte de la CMP n’a rien d’équilibré, il est même en retrait par rapport à celui du Sénat ! En effet, elle a bien repris quelques phrases que nous avions introduites pour éviter que les fournisseurs de mesures techniques empêchent l’interopérabilité, mais elle a supprimé tout ce qui pouvait en garantir le respect : ainsi il ne sera plus possible de saisir le tribunal de grande instance en référé, et plus possible pour un consommateur d’exécuter des copies privées sur tout type de matériel lui appartenant. [...] La CMP vient même de légaliser les formats incompatibles, au rebours de toute l’évolution technologique. Après les abus des fournisseurs d’accès informatique et de téléphonie mobile, nous aurons ceux du téléchargement. Celui qui lira sur les matériels qu’il possède un morceau de musique qu’il a téléchargé encourra 3 750 euros d’amende pour contournement des DRM.

[...] La CMP confirme la possibilité d’interdire la publication du code source et de la documentation technique d’un logiciel indépendant interopérant pour des usages licites, avec garantie de protection d’une œuvre ! Elle a remis les modalités pratiques d’application de cette garantie à l’autorité de régulation des mesures techniques, introduite par le Sénat. C’est remettre en cause l’existence du logiciel libre, et finalement la liberté de création dans le domaine informatique.

Quant aux sanctions, vous avez la main lourde. Quel chef d’entreprise prendra le risque de développer un logiciel si le fait de contourner un DRM l’expose à 3 750 euros d’amende, le fait de proposer à autrui un tel outil à 6 mois d’emprisonnement et 30 00 euros d’amende ?

[...] De ce fait, le texte constitue une menace pour l’économie de notre pays, en particulier des PME. Quant aux auteurs de logiciels libres, ils seront écartés des secteurs du marché les plus porteurs. Tous les petits éditeurs seront soumis à la bonne ou mauvaise volonté des grandes firmes. Vous bridez la liberté d’innovation des ingénieurs et des chercheurs. Pourtant notre pays aurait besoin qu’on encourage la recherche-développement. Vous lui fermez la porte. Ne venez pas ensuite parler de patriotisme économique.

A rien...

Du pain et des jeux !