28.10.06

La retraite dorée des députés

Lutte ouvrière informe sur la retraite des parlementaires : http://www.lutte-ouvriere-journal.org/article.php?LO=1995&ARTICLE=10.

pour un simple mandat de cinq années, un député a le droit, lorsqu'il prend sa retraite, de toucher une pension de 1580 euros mensuels.[...]

Pour deux mandats, soit dix ans, la pension est de 3160 euros par mois. Les députés se sont voté un plafond à 6100 euros pour quatre mandats et plus.

Les députés en exercice cotisent pour cette retraite spéciale, versant 16 % de leurs 6900 euros mensuels d'indemnité parlementaire. Mais leurs cotisations ne suffisent pas du tout à financer ces pensions substantielles. Aussi chaque année, ils se votent une subvention budgétaire, actuellement de plus de 50 millions d'euros, pour renflouer leur fonds de retraite avec l'argent de la collectivité.

24.10.06

Xavier Bertrand et la déclaration sur l'honneur pour obtenir la CMU

Monsieur Bertrand,

Le Nouvel Observateur rapporte vos propos concernant la CMU.

Vous dites ainsi :
"Même si je suis profondément attaché à la CMU, aujourd'hui seule une déclaration sur l'honneur est demandée aux bénéficiaires de cette prestation".
"Dorénavant, le comité de lutte contre la fraude sera notamment chargé d'organiser la coopération entre les caisses afin de récupérer les pièces justificatives, qui corroboreront, ou non, ces déclarations sur l'honneur".
Monsieur le Ministre, je m'étonne que vous soyez si mal informé. Sur le site internet de l'assurance maladie en ligne (AMELI) on peut trouver les critères d'admissibilité à la CMU.

Je vous les copie ici, puisqu'ils semblent vous avoir échappés :
Lors de votre demande de CMU de base, vous devez remplir une déclaration de ressources et joindre les pièces justificatives suivantes :
- Dernier avis d'imposition ou de non imposition ;
- Bulletin de paie ;
- Avis de paiement ASSEDIC ;
- Avis CNAV et avis de l'organisme de retraite complémentaire pour la déclaration fiscale ;
- Notification de versement d'une pension d'invalidité ;
- Votre numéro d'allocataire de la CAF ;
- Justificatifs des ressources perçues à l'étranger.
Il me semble donc qu'on est loin de la déclaration sur l'honneur dont vous parlez.

D'autre part, je regrette que vous et le gouvernement auquel vous appartenez ne pense qu'à faire la chasse aux fraudeurs, surtout quand ils sont démunis, quand l'énergie (et les budgets) dépensée à trouver la minorité qui frauderait serait mieux utilisée à améliorer le sort de l'ensemble des allocataires.

Je ne nie pas que la lutte contre la fraude soit nécessaire, mais il me semble qu'elle devrait être systématique et s'étendre à l'ensemble des fraudeurs, et pas se diriger préférentiellement vers les chômeurs, les RMIstes, les pauvres gens en bref. Je m'étonne par exemple que votre ministère ne soit pas davantage impliqué dans la lutte contre les médecins indélicats, qui refusent de soigner les titulaires de CMU. Un rappel à l'ordre de votre part serait bienvenu, associé bien entendu à un raccourcissement des délais pour que ceux-ci obtiennent le paiement par la Sécu des actes réalisés...

Mais je comprends que ce type de lutte n'est pas porteur en pré-campagne et que les pauvres ne votent que rarement à droite, au contraire des médecins.

22.10.06

Selon le Figaro, un policier est un policier blessé.

Acrimed nous informe d'un rapprochement douteux en une du Figaro.

Un article sur les violences urbaines dirigées contre les policiers nécessite une illustration ? Rien de tel que de mettre en Une la photo d'un CRS blessé, à terre.

Sauf que.

Sauf que cette photo a été prise pendant les manifs anti-CPE, il y a déjà bien longtemps. Elle n'a donc que peu à voir avec la violence qui sévit dans les quartiers périphériques.

Mais un policier blessé est un policier blessé, n'est-ce pas ? Qu'importe que sa blessure provienne d'échauffourées avec des étudiants en colère plutôt qu'avec des racailles de banlieues... L'effet recherché à le Une est le même dans les deux cas : vendre du papier en mettant en scène le sentiment d'insécurité.

Le spectre de 2002 revient. Cà et l'immigration, de quoi faire bien peur au populo qui votera ainsi pour l'homme providentiel. Tellement classique et prévisible...

20.10.06

Une vision de l'entreprise par un salarié de droite

Je tombe sur la toile sur un billet affligeant de banalité, et pourtant publié par un blogueur connu et reconnu (je vous laisse le loisir de retrouver son auteur, plus facile je meurs...).

Il s'agit du commentaires des propositions socialistes vu par un salarié de droite, ancien chef d'entreprise et membre de l'équipe dirigeante d'une société du secteur des NTIC.

Morceaux choisis de bêtise crasse et tenace, représentative de l'état d'esprit de certains à droite, et qui ne dénotent ni dans le discours du MEDEF, ni dans celui du candidat UMP à la présidentielle :
" C'est sûr, en inspirant aux français qu'en travaillant moins on peut avoir un salaire plus élevé parce que son minimum sera augmenté et que les délocalisations seront "suspendues" on va améliorer "l'employabilité" des Français et réduire les inégalités. "

Faut-il vraiment commenter ? Il s'agit presque mot pour mot de la sortie du président de l'UMP en campagne, déclarant au MEDEF :

"la France ne s'est "pas encore remise du choix historiquement stupide d'expliquer aux gens qu'en travaillant moins, on pourrait gagner davantage".

