22.12.08

Une pétition en faveur du travail le dimanche ?

L'UMP ne recule devant rien pour accélérer la modernisation(c) de la France.



Nouvelle preuve : une pétition en faveur du travail le dimanche.



C'est sur le site de l'UMP, et c'est beau.



"Dites oui à l'ouverture des magasins le dimanche", nous enjoint-on.



Le texte d'appel est le suivant :


La loi actuellement en vigueur sur le repos dominical date de plus d'un siècle. Depuis, les modes de vie et de consommation des Français ont évolué. La proposition de loi déposée par le député Richard Maillié (visant à définir les dérogations au repos dominical dans les grandes agglomérations et les zones touristiques) et défendue par le Gouvernement est un texte équilibré.


Les autorisations d'ouverture le dimanche sont ciblées : elles concernent les grandes agglomérations de plus de 1 million d'habitants ;
Les élus locaux auront leur mot à dire : sans le feu vert de la mairie, rien ne change ;
Le travail le dimanche est basé sur le volontariat ; les salariés dans ces zones sont payés le double et bénéficient du repos compensateur ;
Le principe du repos dominical est conservé et le dimanche conserve son caractère de jour exceptionnel ;
Les petits commerces alimentaires sont mieux protégés. Cette proposition de loi n'est ni une généralisation ni une obligation du travail le dimanche ! Elle permet aux Français qui le souhaitent de faire des achats le dimanche. Elle permet aux salariés qui le souhaitent de travailler le dimanche pour accroître leurs revenus en étant payés le double.


Quelques chiffres :
66% des Français sont favorables à l'ouverture des commerces le dimanche (sondage
OpinionWay-LeFigaro-LCI, 12.12.08)
73% des Franciliens y sont favorables (sondage CSA, 12.10.08)
7,5 millions de Français travaillent régulièrement ou occasionnellement. 67% d'entre eux (80% en région parisienne) approuvent la proposition de loi (sondage IFOP du 5-9.12.08).


Reprenons calmement les affirations de l'UMP.



1) La loi actuellement en vigueur sur le repos dominical date de plus d'un siècle.


Argument souvent utilisé par l'UMP. C'est vieux, donc c'est archaïque et çà doit être modernisé. L'ordonnance de 1945 sur les mineurs ? Archaïque ! La loi sur la laïcité de 1905 ? A jeter ! La Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 ? Aux orties ! Ah non... peut-être pas.


Donc, c'est vieux. Une lecture attentive du Code du Travail permet de voir que cette disposition a été confirmée dans le remaniement du texte du 2 janvier 1973 puis dans la modification par ordonnance de... 2007 !


Le travail le dimanche est donc un truc has been. Du passé faisons table rase, camarades ! Ah non, ce n'est pas l'UMP, çà...


2) Les autorisations d'ouverture le dimanche sont ciblées : elles concernent les grandes agglomérations de plus de 1 million d'habitants


Nous voilà rassurés, seules 4 agglomérations dépassent le million d'habitants : le Bassin parisien, Marseille-Aix, Lyon et Lille, soit au total environ 13,5 millions de français, 1 français sur 5. On a connu des ciblages plus précis... Sans doute le syndrôme des frappes chirurgicales...


Mais tout de même, la question se pose : pourquoi seulement eux et pas les autres ? Est-ce que cela serait parce que la loi n'est pas respectée en particulier dans ces bassins de population ?


3) Les élus locaux auront leur mot à dire : sans le feu vert de la mairie, rien ne change


Une vision étonnante du pouvoir des maires : la porte ouverte au populisme le plus féroce. Et sur quelle base le maire autorisera t'il l'ouverture ou pas ? Sur quels critères connus de tous, mesurables, quantifiables et compréhensibles ? Aucun. Le règne du copinage et de la tête du client, la porte ouverte à tous les dessous de table. Une bien belle idée : les maires vont adorer cette nouvelle compétence !


4) Le travail le dimanche est basé sur le volontariat ; les salariés dans ces zones sont payés le double et bénéficient du repos compensateur.


Le volontariat ? Ce qui est fatigant avec ce genre de bêtise, énoncée comme une avancée, c'est qu'il faut essayer de se persuader que celui qui la dit y croit. Mais quand on y pense, on se demande si on ne préfèrerait pas qu'il nous prenne pour une courge...


