La baisse de la TVA dans la restauration : une fausse bonne idée
Selon l’AFP, Nicolas Sarkozy a indiqué ce lundi à l’Union professionnelle artisanale que le taux de la TVA dans la restauration allait être abaissé à 5,5%.
Henri Guaino, conseiller spécial du président, avait indiqué, dans un entretien aux Echos ce lundi, que le taux de la TVA sur la restauration serait bien abaissé à 5,5%, à condition toutefois que la profession s’engage à faire des efforts sur les prix et l’emploi.
Etrange annonce, qui vient encore une fois d’en haut.
Sur le site du ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, rien.
Sur le portail du ministère du Budget, des comptes publics et de la fonction publique, rien.
Encore une fois, le sentiment qu’une décision qui relève du gouvernement est prise par le président sans aucun avis ni concertation. Passons.
D’où vient cette annonce ?
De loin en arrière. Promise en 1996 par le président Chirac, la baisse de la TVA dans la restauration se heurtait à l’Europe et en particulier aux allemands. La promesse de la baisse a été reprise par Sarkozy, qui là encore ne fait pas preuve de « rupture »…
On risque donc d’entendre dans les prochaines semaines la droite entonner le refrain de « la tenue des promesses des autres » ou du « coup de pouce aux restaurateurs ». La presse économique parle d’ailleurs déjà de « ballon d’oxygène » en temps de crise.
Cette vision du ballon d’oxygène est pourtant une énorme erreur économique, que font d’ailleurs la plupart des restaurateurs, comme on peut le lire :
Henri Guaino, conseiller spécial du président, avait indiqué, dans un entretien aux Echos ce lundi, que le taux de la TVA sur la restauration serait bien abaissé à 5,5%, à condition toutefois que la profession s’engage à faire des efforts sur les prix et l’emploi.
Etrange annonce, qui vient encore une fois d’en haut.
Sur le site du ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, rien.
Sur le portail du ministère du Budget, des comptes publics et de la fonction publique, rien.
Encore une fois, le sentiment qu’une décision qui relève du gouvernement est prise par le président sans aucun avis ni concertation. Passons.
D’où vient cette annonce ?
De loin en arrière. Promise en 1996 par le président Chirac, la baisse de la TVA dans la restauration se heurtait à l’Europe et en particulier aux allemands. La promesse de la baisse a été reprise par Sarkozy, qui là encore ne fait pas preuve de « rupture »…
On risque donc d’entendre dans les prochaines semaines la droite entonner le refrain de « la tenue des promesses des autres » ou du « coup de pouce aux restaurateurs ». La presse économique parle d’ailleurs déjà de « ballon d’oxygène » en temps de crise.
Cette vision du ballon d’oxygène est pourtant une énorme erreur économique, que font d’ailleurs la plupart des restaurateurs, comme on peut le lire :
Baisse de TVA ou pas, il ne baissera pas ses tarifs : « On a déjà du mal à arriver à l'équilibre… Avec la crise personne ne baissera les prix. » Il compte plutôt investir dans l'aménagement des locaux, le matériel ou augmenter ses salariés. L'embauche n'est pas d'actualité et l'équipe restera stable avec douze employés.