Cette imbécilité a déjà été démontée plusieurs fois. Mais c'est sans doute trop compliqué pour un winner de droite.

D'autre part, la référence aux 35 heures comme facteur de progrès est largement nuancée, par Royal elle-même, comme je l'indiquais ici.

"Nous sommes tous précaires, la vie est précaire, la compétition est partout et mondiale, il faut arrêter de mentir aux français et leur dire que c'est en travaillant, en se formant sans cesse, en s'adaptant à la demande des entreprises sur le marché du travail (trop de secteurs ne trouvent pas de main d'oeuvre en ce moment même) et en étant ambitieux que l'on va réussir. Pas en regardant sans cesse comment sur-protéger et travailler moins..."

Cette sortie est cette fois-ci une reprise d'une phrase de Mme Parisot, tête du MEDEF, qui disait la même chose avec les mêmes termes :

« Mais c’est inhérent à la vie. Beaucoup de choses dans la vie sont précaires, la santé c’est précaire, l’amour c’est précaire, la vie d’une entreprise c’est précaire, et le travail peut avoir une forme de précarité. »

Notre salarié de droite gagnant-gagnant récite donc son bréviaire...

Mais il fait plus loin des propositions qui méritent qu'on s'y attarde :

A mon avis les point suivants sont beaucoup plus importants:

-la facilité de recruter et de créer de l'emploi implique la facilité de licencier en cas de problème pour la survie de l'entreprise, et donc la flexibilité du travail

-réconciliation des français avec le capitalisme

-image des créateurs d'entreprise, donner envie aux français de le faire

-formation: leur donner les moyens de le faire partout en France, en apprenant l'entreprise à l'école

-concentration sur les secteurs d'avenir créateurs d'emploi, l'Internet bien sûr par exemple, qui va créer des centaines de milliers d'emplois nouveaux, or il est difficile de trouver de bons ingénieurs, graphistes,

-favoriser l'investissement à risque des français dans les entreprises et donc le capitalisme !

Facilité de licencier ? Il est pourtant difficile de faciliter encore le licenciement depuis l'instauration du CNE. Quand à la difficulté de licencier, il faut tout de même rappeler qu'un licenciement, c'est un motif (qui peut être économique), un entretien préalable et une lettre avec AR. Mais çà doit être encore trop compliqué pour un balladodiffuseur. A quand le licenciement par mail ?

Réconcilier les français avec le capitalisme ? Parce qu'ils sont fâchés avec un système qui existe en France depuis toujours ?

L'image des créateurs d'entreprise ? Si elle est mauvaise, ce n'est pas en répétant en boucle les propos du MEDEF qu'elle va s'arranger.

Apprendre l'entreprise à l'école ? Et pourquoi pas apprendre à lire, écrire et compter dans l'entreprise ?

Se concentrer sur les secteurs d'avenir ? Certes, mais pourquoi ne pas déjà créer de la richesse avec les secteurs d'aujourd'hui, et même ceux d'hier ? Peintre en bâtiment, c'est plein d'avenir, alors que m'as-tu-vu sur le web, c'est déjà dépassé !

Favoriser l'investissement à risque ? Ben encore faudrait-il avoir du blé à investir, coco ! PArce qu'avec un SMIC, il reste pas grand chose de côté pour investir !

Bien sûr, les inégalités restent très importantes et je les déplore, surtout pour le continent africain, mais globalement le monde est plutôt en train de se rééquilibrer.

La concentration croissante de la richesse dans les mains de quelques uns semblent échapper à notre penseur libéral.

17.10.06

Pas étonnant que notre perception de la beauté soit déformée

Que fait la police ?

Pour le savoir, dépêchez vous de vous rendre ici, sur la version en cache, avant qu'elle ne disparaisse totalement de l'hyperespace :
http://64.233.183.104/search?q=cache:yaOJi1Yco70J:quefaitlapolice.blogspot.com