Le volontariat ? Dans le contrat de travail ? Connait pas ! Si une entreprise sait qu'elle ouvrira souvent le dimanche, elle recrutera des gens qui seront d'accord pour travailler le dimanche. Donc qui auront le choix d'accepter de travailler le dimanche ou d'aller chercher un autre travail. Pratique dans un marché de l'emploi qui va vers les 10% de chômeurs en 2009...


Petit rappel : les salariés sont subordonnés à leur employeur, qui dispose du pouvoir sur leur emploi. Refuser quelquechose à son employeur, c'est la porte, sauf cas très particulier. Même le droit de retrait est rarement utilisé, par crainte pour son emploi, et pourtant c'est un droit !


5) Le principe du repos dominical est conservé et le dimanche conserve son caractère de jour exceptionnel



Bien ! Bravo ! Et comment ce jour exceptionnel pourra t'il le rester encore longtemps ? Proposer la légalisation des ouvertures supplémentaires le dimanche (aujourd'hui illégales, mais pas réprimées ou si peu) est un pied dans la porte vers la banalisation du dimanche travaillé.


Ce qui est le but de ce genre de loi.


6) Les petits commerces alimentaires sont mieux protégés. Cette proposition de loi n'est ni une généralisation ni une obligation du travail le dimanche ! Elle permet aux Français qui le souhaitent de faire des achats le dimanche. Elle permet aux salariés qui le souhaitent de travailler le dimanche pour accroître leurs revenus en étant payés le double.


A la fin de l'envoi, je touche ! Pris de frénésie, le rédacteur de la pétition s'enthousiasme et oublie toute considération de logique.


"Les petits commerces sont mieux protégés." Ah bon ? Ils étaient donc menacés ? Mais de quoi ? Par qui ? Ah, on élimine ici toute discussion sur l'opportunité d'ouvrir le dimanche pour les petits commerçants, qui verront les grandes surfaces ouvertes à côté de chez eux et qui, comme les riverains du "bonheur des dames", n'auront que leurs yeux pour pleurer quand ils auront perdu leur avantage concurrentiel ?


Les français qui le souhaitent peuvent faire leurs achats le dimanche. Pauvres gens ! Ils n'ont pas assez des autres jours ? Ils ont tellement d'argent de côté qu'ils faut aller le dépenser ce jour là ? Evacué, la discussion sur l'opportunité économique d'ouvrir ce jour là. Le dimanche en plus des autres jours ? Ou le dimanche à la place des autres jours ? Déplacement des dépenses de la semaine vers le dimanche ou augmentation des dépenses ? Aucune idée, de l'idéologie !


Apothéose : les salariés qui le souhaitent accroissent leurs revenus. Que c'est beau, la France d'après ! Qui travaillera le dimanche ? Ceux qui le souhaitent, dit l'UMP. Comme le candidat UMP avait dit "travailler plus pour gagner plus pour ceux qui le souhaitent" ? On a vu le résultat ! Non, les salariés ne sont pas en position de décider quel jour ils viennent travailler. Ceux que çà ne dérangent pas profiteront de l'aubaine (les jeunes, les célibataires). Les autres subiront. "Vous êtes prêts à travailler le dimanche, éventuellement ? -Ben, vous savez, je ne vois mes enfants que le WE, alors... - Merci, on vous rappellera."


En étant payé double ? Les lois de l'économie sont têtues. Si on paye quelqu'un deux fois le dimanche, il faut que l'entreprise fasse deux fois plus de chiffre d'affaire. Sinon, cela signifie que le salarié bossera le dimanche, mais se reposera chez lui 2 jours au lieu d'un seul. Ou alors, cela signifie que les prix augmenteront pour compenser les hausses de salaire. Mais rassurons nous, il est plus à attendre que les salariés se voient proposer moins d'heures dans la semaine pour que le magasin ouvre le dimanche. Le salaire restera constant, le chiffre d'affaire progressera, mais le salarié travaillera moins ! On parie ?



Cette pétition rassemble donc tous les travers de l'idéologie UMP. Vive la France d'après !