[Cet autre] restaurateur compte utiliser « le ballon d'oxygène » pour augmenter ses salariés ou baisser certains tarifs. Mais globalement, comme la plupart des restaurateurs, les clients ne verront pas une baisse significative de leurs additions. Il a fait jouer de la calculette : « Selon les mois, je vais économiser entre 1 000 et 15 000 € par mois pour les trois crêperies. »
À Aucamville, au « Toit du Routier », un autre accueille la baisse de la TVA comme une bénédiction : « ça fait du bien ». « On va pouvoir revenir à l'équilibre comptable, on en a besoin ! » La mesure, qu'il attend « depuis 10 ans », tombe à pic alors que son établissement ressent fortement les effets de la crise. Sa clientèle est composée exclusivement d'ouvriers et de routiers « c'est-à-dire des gens qui travaillent dans des secteurs très en crise. »
De 70 à 80 clients par jours, il est passé à une quarantaine. Conséquence : un cuisinier et une employée à mi-temps sont partis et n'ont pas été remplacés. L'établissement compte deux salariés dont le patron. Malgré la « bouffée d'oxygène » à 5,5 %, le « routier » d'Aucamville ne va pas embaucher de sitôt ni baisser ses prix : « Je propose un menu complet et unique à 12 €, c'est un panier assez compétitif, je ne peux pas faire moins. »
A lire ces témoignages, il est clair que pour les restaurateurs, la baisse de la TVA n’entraînera aucune baisse des tarifs TTC. Ce qui signifie que les restaurateurs sont en train d’augmenter leurs tarifs HT !
La baisse de la TVA, donc la baisse de recettes pour l’Etat, chiffrée à 1 milliard d’euros, est donc censée aller dans la poche des restaurateurs. On comprend mieux que Guaino demande des contreparties : il a intégré le fait que la baisse TVA est un cadeau !
Pourtant, cela n’est pas dit clairement. La communication fait défaut sur ce point majeur : la baisse de la TVA, dans l’absolu, devrait faire baisser les prix. En effet, la TVA se calcule sur le prix de base, hors taxe (HT). Si ce prix est de 100, le prix TVA incluse, toute taxe comprise (TTC) passe à 119,6. Avec la baisse de la TVA, le nouveau prix devrait être de 105,5. Soit une baisse des prix de 11,8%. Les consommateurs, ravis, devraient donc obtenir le même service pour 12% moins cher, la différence étant une baisse des recettes de l’Etat, qui devra compenser ce manque soit en baissant ses propres dépenses, soit en trouvant le manque à gagner ailleurs.
Mais on est confronté, avec la restauration, à un paradoxe : la TVA va baisser, mais le prix TTC va rester inchangé, c’est annoncé. Les restaurateurs vont donc augmenter leur prix HT de 100 à 113,36 et le consommateur continuera à payer 119,6 ! Soit une hausse du chiffre d'affaire de 13,4% (à volume constant)... C’est cette hausse que Guaino et Sarkozy ont intégré dans leur réflexion, puisqu’ils demandent des contreparties.
Dans une logique normale, les restaurateurs devraient fixer leur prix TTC selon ce qu’ils pensent que leur clientèle est prête à payer pour le service qu’ils rendent. Puis ils en déduisent le prix HT auquel cela correspond. Ils prennent leur marge (souvent un facteur 3…) et parviennent au prix de revient maximal auquel ils doivent produire. Cela en fonction du bénéfice voulu et du chiffre d’affaire à réaliser pour fonctionner (maintenir la trésorerie, le fonds de roulement, payer les salaires tous les mois, les « charges » tous les trimestres, rembourser la TVA, etc…). Voilà comment devrait fonctionner le mécanisme de fixation des prix, et pas seulement dans la restauration.
Mais les restaurateurs se plaignent de ne pas gagner leur vie. Les charges, les taxes, tout ce qui alourdit le prix TTC et rogne leur bénéfice est néfaste à leur activité. Impossible d’embaucher, le SMIC est trop élevé. Sur ce point, les exonérations de charge sur les bas salaires visent à permettre l’embauche. Mais la TVA, qui alourdit la note du client inutilement, et empêche les gens de consommer, il faut la baisser. L’argument peut porter : si la TVA est trop lourde, le prix final est trop élevé et le consommateur fuit. Donc il faut la baisser, pour diminuer le prix final et ramener le consommateur dans les restaurants ? On voit que non. La baisse de la TVA ne modifiera pas le prix final : le consommateur supportera une hausse de 13,4% pour renflouer les restaurateurs.
Que faut-il en conclure ?