On y apprend à quoi un policier pense quand il doit intervenir :
- pour aider une patrouille attaquée dans une cité (18 septembre 2006),
Le collègue qui vitupère dans la radio est une jeune femme, elle ne semble pas affolée mais elle transmet difficilement sa position. Mieux vaut connaitre son secteur lorsque la situation devient périlleuse. Systématiquement lorsque vous prenez une rue, vous en lisez le nom, car on ne sait jamais vraiment ce qu'on va trouver au bout. C'est pour cela aussi que les équipages doivent s'annoncer impérativement sur place lorsqu'ils sont envoyés sur une mission. "Ils nous caillassent !" On peut entendre distinctement des cris de haine, et des bruits d'objets que l'on casse pendant les transmissions. La voix à la radio me glace le sang.
- dans l'appartement d'une vieille dame morte (22 septembre 2006),
La concierge semble si proche de cette vieille dame, que l'on évite les dialogues de circonstances. Nous n'avons plus qu'à attendre les sapeurs pompiers afin qu'ils puissent faire une ouverture de porte dans les règles. Ce que je vais voir derrière cette porte me semble évident, mais j'y suis habitué. Je me vois déjà en train de jeter toute ma panoplie de flic au lave-linge, tant l'odeur de la mort colle. C'est une odeur pesante qui agit sur la conscience, indéfinissable, il faut juste l'avoir déjà respirée pour comprendre. Pour y palier, certains respirent par la bouche, d'autres se mettent des clopes dans le nez ou du Vics à la menthe sous les narines. Moi, j'y vais à l'ancienne.
- pour faire du social (29 septembre 2006),
Comme d'habitude, il faut chercher le nom du requérant sur un interphone gigantesque, et, évidement, le nom à chercher est le dernier de la liste, peu importe dans le sens où vous avez commencé. Et encore, le plus souvent, les noms sont effacés pour éviter à la police de trouver ceux qu'elle vient parfois chercher. Le choix est vite fait, on évite de se taper les 14 étages à pieds, où reposent détritus, excréments, épaves de cyclos,... et on préfère l'ascenceur douteux et grinçant dans lequel une flaque d'urine macère. On appuie sur ce qu'il reste du bouton brûlé au zippo et on patiente durant la montée en lisant les inscriptions intelligentes, taguées au couteau sur les parois.
- pour séparer des couples violents (5 ocotobre 2006).
J'ouvre la porte avec méfiance, l'ambiance est un rien sinistre. La lumière de la chambre est éteinte, et ne fonctionne pas. Un coup de maglite au hasard dans le noir me dévoile des jambes croisées sur un lit. Le mari est allongé tranquillement dessus et semble se satisfaire d'une sieste. On l'invite à se relever et à nous expliquer ce qu'il s'est passé. Il se lève doucement, met ses mains dans les poches. Il s'agit d'une jeune de 24 ans, torse-nu ; il répond calmement : "Allez vous faire foutre, cette grosse pute ne déposera pas plainte." Déconcertant, peu rassurant, mais pas surprenant.
Dommage qu'un blog aussi bien écrit ne continue pas.

Sauf à imaginer qu'il s'agisse d'un canular (est-ce bien un policier qui écrit ?), je ne vois pas dans ces textes de raisons objectives de stopper sa publication.

16.10.06

Addendum à "une brève bien noire"

Quand j'écrivais ceci :
Il ne reste donc plus aux femmes voulant avorter qu'à menacer de se suicider...
Je n'imaginais pas que le cas avait donné lieu à une modification de la loi sur l'avortement en Irlande :
1992. Controverse autour de l'affaire X-Case. Il concerne une jeune fille, mineure, tombée enceinte après viol. Ses parents décidèrent de se rendre en Angleterre pour procéder à l’avortement. Le voyage en Angleterre fut jugé illégal, interdit par le Procureur général qui s’appuya sur l’article 40.3.3 de la Constitution (datant de 1983 et garantissant la vie de l’enfant à naître. L’article défend ce droit, le plaçant à l’égal du droit de la vie de la mère). Suite à cette interdiction, la jeune femme menace d'intenter à sa vie et de se suicider. La cour suprême irlandaise est saisie de l'affaire et rend un jugement en faveur de la plaignante. L'avortement est désormais autorisé pour tous les cas où la vie de la mère est en danger.
Où la réalité rejoins l'humour noir...


14.10.06

Juppé, clairement exprimé

Al1, récemment élu maire, indique sur son blog son émotion de retrouver sa place au chaud et ne se prive pas d'un peu de cynisme :
"Joie, mais aussi conscience de l'obligation de ne pas décevoir la confiance des Bordelaises et des Bordelais, si clairement exprimée." "
C'est sûr que 56% des suffrages exprimés de 42% des électeurs (ce qui fait 23,52% des électeurs), c'est clairement une victoire !

Al1, si 58% des bordelais ne se sont pas déplacés, est-ce :
1) parce qu'il faisait beau ?
2) parce qu'ils voulaient te faire un délicatesse en t'évitant un score à la Chirac ?
3) parce qu'ils s'en tapent ?
4) parce qu'ils préfèrent ne rien exprimer plutôt que d'être vulgaires ?

13.10.06

Nouvelles propositions du candidat autoproclamé de l'UMP pour l'élection présidentielle

Petites phrases du ministre-chef de parti-candidat :
http://www.u-m-p.org/site/GrandDiscoursAffiche.php?IdGrandDiscours=258

De quoi alimenter le site de Débat2007.