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16.12.08

Darcos ministre de la valse hésitation nationale

Xavier Darcos, ministre de l'éducation, en charge de la diminution des charges dans son ministère, l'avait assuré :
"Je ne suis pas le ministre de l'hésitation nationale, déclarait-il le 11 décembre sur Europe 1, j'ai un devoir pour les générations futures, il s'agit de réformer un pays qui en a besoin."
Le dimanche 14 décembre, il annonçait dans le Journal du Dimanche le contenu de sa réforme (voir annexe ci-dessous).

Et le mardi, que croyez vous qu'il arriva ?

La réforme reportée, les lycéens encore mobilisés


Annoncé lundi 15 décembre depuis Ramallah (le territoire palestinien de Cisjordanie) où il était en visite officielle, le report de la réforme de la classe de seconde par le ministre de l'éducation, Xavier Darcos, est un coup de théâtre dans le milieu, mais aussi une embardée dans la conduite de l'action gouvernementale.

Ministre de la valse hésitation, donc...



Annexe : interview de X. Darcos au JJD du 14/12/08 :

A quoi ressemblera la nouvelle classe de seconde, qui sera mise en place en septembre 2009?

Elle comprendra un tronc commun avec le français, les maths, l'histoire, deux langues vivantes et les sciences économiques. Jusqu'à présent, celles-ci n'étaient qu'une option. La situation actuelle a montré combien la compréhension des mécanismes économiques était importante. Le tronc commun sera enrichi par cet enseignement à raison d'une heure et demie par semaine. Les SES seront aussi proposées parmi les modules d'approfondissement (humanités, sciences, sciences de la société, technologies) qui complèteront le tronc commun à hauteur de six heures hebdomadaires. Enfin, chaque élève bénéficiera de trois heures d'accompagnement personnalisé par semaine pour réussir sa seconde.

Combien d'heures par semaine au total?
La nouvelle seconde représentera 31h30 hebdomadaires, ce qui est comparable à la moyenne actuelle. L'année scolaire sera divisée en deux semestres, avec une semaine de bilan qui permettra de préparer son orientation. Le but étant de limiter le nombre de redoublements et de mieux préparer les élèves à l'université en les rendant plus autonomes. Aujourd'hui, 15% d'élèves de seconde redoublent, et, entre la 4e et la classe de 1ère , 150 000 élèves quittent le système scolaire en situation d'échec. Il est temps d'agir! Notre système présente une déperdition d'énergie considérable, alors qu'il dispense le plus grand nombre d'heures de cours au monde. Le système français est très lourd, généreux certes, mais pas assez efficace.

Vous avez qualifié le mouvement lycéen de "petite concentration de mécontentements". Ne sous-estimez-vous cette mobilisation ?
Il ne s'agit pas à proprement parler d'un mouvement lycéen. Au printemps dernier, ils étaient 200.000 dans la rue, contre 20 à 30 000 aujourd'hui. Les blocages représentent moins de 10% des lycées. En revanche, un phénomène nouveau m'inquiète: des lycées voient débarquer des jeunes, dont on ne sait pas d'où ils viennent, qui enflamment des poubelles, jettent des caddies sur les grilles, et qui s'en prennent aux personnes. Ces perturbateurs ne savent pas contre quoi ils manifestent, ils parlent de la "loi Darcos" alors qu'il n'existe pas de "loi Darcos". C'est un mouvement sans mot d'ordre.

Des enseignants appellent à la désobéissance pédagogique, que pensez-vous de ces nouveaux modes d'opposition ?
C'est un épiphénomène par rapport aux 380.000 professeurs du premier degré. Appeler "résistance pédagogique" le fait de refuser d'appliquer les deux heures de soutien me semble un peu fort. Les syndicats ont compris que la grève n'est plus un moyen utile, ils cherchent à établir d'autres formes d'action sur l'opinion. Mais la plupart de ces mouvements n'ont pour but que la désinformation, comme ces pétitions répétées pour appeler à la non suppression de la maternelle dont je ne cesse de dire qu'elle n'est en aucun cas remise en cause.