Pas grand-chose. Les restaurateurs se plaignent de la difficulté de vivre de leur activité. Pour y parvenir, il est de notoriété publique que cette profession « se débrouille » : double comptabilité et travail au noir y sont fréquents, ainsi que la fraude à la TVA (je mets 5,5% à emporter mais je fais payer le prix TTC à 19,6% : regardez les McDo ! Demandez TOUJOURS sur place quand vous commandez chez McDo : vous paierez le même prix, mais vous renflouez les caisses de l’Etat).
La TVA est vue comme un impôt lourd, qui pénalise leur activité, car ils pensent que ce sont eux qui la payent (ils la remboursent trimestriellement) et que cela vient en moins sur leur revenu. Pourtant, comme tous les artisans/commerçants, ils ne sont que des percepteurs de la TVA : elle ne fait que sortir de la poche des clients pour aller dans la caisse de l’Etat ! Il ne s’agit en aucun cas de l’argent des restaurateurs. Sauf que la TVA rentre dans leur caisse et participe à leur trésorerie. Et si elle baisse, leur trésorerie baisse, sans contrepartie.
La baisse de la TVA, donc la baisse de recettes pour l’Etat, chiffrée à 1 milliard d’euros, est donc censée aller dans la poche des restaurateurs. On comprend mieux que Guaino demande des contreparties : il a intégré le fait que la baisse TVA est un cadeau !
Pourtant, cela n’est pas dit clairement. La communication fait défaut sur ce point majeur : la baisse de la TVA, dans l’absolu, devrait faire baisser les prix. En effet, la TVA se calcule sur le prix de base, hors taxe (HT). Si ce prix est de 100, le prix TVA incluse, toute taxe comprise (TTC) passe à 119,6. Avec la baisse de la TVA, le nouveau prix devrait être de 105,5. Soit une baisse des prix de 11,8%. Les consommateurs, ravis, devraient donc obtenir le même service pour 12% moins cher, la différence étant une baisse des recettes de l’Etat, qui devra compenser ce manque soit en baissant ses propres dépenses, soit en trouvant le manque à gagner ailleurs.
Mais on est confronté, avec la restauration, à un paradoxe : la TVA va baisser, mais le prix TTC va rester inchangé, c’est annoncé. Les restaurateurs vont donc augmenter leur prix HT de 100 à 113,36 et le consommateur continuera à payer 119,6 ! Soit une hausse du chiffre d'affaire de 13,4% (à volume constant)... C’est cette hausse que Guaino et Sarkozy ont intégré dans leur réflexion, puisqu’ils demandent des contreparties.
Dans une logique normale, les restaurateurs devraient fixer leur prix TTC selon ce qu’ils pensent que leur clientèle est prête à payer pour le service qu’ils rendent. Puis ils en déduisent le prix HT auquel cela correspond. Ils prennent leur marge (souvent un facteur 3…) et parviennent au prix de revient maximal auquel ils doivent produire. Cela en fonction du bénéfice voulu et du chiffre d’affaire à réaliser pour fonctionner (maintenir la trésorerie, le fonds de roulement, payer les salaires tous les mois, les « charges » tous les trimestres, rembourser la TVA, etc…). Voilà comment devrait fonctionner le mécanisme de fixation des prix, et pas seulement dans la restauration.
Mais les restaurateurs se plaignent de ne pas gagner leur vie. Les charges, les taxes, tout ce qui alourdit le prix TTC et rogne leur bénéfice est néfaste à leur activité. Impossible d’embaucher, le SMIC est trop élevé. Sur ce point, les exonérations de charge sur les bas salaires visent à permettre l’embauche. Mais la TVA, qui alourdit la note du client inutilement, et empêche les gens de consommer, il faut la baisser. L’argument peut porter : si la TVA est trop lourde, le prix final est trop élevé et le consommateur fuit. Donc il faut la baisser, pour diminuer le prix final et ramener le consommateur dans les restaurants ? On voit que non. La baisse de la TVA ne modifiera pas le prix final : le consommateur supportera une hausse de 13,4% pour renflouer les restaurateurs.