De la Nation :
La France est généreuse, la France est tolérante, la France est ouverte. Mais la France ne renoncera pas à son identité, à sa culture, à sa langue.
La France c’est la nation mise au service d’une certaine idée de l’homme, et cette idée de l’homme la France est bien décidée à ne pas la renier.
La France est accueillante mais elle ne veut pas qu’on s’installe chez elle sans respecter ses lois, ses mœurs, ses traditions, ses valeurs.
La France est prête à faire des efforts pour mieux intégrer ceux qui viennent d’ailleurs, pour leur donner des droits, pour lutter par tous les moyens contre les discriminations, contre les ségrégations et contre le racisme. Elle est prête à donner plus à ceux qui ont moins. Elle est prête à promouvoir la diversité partout où elle a du mal à s’imposer. Mais elle ne veut pas accepter le communautarisme. Elle ne veut pas de ceux qui ne la respectent pas. Elle ne veut pas de ceux qui ne l'aiment pas.
La France veut garder vivantes les langues et les cultures d’origine et les langues et les cultures régionales, parce que c’est une richesse et parce que la francité c’est quelque chose en plus, pas quelque chose en moins, une adhésion, pas une amputation.
Mais je n'accepterai jamais qu’il y ait en France des enfants qui n’apprennent pas le Français, qu’il y ait en France des enclaves linguistiques ou des citoyens qui seraient autorisés à utiliser une autre langue que le Français dans leurs rapports avec l’administration.
La France est prête à organiser le dialogue entre l’Etat et les grandes religions, elle veut que tous les croyants puissent prier dans des lieux de culte convenables, elle veut que les croyances de chacun soient respectées, mais elle ne veut renoncer ni à la liberté d’expression - les menaces contre un enseignant sont un scandale - ni à la laïcité. Elle ne veut pas le voile à l’école, ni l’infériorisation des filles, ni les mariages forcés, ni la polygamie, ni l’excision. Elle ne veut pas de la confusion entre le spirituel et le temporel, ni du fanatisme. Elle ne tolérera sur son sol ni les guerres de religions, ni le séparatisme religieux, ni l'extrémisme sous quelque forme que ce soit.
Elle ne reniera pas non plus, il faut avoir le courage de le dire, deux mille ans de chrétienté, deux mille ans d’héritage de valeurs spirituelles et de valeurs de civilisation que notre morale laïque a incorporées et qui sont inscrites dans les valeurs de notre République.
De la décentralisation :

La décentralisation est une nécessité pour que l’action publique se rapproche des citoyens. Parce que les problèmes ne sont pas identiques en Picardie et en Provence, en Alsace et en Aquitaine, à la Réunion et en Martinique. Parce que les priorités ne sont pas les mêmes, parce que les atouts sont différents d’une région à l’autre.

Mais il est hors de question que la France devienne un Etat fédéral. Il est hors de question que renaissent des féodalités locales et des principautés, hors de question que les territoires riches deviennent toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres, ou que la citoyenneté devienne à géométrie variable, hors de question que l’unité nationale et l’égalité qui en est la clé de voûte soient remises en cause par quiconque.
De l'Europe :
La France a besoin de l’Europe, la France veut l’Europe, mais la France ne veut pas que l’Europe se construise contre la nation. La France veut déléguer sa souveraineté pour qu'elle soit exercée en commun parce qu’elle sait bien que toute seule elle n’aura pas les moyens de faire entendre sa voix dans le dialogue des cultures, ni de jouer un rôle décisif dans l’économie globale.
Mais la France ne veut pas par la dérive des jurisprudences et par une interprétation abusive des traités que la démocratie nationale soit vidée de sa substance au profit d’une technocratie communautaire. Elle veut que le principe de subsidiarité soit strictement appliqué et que l’Europe soit un multiplicateur de puissance, non une cause d’affaiblissement.
Elle veut que l’Europe soit une protection, non le cheval de Troie d’une concurrence déloyale.
Elle veut le marché unique et la libre concurrence à l’intérieur de l’Europe mais elle ne peut accepter que l’Union serve de prétexte à tous les dumpings fiscaux et à tous les dumpings sociaux. Elle veut le droit à la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’Europe mais elle ne peut pas tolérer que certains pays négligent le contrôle de leurs frontières ou que d’autres procèdent sans concertation à des régularisations massives d’immigrés clandestins.
Elle veut les règles du libre-échange mais si tout le monde les respecte.
Elle veut être un acteur de la mondialisation mais elle ne veut pas que l’éducation, la santé, la culture, l'agriculture ou l’environnement soient soumis au seul droit du commerce et à la seule loi du profit.
Elle veut tirer des leçons des expériences réussies des autres nations, mais elle ne veut en imiter aucune.
Elle veut être l’amie de tout le monde, mais elle ne veut être la vassale de personne.
Elle veut être idéaliste, mais elle ne veut pas être naïve.
Elle veut être ouverte et accueillante mais elle ne veut pas se dissoudre.