Une pétition de plus de 200 000 signatures vous a été remise pour défendre les Rased (réseaux d'aides spécialisés). Maintenez-vous la suppression de 3000 postes en 2009?
Je ne remets pas en cause le dispositif de Rased en soi, je le fais évoluer pour qu'il intègre l'ensemble du dispositif de traitement de la difficulté scolaire mis en oeuvre depuis cette rentrée avec les 2 heures de soutien par semaine. Le rôle des 8 000 Rased qui vont rester va évoluer pour qu'ils puissent intervenir là où c'est le plus approprié. Dans les zones rurales, où on a le plus besoin d'itinérants ou en Zone d'éducation prioritaire où on a le plus besoin d'une approche psychologique de la difficulté scolaire. Je compte aller plus loin en lançant un "plan national de formation des enseignants au traitement de la difficulté scolaire". Sur les cinq prochaines années, 40 000 enseignants pourront suivre une formation continue spécifique pour mieux répondre à la difficulté scolaire. De sorte que notre objectif de réduire par trois le nombre d'élèves sortant de l'école primaire sans maîtriser les savoirs fondamentaux soit atteint à la fin du quinquennat.


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8.12.08

Analyse critique du plan de relance français

Il a été annoncé à grand renfort de publicité, avec bandes-annonces, fuite dans les médias et mobilisation des stars pour l'avant-vente et l'après-vente.

Un film ?

Non.

Le plan de relance français pour tenter de contrer la crise, plan de relance dit "de Sarkozy".

Beaucoup de choses intelligentes ont été écrites sur le sujet, en particulier sur le temps nécessaire à déconstruire ce qui est annoncé en quelques minutes, et qu'il faudra des mois pour déconstruire, pour faire passer dans l'opinion que non, ce ne sont pas 26 milliards, et que oui, il était possible de faire autre chose, et que non, Sarkozy n'est pas le sauveur qu'il prétend être et que oui, ce sont encore les moins favorisés qui vont trinquer...

Tout cela a été écrit partout sur la Toile.

Je m'apprêtais à en remettre une couche quand je suis tombé sur cet article de Gilles Raveaud sur alter-éco. Et tout est devenu limpide.

La critique du plan français repose, outre sur le démontage des 26 milliards qui n'en sont que 4 ou 5, sur l'absence de cohérence, sur les effets d'annonce et de l'absence de réponse adaptée au problème.

Sur l'absence de cohérence, le Grenelle de l'environnement, pourtant récent et à peine mis en musique, est déjà oublié : entre la prime à la casse pour les véhicules à 160 gCO2/km quand le bonus écologique s'applique à partir de 130 et l'absence d'aides à l'isolation des logements, pourtant plus gros pourvoyeur d'économie d'énergie, on reste pantois !

Sur les effets d'annonce : la majorité des aides annoncées sont des remboursements anticipés de crédits. De l'habillage. D'autre part, la prime à la casse déplace la consommation en écoulant les stocks, mais les gens n'achèteront pas plus de voitures. Seulement plus tôt ! Effet nul à moyen terme... Mais peut-être sensible sur une durée politique, il est vrai, et c'ets le but recherché... Quant aux grands travaux, ils sont sur les rails (ah, ah) depuis des années : pas de nouveauté sauf à confirmer les engagements.

Sur l'absence de réponse adaptée : pas de relance de la consommation, en particulier des plus pauvres. Par contre, les entreprises continueront à moins financer la protection sociale du fait des nouvelles exonérations : le travail de sape de la Sécu continue, avec la bénédiction de tous puisque c'est la crise . Affligeant !

Donc, plutôt que de faire ce qui n'était pas à faire, qu'aurait-il fallu faire ? La critique est aisée, mais que proposez-vous, entonne le choeur des défenseurs de la politique sarkozyste. Hé bien, s'il s'agit de relancer l'investissement, investissons ! En masse. Pas de demi-mesure, pas de millions, mais beaucoup plus. Dans l'environnement, dans la recherche, dans la connaissance. Dans tout ce qui permettra de passer cette crise et les prochaines. Un plan massif, pas un plan implortant. Un plan social, pas des cadeaux aux entreprises. Un plan de développement, pas un plan de défense.

INVESTIR. Dans le durable, dans l'écologique, dans la recherche, dans la connaissance.

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2.12.08

Description d'un Président français

Que peut-il ? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien.

Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l'Europe peut-être.

Seulement voilà, il a pris la France et n'en sait rien faire.

Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c'est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide.

L'homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux.

Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse.

Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme, il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise. On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde, d'un homme médiocre échappé ".

Victor HUGO, dans " Napoléon, le petit "
Réédité chez Actes Sud

Vous pensiez à qui ?...

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