24.3.09

Le gouvernement découvre le scandale des parachutes dorés

Ainsi, l'Etat votera contre le versement de l'indemnité de départ du PDG de l'équipementier automobile, Thierry Morin, lors de l'assemblée générale du groupe.
C'est le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, qui l'a claironné.

L'ex-PDG de Valeo, remercié vendredi pour des divergences avec ses actionnaires, va recevoir une indemnité de départ de 3,2 millions d'euros.

L'Etat "s'opposera à l'assemblée générale au versement de ce parachute doré", a affirmé Luc Chatel sur Europe 1. "Ce type de parachute doré doit être validé par l'assemblée générale des actionnaires. L'Etat est aujourd'hui, à travers la Caisse des Dépôts et le fonds de modernisation des équipementiers, présent au capital de Valeo, à hauteur de 8%, (...) et donc il sera à l'assemblée générale", a expliqué Luc Chatel.

"L"Etat a accompagné cette société et je trouve choquant que dans le contexte actuel, on mette en place ce type de rémunération", a ajouté le porte-parole du gouvernement, en demandant à Thierry Morin de faire "face à ses responsabilités".

C'est mignon, non ?
Le gouvernement, et donc l'Elysée, sont scandalisés par ce goinfrement, en pleine crise, vous vous rendez compte ma bonne dame !
Parce que çà ne serait pas la crise, on ne serait pas scandalisé, mais là... c'est trop gros, trop voyant.
Pour rappel à M. Chatel et à son maître, les parachutes dorés et autres stocks options ne sont pas des perdreaux de l'année.
Quelques rappels :
En septembre 2008, le directeur général de Sanofi-Aventis, Gérard Le Fur, a été évincé. N'étant resté que deux ans à la tête de la société, il ne touchera "que la moitié" de son indemnité de départ, soit 2,7 millions d'euros. Il sera remplacé le 1er décembre par Chris Viehbacher, qui a exigé une prime d'arrivée de 2,2 millions d'euros, un parachute doré de 2,4 millions et 65 000 actions gratuites pour rejoindre le groupe pharmaceutique.
Axel Miller, le patron de Dexia, a renoncé à ses 3,7 millions d'euros d'indemnités de départ. Sa décision a été prise à l'issue d'une discussion privée avec la ministre de l'Économie Christine Lagarde. La recapitalisation de la banque franco-belge par l'Etat aurait été conditionnée à l'abandon de son indemnité contractuelle de départ.
En juillet 2008, Pat Russo, directrice générale d'Alcatel-Lucent, évincée en juillet, a fait approuver par les actionnaires une indemnité de 6 millions d'euros. L'annonce de son départ est intervenue en même temps que celle des résultats du deuxième trimestre, faisant apparaître une perte de 1,1 milliard d'euros. Serge Tchuruck, le président, avait touché presque autant (5,6 millions) pour lui céder sa place, au moment de la fusion, en 2006.
Dès juillet 2006, un certain Noël Forgeard a été la cible de toutes les critiques pour avoir perçu 8,2 millions d'euros, suite à l'annonce des retards de l'A380 et aux soupçons de délit d'initié le concernant. L'ex-coprésident d'EADS, maison mère d'Airbus, avait dû démissionner en juillet 2006.
En juin 2006, Antoine Zacharias quittait ses fonctions de président sous la pression du conseil d'administration de Vinci, avec des indemnités s'élevant à 12,9 millions d'euros. Fin mai 2008, l'ex-PDG du groupe de BTP a été débouté par la justice. Il réclamait 81 millions d'euros de plus de réparation, pour après avoir été poussé à démissionner.
En février 2005, déjà, Daniel Bernard, l'ancien PDG du groupe Carrefour a été évincé, pour n'avoir pas réussi à redresser les performances du groupe. Il est parti avec l'assurance d'un complément de retraite provisionné pour un montant maximal de 29 millions d'euros ainsi qu'un parachute doré équivalent à trois ans de salaire, soit 9,8 millions d'euros.
Et à cette époque, qui était au gouvernement ?
Les mêmes qui viennent nous expliquer que non c'est pas bien, le peuple ne supporte pas, il faut légiférer, et tutti quanti...
D'ailleurs, souvenons nous du grand donneur de leçon, qui ressort du bois pour donner son avis, J6M, Jean Marie Moi Même Maître du Monde Messier : en juillet 2002, il devait démissionner de Vivendi. Ses indemnités conventionnelles de 20 millions de dollars avaient alors fait l'objet d'un contentieux judiciaire. Qui avait râlé à l'époque sur ce parachute doré alors que Vivendi était en train d'être dépecé grâce à la vision fantastique de ce monsieur ?

Alors, M. Chatel et consorts, un peu de pudeur : fermez vos grandes bouches !
Enfin, une dernière remarque. L'Etat découvre que pour s'opposer aux décisions des conseils d'administration, il faut y être majoritaire. Mais le même Etat, qui abonde par milliards les entreprises et les banques, a refusé de prendre des parts au capital de ces mêmes sociétés, arguant que ce n'était pas le rôle de l'Etat. Alors ? On donne de l'argent sans contrepartie et on monte sur ses ergots quand on feint de découvrir qu'il n'y aura effectivement pas de contreparties ? Comment on appele çà, en langage gentil ? Etre trop bête ? Ou faire vraiment trop bien semblant de l'être ?
Seule mesure pour contrôler les entreprises : les diriger ou les posséder. C'est cela le capitalisme, moralisé ou pas. Donc, M. Chatel et consorts, prenez vos respionsabilités, et privatisez donc ces entreprises qui réclament notre argent quand ils sont en difficulté. Vous pourrez même les privatiser de nouveau quand elles seront de nouveau attractives pour des spéculateurs !
Et surtout, surtout, arrêtez de prendre les français pour des imbéciles !

Libellés : ,