De la réforme de l'Etat :
Il y a beaucoup d’économies à faire dans l’Etat. Mais ce ne sont pas les économies qui feront la réforme, c’est la réforme qui fera les économies. Et c’est la réforme aussi qui fera la croissance.
Depuis 20 ans, on échoue à réformer l’Etat parce que l’on se refuse à y consacrer les moyens nécessaires.
Je propose que soit créé un budget annexe dédié exclusivement à la réforme de l’Etat qui sera abondé par les recettes de privatisation. Je propose que le principe de la gestion de l’Etat soit désormais la productivité et l’efficacité de la dépense publique, et non plus les tours de vis indifférenciés qui accroissent les dysfonctionnements au lieu de les réduire.
Je propose que l’on entreprenne la réforme de l’Etat par l’évaluation des politiques publiques, en supprimant celles qui ne sont pas efficaces ou qui sont contradictoires.
Je propose que l’on supprime tous les organismes, toutes les commissions, tous les comités, tous les observatoires qui ne servent à rien, et qu’on continue de créer à tour de bras pour satisfaire des clientèles ou pour faire croire qu’on est décidé à s’attaquer à des problèmes qu’en réalité on ne veut pas résoudre.
Des fonctionnaires :
On ne refera pas l’Etat sans les fonctionnaires. A fortiori contre eux. Je veux le dire ce soir : je n’aime pas la façon dont on parle des fonctionnaires dans notre pays.
Chercher à opposer les salariés du secteur public à ceux du secteur privé est dangereux.
Chercher à faire des fonctionnaires le boucs émissaires de la faillite des politiques dont ils ne sont en rien responsables est indigne.
Chercher à faire passer les fonctionnaires pour des privilégiés est injuste.
Les fonctionnaires sont comme tout le monde, ils veulent être reconnus et ils veulent être respectés. Ils sont prêts au changement mais ils veulent y être associés.
Les fonctionnaires ont la sécurité de l’emploi, mais ils ont vécu depuis 25 ans la même dégradation de leurs conditions de travail et de leur pouvoir d’achat que tous les autres salariés.
L’ascenseur social est en panne dans le secteur privé. Il l’est aussi dans le secteur public. La promotion interne s’est ensablée dans les contraintes budgétaires et les méandres de la gestion des corps.
Au fonctionnaire qui se sent mal payé, je dis que ma volonté est qu’il y ait moins de fonctionnaires mais qu’ils soient mieux payés et mieux considérés.
Au fonctionnaire qui se sent démotivé parce que ses efforts ne sont jamais récompensés je dis que mon objectif est que le mérite soit reconnu et les gains de productivité partagés.
Au fonctionnaire qui est prisonnier des règles de gestion des corps je dis que mon objectif est de supprimer la gestion par corps pour la remplacer par une gestion par métier qui ouvrira des perspectives de promotion professionnelle beaucoup plus grandes. Je ne veux pas que la seule voie de réussite soit celle des concours et des examens. L'expérience, cela compte aussi.
A l’infirmière qui veut progresser je dis que je veux lui donner la possibilité d’acquérir une formation complémentaire qui lui permette de devenir médecin par la promotion interne si elle en a l'aptitude et la motivation. Je veux par dessus tout qu'elle gagne plus parce qu'elle le mérite.
Au fonctionnaire qui souffre de la désorganisation créée par les 35 heures, en particulier à l’hôpital, je dis que mon objectif est la remise à plat complète des 35 heures dans le secteur public de sorte que ceux qui veulent travailler davantage et gagner davantage aient le droit de le faire.
Au fonctionnaire de police, au professeur, à l'agent hospitalier, au chauffeur de bus, au contrôleur de la SNCF qui se font insulter, agresser, menacer, je dis que cette violence dont ils sont les victimes est inacceptable et qu’elle doit être éradiquée, parce qu’ils ont droit à leur dignité et parce qu’à travers eux c’est à l’autorité de l’Etat qu’on porte atteinte, c’est la République qu’on offense.
Des juges :
Je veux dire aux juges que je veux une justice respectée.
Je veux dire aux juges que je sais à quel point leurs conditions de travail sont difficiles, à quel point leurs moyens matériels et humains sont insuffisants. Je veux leur dire combien la justice à mes yeux est une institution essentielle de la République.
Mais je veux leur dire aussi que dans la République nul ne peut prétendre se soustraire à la critique. Je veux leur dire que l’indépendance de la justice ne peut les exonérer d’avoir à rendre compte au peuple de la manière dont la justice est rendue en son nom. Je veux rappeler qu’ils ont mission d’appliquer la loi, non de la faire. Je veux rappeler qu’ils ont à juger en fonction du droit et non d’une idéologie. Je veux rappeler qu’ils ont pour fonction de rendre justice aux victimes.
Je veux leur dire que je serai toujours à leurs côtés pour défendre l’indépendance de la justice et l’accroissement de ses moyens.
Mais je serai toujours l’adversaire du corporatisme judiciaire, de l’impunité des juges qui ont commis des fautes, d’une justice qui n’aurait d’autre but que d’accorder davantage de considération au délinquant qu’à la victime.
Dans la République, la justice est rendue au nom du peuple.
Je propose qu'en correctionnelle, pour les affaires les plus importantes, on introduise le jury aux côtés des magistrats comme c'est déjà le cas en assises.
De la valeur du travail :
La République pour moi c’est à chacun selon son mérite.
La République pour moi c’est le travail récompensé. C’est le partage des fruits de la croissance. Ce n’est pas tous les profits pour quelques-uns et rien pour tous les autres.
Je le dis comme je le pense : aujourd’hui en France les prix sont trop hauts et les salaires sont trop bas.
L'euro que j'ai voté à masquer une réelle hausse des prix qui pèse sur le pouvoir d'achat, les 35 heures ont empêché la hausse des salaires.
Bloqué entre la concurrence des pays à bas salaires, l'appréciation de l'euro et le chômage de masse, le salarié français ne voit pas le bout du tunnel de la rigueur salariale alors qu'il doit faire face à l'envolée des prix de l'énergie et de l'immobilier.
Je le dis comme je le pense : il y a en France beaucoup trop de travailleurs pauvres c'est à dire qui n'ont pas la récompense de leurs efforts.
La République pour moi ce n’est pas seulement l’augmentation du SMIC comme le proposent les socialistes. C’est l’augmentation des salaires pour tous ceux qui le méritent.
Je propose que les subventions aux nouveaux Etats membres de l'Europe ne puissent pas servir à alimenter le dumping fiscal à l'intérieur de l'Europe. Ils ne peuvent pas être à la fois suffisamment pauvres pour bénéficier des subventions et suffisamment riches pour baisser leurs impôts. La solidarité européenne, ce n'est pas pour moi des pays qui importeraient nos ressources fiscales pour mieux exporter leur chômage.
Je propose que les heures supplémentaires soient exonérées de toutes charges salariales et de tout impôt pour que ceux qui veulent travailler davantage pour gagner plus puissent le faire.
Je propose que le maintien des exonérations de charges pour les entreprises soit dorénavant conditionné à la hausse des salaires et à la revalorisation des grilles de rémunérations fixées par les conventions collectives.
Je propose que la participation soit débloquée pour libérer du pouvoir d'achat et que toutes les entreprises soient incitées à la mettre en œuvre.
Je propose que les plans de stock-options, lorsqu'une entreprise y recourt, concernent obligatoirement l'ensemble des salariés.
Je propose que la prime pour l'emploi revienne à sa vocation d'origine qui était l'incitation au travail et qu'elle ne devienne pas qu'un complément de salaire qui soit un encouragement à la modération salariale.
De la liberté :
La République pour moi c’est la liberté d’aller et de venir sans se faire agresser.
C’est la liberté de choisir sa manière de vivre en fonction de ses aspirations.
C’est la liberté de choisir l’école de ses enfants.
C’est la liberté de travailler plus pour gagner plus ou de travailler moins pour gagner moins.
C’est la liberté pour la femme de choisir d’élever ses enfants et de travailler. C'est pourquoi je propose que toutes les familles de France puissent laisser leurs enfants en études dirigées après les cours sur la base du volontariat et que ces derniers rentrent à la maison leurs devoirs faits.
C’est la liberté d’entreprendre.
C’est la liberté de léguer à ses enfants le fruit de son travail.
C’est l’augmentation du pouvoir d’achat parce que le pauvre n’est pas libre.
C’est l’emploi parce que le chômeur n’est pas libre.
C’est l’effort personnel comme contrepartie de l’aide parce que l’assisté n’est pas libre.
C’est l’éducation et la culture pour chacun parce que l’ignorant n’est pas libre.
De l'égalité :
La République pour moi c’est l’égalité réelle qui n'est pas l'égalitarisme comme condition de la liberté.
Comment peut-on encore parler de République quand le destin de l’enfant est à ce point déterminé par le quartier où il est né ?
Comment peut-on parler de République quand l’origine ethnique constitue à ce point un obstacle à l’ascension sociale ?
Comment parler de la République au fils de harki, à l’enfant noir ou au fils de l’immigré maghrébin qui mesure le peu de chances qu’il a d’accéder un jour à des postes de responsabilités ou même simplement de trouver un emploi ?
Comment parler de la République à ceux dont les enfants se font racketter à l’école et qui ont peur de sortir de chez eux parce qu’ils subissent la loi des bandes et des caïds ?
Comment faire aimer la République à tous ceux qu’elle laisse à l’écart : travailleurs pauvres, mères qui élèvent seules leurs enfants, ruraux qui voient partir tous les services publics, agriculteurs à la pension de retraite dérisoire, ouvriers de l’industrie en concurrence avec la main d’œuvre bon marché du Tiers-Monde, jeunes qui mettent des années à accéder à un emploi stable, personnes âgées abandonnées à leur solitude ?
Comment faire espérer dans une République qui continuerait à tenir si peu ses promesses ?
Je ne me résigne pas à ce qui serait un désastre.
Je veux l’égalité des chances pour tous.
C'est pour cela que je propose à la jeunesse des internats d’excellence, des classes de 15 élèves dans les banlieues défavorisées, les devoirs faits à l’école, le droit à la formation tout au long de la vie, le droit à la deuxième chance, le droit à la première expérience professionnelle, le droit à la création. Et le plus important peut-être : le droit pour tous à une éducation d’excellence.
Parce que l’élitisme républicain a toujours fait davantage pour la promotion sociale que le nivellement et l'égalitarisme.