Que faut-il en conclure ?
Pas grand-chose. Les restaurateurs se plaignent de la difficulté de vivre de leur activité. Pour y parvenir, il est de notoriété publique que cette profession « se débrouille » : double comptabilité et travail au noir y sont fréquents, ainsi que la fraude à la TVA (je mets 5,5% à emporter mais je fais payer le prix TTC à 19,6% : regardez les McDo ! Demandez TOUJOURS sur place quand vous commandez chez McDo : vous paierez le même prix, mais vous renflouez les caisses de l’Etat).
La TVA est vue comme un impôt lourd, qui pénalise leur activité, car ils pensent que ce sont eux qui la payent (ils la remboursent trimestriellement) et que cela vient en moins sur leur revenu. Pourtant, comme tous les artisans/commerçants, ils ne sont que des percepteurs de la TVA : elle ne fait que sortir de la poche des clients pour aller dans la caisse de l’Etat ! Il ne s’agit en aucun cas de l’argent des restaurateurs. Sauf que la TVA rentre dans leur caisse et participe à leur trésorerie. Et si elle baisse, leur trésorerie baisse, sans contrepartie.
La baisse de la TVA pour les restaurateurs est donc une aubaine : elle va augmenter leurs revenus et leur permettre de mieux vivre, à fréquentation constante. Qu’ils croisent les doigts pour que les gens acceptent de payer 13,4% de plus pour un même service !
En fait, la seule mesure qui vaudrait serait de faire payer la TVA directement à l'Etat, sans passer par la caisse des restaurateurs : la répartition des revenus serait alors claire et les restaurateurs n'inclueraient plus cet argent dans leur trésorerie. Mais comment le mettre en place ?
2 Commentaire(s) :
eh gros connard !!!!! si tu connaissais la difficultes des restaurateurs et brasseries , tu fermerai te gueule. je suis moi meme restaurateur et voila 4 moi que je ne me donne aucun salaires , alors que je paye mes 3 employes, alors bien sur que j attend avec impatience la baisse de la tva . et pour mon cas je diviserais en 3 cette baisse 1/3 pour l entreprise , 1/3 pour l employé et 1/3 pour le client !!!! voila mrs ducon !!! et avant de l
ouvrir sur ce metier , renseigne toi !!!! et encore une fois si tu pouvais fermer ta grande gueule , ca me ferai des vacances !!!!
Bonjour, courageux anonyme.
Désolé de vous infliger la lecture de telles conneries. Mais comme rien ne vous oblige à les lire, il est fort probable que d'autres billets viendront compléter la collection de "conneries" qui vous énerve tant.
Par ailleurs, vous confirmez qu'il n'y aura pas de baisse de prix à hauteur de la baisse de la TVA pour le client : vous chiffrez vous-même à 1/3 ce que le client peut espérer économiser chez vous, soit environ 40 centimes sur un repas à 12 €...
Est-ce que vous pensez que vous aurez plus de clients ainsi ?
Est-ce que vous pensez qu'il est normal que les français transfèrent un milliard d'€ des caisses de l'Etat vers la trésorerie des restaurateurs (125 € par habitant, tout de même) ?
Cette discussion sur la baisse de la TVA n'est pas nouvelle. Depuis 13 ans qu'on en parle, aucun restaurateur n'a trouvé d'argument convaincant pour expliquer la nécessité d'un tel transfert.
Eclairez-nous, vous qui êtes de la partie ! Cà nous changera des insultes...
Pour finir, si vous ne parvenez plus à vivre de votre restaurant, ne pensez-vous pas que le milliard que va coûter cette baisse de TVA pour maintenir une activité moribonde serait mieux utilisé à reconvertir vos salariés et vous-même vers d'autres métiers moins "en tension" ?
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