5.8.06

La canicule est passée, reste un coup de chaud sur les chiffres de la mortalité

Ainsi, l' "épisode caniculaire" a pris fin sur la France.

Le bilan officiel de l'institut de veille sanitaire est le suivant (au 3 août) :
Sur le plan de la mortalité ont été signalés comme probablement liés à la chaleur :
- 66 décès de personnes âgées de 75 à 99 ans, le plus souvent déjà malades ;
- 12 décès survenus sur des lieux de travail pour des personnes exposées à la chaleur du fait de leur profession ;
- 4 décès de personnes se livrant à des activités sportives (3 randonneurs et un cyclotouriste) ;
- 3 décès de personnes sans domicile fixe (Bordeaux, Saint-Ouen et Malakoff) ;
- 26 décès de personnes âgées de moins de 75 ans présentant le plus souvent une pathologie sous-jacente (cancer, forte obésité, diabète,…) de nature psychiatrique dans 8 cas ;
- enfin, depuis le dernier communiqué qui faisait mention du décès par hyperthermie maligne d’un nourrisson de 15 mois en Eure-et-Loire, aucun autre décès d’enfant n’a été signalé à l’InVS.

Ce bilan a fait l'objet d'un communiqué de presse.

Problème, certains pourraient être tentés de faire le rapprochement entre les 112 morts de 2006 et les 15000 morts de 2003. Certains pourraient même être tentés de se féliciter de ce bon résultat.

Sauf que.
Sauf que les 112 morts dont il est question sont des morts dont on sait avec certitude qu'elles sont liées à une hyperthermie.
Sauf que ces chiffres sont issus de la surveillance de la fréquentation des urgences, alors que les morts de 2003 sont morts chez eux pour la plupart.
Sauf que "L’InVS rappelle que les vagues de chaleur même en-dessous des seuils caniculaires, peuvent s’accompagner d’un accroissement de la mortalité, surtout pour les personnes malades, fragiles ou vulnérables."
Sauf que les 15000 morts de 2003 représentent une surmortalité et non une mortalité habituelle, contrairement aux 112 morts de cette année qui sont des morts pouvant entrer pour la plupart dans le compte des décès habituellement recensés en été : personnes âgées, sportifs, SDF, personnes malades... Bref, rien que de très habituel.
Sauf qu'une éventuelle surmortalité ne pourra être détectée que plus tard, avec un effet de retard dû au décès de personnes fragilisées, qui ne seraient pas mortes s'il n'avait pas fait si chaud.

Il ne rime donc à rien de comparer des chiffres de mortalité issus d'une surveillance de la fréquentation des urgences, qui permettent au mieux de détecter des problèmes chez ceux qui se rendent aux urgences, à un travail statistique conséquent réalisé par l'INSEE sur la base du nombre de décès enregistrés sur plusieurs mois après la canicule, sauf à vouloir tromper l'opinion en comparant "des navets et des carottes".