Je veux un Etat exemplaire en matière d'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes et on est encore bien loin du compte.
Je veux que dans les conseils d'administration des entreprises publiques il y ait au moins 50% de femmes. Je veux que le principe de la parité tel qu'il s'applique à la politique s'applique aussi aux représentants du personnel dans les entreprises.

De la culture :
Parce qu’il n’y a pas plus grand mépris vis-à-vis d’une partie de la jeunesse que de la croire indigne des grandes œuvres de l’esprit, et de la culture la plus exigeante.
Je veux la culture pour chacun, parce la culture c’est la clé de l’égalité des chances.
De l'éducation :
J’ai proposé aussi la suppression de la carte scolaire parce qu’elle favorise la ségrégation sociale. On m'a répondu que c’était injuste et anti républicain. Comme si ce n’était pas plutôt d’obliger les enfants de familles modestes à fréquenter des écoles qui concentrent tous les handicaps sociaux qui était profondément injuste et anti républicain !
Des services publics :
Je veux l’égalité des territoires devant le service public. Je veux que les services publics reviennent dans les quartiers en difficulté.
Je veux que les services publics restent présents dans les zones rurales.
Des retraites :
Je veux qu’il y ait plus d’égalité et de justice dans les retraites.
La nécessaire réforme des régimes spéciaux doit être l’occasion de mieux prendre en compte la pénibilité réelle du travail.
Je veux que le temps passé à l'éducation des enfants soit intégralement pris en compte pour le calcul des retraites, que les femmes aient continué de travailler en les élevant ou qu'elles aient cessé de travailler pour les élever.
De la condition des femmes :
Je veux que les femmes qui ont cessé longtemps de travailler pour élever leurs enfant et qui se séparent de leur mari soient davantage aidées pour retrouver un emploi.
Je veux que les femmes au chômage qui cherchent un emploi aient le droit de faire garder leurs enfants comme les femmes qui travaillent.
Je veux que la violence conjugale soit plus durement réprimée et que les femmes qui en sont victimes soient mieux accompagnées.
Je veux répéter qu'aucune coutume, aucune culture d'origine, aucune pratique religieuse ne saurait en France autoriser quiconque à proclamer l'infériorité intrinsèque de la femme. Je veux que partout en France les femmes soient libres de se promener en jupe, libres de vivre comme elles l'entendent, libres de se marier à leur guise.

