12.7.06

Villiers fait front

Libération le cite rapidement, mais heureusement le site du MPF nous le livre in extenso. Il aurait été dommage de ne pas profiter de ce grand moment d'humanisme que nous livre le vicomte pourfendeur.
Le président du conseil général de Vendée, a indiqué avoir "écrit au recteur d'académie pour lui demander de refuser l'inscription des enfants dont les parents ne peuvent pas présenter un titre de séjour à la rentrée prochaine".
Le candidat déclaré à l'élection présidentielle française est donc partisan de refuser de scolariser les enfants d'immigrés "en séjour irrégulier" (i.e. clandestins).

Outre le fait que la scolarité est en France obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans, la mesure proposée par le député européen abstentéiste est bien évidemment inutile, discriminatoire et inutilement dangereuse pour les populations visées.

Inutile, car il est tout à fait possible en France d'expluser une famille étrangère dont les enfants sont scolarisés. Comme l'a rappelé le ministre de l'intérieur récemment, la scolarité étant obligatoire en France pour les enfants, elle ne peut constituer un obstacle à leur retour au pays. C'est d'ailleurs ce que réaffirme la circulaire récente de ce ministre à ce propos.

Discriminatoire, cela va sans dire.

Dangereuse, cela est moins évident. Il suffit pourtant de se poser la question suivante : si ces enfants ne vont pas à l'école, que deviendront-ils ?

Refuser à un enfant étranger d'être scolarisé, c'est le condamner à l'ignorance et à l'impossibilité de communiquer. Ignorance, car tout enfant doit apprendre les connaissances de base, que ses parents, de plus ne sauront pas forcément lui donner. Il est en effet fort probable que des parents clandestins soient plutôt pauvres et plutôt peu éduqués. Dans ce cas, un enfant étranger ne parlant pas français aurait peu de chances de l'apprendre en restant dans sa famille. De plus, un tel enfant aurait également de grandes chances, puisque disponible, d'être encouragé par sa famille à participer aux revenus de la famille. En clair, puisqu'il est dipsonible, il travaillera. et il travaillera forcément de façon clandestine. Il est d'ailleurs curieux que le vicomte ne propose pas que les employeurs doivent également vérifier que leurs employés (adultes) sont bien en situation régulière... Mais ce sujet n'est pas porteur électoralement actuellement. Impossibilité de communiquer avec d'autres que ses parents ou des personnes parlant la même langue qu'eux. Il est pour le moins curieux que le vicomte veuille empêcher ces jeunes de pouvoir a minima expliquer à leurs parents la procédure qui est en train de les renvoyer d'où ils viennent ! Mais c'est parce que le président du conseil estime que la République entretient déjà trop de traducteurs...

Refuser à un enfant d'être scolarisé, c'est donc le pénaliser et encourager son exploitation par ses parents, au mieux, ou au pire par des mafias organisées pour le faire travailler ou même pour le prostituer.

Fantasmes ? Peut-être. Mais ces comportements mafieux existent déjà et empêcher les enfants d'immigrés clandestins d'accéder à l'école, c'est les maintenir dans une clandestinité qui n'aura aucun avantage ni pour eux ni pour la société dans son ensemble.

Mais il est clair que la sortie de Villers ne saurait être la conclusion d'une quelconque réflexion poussée.