1.3.07

Rétrolien : immigration subie, xénophobie choisie

Entretien très intéressant sur Ecorev.
En affirmant l’existence d’une "immigration subie", le gouvernement institue une catégorie d’êtres humains a priori nuisibles. Quand, par un souci factice de symétrie destiné à se donner l’apparence d’une position équilibrée, il tente de contrebalancer ce jugement xénophobe par l’invention de la notion d’"immigration choisie", il s’engage plus avant encore dans la discrimination. Car il s’agit, en réalité, d’une immigration "élue" par l’Etat français en raison de son utilité pour lui. Dans l’un et l’autre cas, les migrants ne bénéficient d’aucun droit inhérent à leur appartenance à l’espèce humaine.
Plus loin :
Vous me demandez si les Français sont "résistants" ? Je les crois globalement passifs parce que manipulés. D’un côté, on leur fait avaler le besoin migratoire, par exemple pour assurer dans l’avenir le financement de leurs retraites ou pour asseoir la compétitivité de secteurs économiques faibles, ou encore pour compenser le déficit de "cerveaux" dans un certain nombre d’activités de pointe. [...] D’un autre côté, on leur présente le monde comme dangereux en raison de la quantité d’êtres humains défavorisés qui voudraient accéder à leur part du "gâteau" en migrants sous des cieux moins pénalisants que les leurs.
Un rappel important :
La Déclaration universelle des droits de l’homme prévoit, dans son article 13, que toute personne a le droit de quitter son pays et de voyager. Ça ne donne absolument pas le droit de s’installer n’importe où. C’est donc un droit assez théorique sur le plan opérationnel. Mais il garantit en tous cas le droit de migrer. Tant que le migrant est en chemin, il n’est pas en situation irrégulière. En banalisant l’expression "migration illégale", les ministres de l’Intérieur minent ce droit et accréditent l’idée qu’un migrant est, par définition, dans l’illégalité.