Des nouveaux droits :
Qu’il s’agisse de l’hébergement d’urgence, du logement, de la garde des enfants, de la dépendance des personnes âgées, cela n'avance pas assez vite.
Il faut passer des droits virtuels aux droits réels.
Je propose que l'on passe de l'obligation de moyens à l'obligation de résultats. Parce que la question en politique ce n'est pas de savoir si oui ou non on a fait tout ce qu'on a pu pour résoudre un problème mais de savoir si oui ou non on l'a résolu.
Je propose que pour chaque droit nouveau une collectivité responsable soit désignée, de sorte que la responsabilité politique soit clairement établie.
Je propose que les citoyens puissent faire valoir leurs droits devant les tribunaux face aux collectivités ou aux institutions qui ne se seraient pas donné les moyens de rendre effectifs les droits dont elles sont responsables. Sinon il ne se passera rien parce que tout le monde continuera à ne pas se sentir concerné.
Pour faire cesser cette honte de ceux qui n'ont rien et sont condamnés à dormir sur les trottoirs, je propose que le droit à l'hébergement devienne opposable devant les tribunaux et que les collectivités publiques concernées disposent de deux ans pour créer les places nécessaires pour accueillir ceux qui n'ont même pas un toit pour s'abriter.
Pour que ceux qui travaillent ou qui ont travaillé toute leur vie aient la possibilité de se loger dignement, pour que le jeune qui gagne le SMIC ne soit pas obligé d'habiter indéfiniment chez ses parents, je propose qu'au bout de cinq à dix ans le droit au logement devienne opposable de façon à créer une forte incitation à construire des logements manquants là où ils sont nécessaires pour que tous les français puissent trouver un toit.
Pour faire cesser la situation insupportable de la mère qui travaille, qui élève seule ses enfants et qui n'arrive pas à les faire garder, je propose que le droit de faire garder ses enfants quand on travaille ou quand on est à la recherche d'un emploi devienne opposable au bout de cinq ans afin d'obliger tout le monde à créer au plus vite les capacités d'accueil nécessaires.
Pour faire cesser le scandale des personnes âgées condamnées à mourir dans la solitude parce que tout le monde s'est désintéressé de leur sort et pour que la dépendance puisse être prise en charge dans la dignité, je propose que le droit à la prise en charge de la dépendance devienne opposable au bout de cinq ans pour qu'enfin l'effort de la nation en faveur des personnes âgées soit à la hauteur des enjeux.

9.10.06

Election de Juppé : les bordelais offrent deux leçons de démocratie

Ainsi, le meilleur d'entre eux est parvenu à ses fins.

Et les bordelais ont administré au monde non pas une, mais bien deux leçons de démocratie.

Première leçon, un citoyen qui a payé sa dette peut retrouver sa place dans la société.

C'est un immense signal d'espoir envoyé aux dizaine de milliers de personnes actuellement sous le coup d'une peine de prison, éventuellement avec sursis. Une fois celle-ci achevée, ils pourront sans problème se réinsérer, car la société est prête à les accueillir à bras ouverts, en tous cas à Bordeaux.

Deuxième leçon, c'est une leçon de délicatesse démocratique qu'ont administré les bordelais.

En effet, seuls 4 citoyens sur 10 sont allés voter, ce qui a permis de limiter la victoire du chef droit dans ses bottes à un petit 56%. Il va sans dire que si les 6 autres 10èmes s'étaient déplacés, la victoire de l'énarque aurait été beaucoup plus élevée. Les bordelais ont au moins eu la délicatesse d'éviter au Premier Ministre démis une victoire à la Chirac.

8.10.06

Conseillers municipaux UMP bordelais : laquais !

Pour ceux qui doutaient de l'état d'esprit dans lequel les élus UMP ont accepter de céder leur siège au meilleur d'entre eux, regardons sans pleurer la liste soumise au vote des bordelais :
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M. Hugues MARTIN
Mme Eliane BON
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M. Alexis BANAYAN,
Mme Mireille BRACQ
M. Claude BOCCHIO
Mme Françoise BRUNET
M. Jean-Charles BRON
Mme Marie-Claude CARLE DE LA FAILLE
M. Bruno CANOVAS
Mme Anne CASTANET
M. Didier Cazabonne
Mme Michelle DARCHE
M. Charles CAZENAVE
Mme Laurence DESSERTINE
M. Jean-Louis DAVID
Mme Sonia DUBOURG-LAVROFF
M. Stéphan DELAUX
Mme Véronique FAYET
M. Dominique DUCASSOU
Mme Marie-Christine GUITER-ROCH
M. Michel Duchène
Mme Carole JORDA-DEDIEU
M. Jean-Michel GAUTE
Mme Françoise MASSIE
M. Jean-Marc GAUZERE
Mme Nadine MAU
M. Guillaume HENIN
Mme Martine MOULIN-BOUDARD
M. Jean-Paul JAUFFRET
Mme Ana De OLIVIERA-POMMET
M. Pierre LOTHAIRE
Mme Chrystèle PALVADEAU
M. Jean MERCHERZ
Mme Muriel PARCELIER
M. Alain MOGA
Mme Colette PUJO
M. Alain PETIT
Mme Elizabeth TOUTON
M. Henri PONS
Mme Elisabeth VIGNE
M. Joël QUANCARD
Mme Anne WALRYCK
M. Patrick SIMON
Mme Anne-Marie CAZALET
M. Jacques VALADE
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M. Jean-Didier BANNEL
M. Jean DESSAUT
M. Jacques PISCAREL
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Mme Florence RAFFARD
Mme Brigitte COLLET
Dans cette liste, j'ai remplacé les noms des nouveaux entrants par des ---.

En tête de liste, bien entendu, l'exilé politique au Canada.

Derrière, en rangs serrés, dans des positions éligibles, les conseillers sortants, ravis de suivre leur maître et de retrouver leur gamelle...

Un bémol pour les carrières de certains : on en trouve, certes peu, mais on en trouve en fin de liste dans des positions à très faible probabilité d'éligibilité.

Et mention spéciale à M. MAURIN, qui s'est tout simplement fait lourder, sauf volonté manifeste de sa part...

Et dire que je râle contre les hommes politiques et la piètre image qu'ils donnent des fonctions de représentation !

Et le pire, c'est que tout à l'heure, j'apprendrai que crâne d'oeuf est élu. De quoi rendre neurasténique le moins démocrate des piliers de bar. Mais de cela, visiblement, l'UMP bordelais s'en contrefout !

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5.10.06

Bereno : un inspecteur du travail censuré

J'apprends que le blog de Bereno, fermé depuis quelques jours, a en fait été fermé suite à un ordre venu du sommet de sa hiérarchie

Fermeture immédiate, donc, sans même un mot à destination des nombreux lecteurs, dont je fais partie.

Bereno avait déjà été menacé de fermer, suite à une délation (dénonciation en vue de nuire). Mais il avait poursuivi son oeuvre d'information, très intéressante, même s'il pouvait parfois donner l'impression de ne relater qu'à charge envers les patrons, malgré quelques billets décrivant des entrepreneurs consciencieux et ouverts à l'application des règles du droit du travail.

J'ai choisi de reprendre ici le billet anniversaire de son blog, publié il y a peu, dans lequel Bereno expliquait sa démarche et donnait quelques chiffres sur la fréquentation de son blog.

15 septembre 2006

Un an de blog.

Un an, cela fera très exactement un an demain que j'ai créé ce blog. Certes, il s'en est fallu de peu qu'il disparaisse définitivement au printemps dernier. Mais finalement encouragé par vos messages de soutien, je décidais de continuer à m'exprimer par ce moyen de communication, refusant de céder aux pressions de quelques-uns qui espéraient très fort m'imposer le silence.

Je vous adresse donc chers lecteurs toute ma gratitude et mes plus chaleureux remerciements pour l'intérêt que vous portez à ce blog. J'en profite également pour remercier Le Monde.fr d'avoir inséré ce blog parmi les "Invités du Monde", ce qui eut pour effet d'accroître significativement le nombre de lecteurs: plus de 250 000 "Pages vues" et quelques 13 000 visiteurs en moyenne par semaine.

Je me réjouis également que ce blog soit aussi un espace d'échanges, de confrontations de points de vue, parfois très divergents, sur le monde du travail. Plus de 3000 commentaires depuis la création du blog, manifestement les situations décrites ne laissent pas indifférent . J'adresse un merci appuyé à ceux qui prennent un peu de leur temps pour déposer un ou plusieurs commentaires et contribuer ainsi au débat.

Quelques commentaires n'ont pas été publiés, c'est vrai. En effet, lorsque des noms sont cités, lorsque les écrits sont insultants ou diffamatoires ou lorsque cela n'a aucun lien, de loin ou de prêt, avec la note, je ne fais pas apparaître le commentaire. Je suis responsable de ce blog y compris des réactions des lecteurs et je ne tiens pas à me retrouver devant un tribunal pour un délit de diffamation.

Enfin, je présente mes excuses aux lecteurs qui me sollicitaient en vue d'obtenir des renseignements sur leurs droits pour des affaires les concernant et auxquels je n'ai pas apporté de réponse.Je comprends leur attente mais je ne puis répondre à chacun par manque de temps. Aussi , j'invite les personnes souhaitant des précisions sur leurs droits à prendre contact avec le Service des Renseignement en droit du travail qui existe dans chaque DDTEFP...c'est gratuit et le renseignement délivré est de qualité (vive le service public !).

Au terme de cette année, ma motivation à poursuivre ce blog est entière. Il est indispensable de témoigner sur une certaine réalité du monde du travail qui n'est pas toujours (hélas) synonyme d'épanouissement de la personne. Les souffrances physiques et psychiques sont également une réalité de l'entreprise auxquelles sont confrontés quotidiennement de plus en plus de travailleurs.

Le droit du travail, au nom de l'efficacité économique, du libéralisme, de la compétitivité des entreprises, de la lutte contre le chômage, évolue vers plus de précarité, de flexibilité, de régimes dérogatoires (travail du dimanche,temps de travail...). Le mal-être au travail est réel, souvent subi en silence (le collectif au sein du monde du travail s'amenuise)...Les agents de l'inspection du travail, tout comme les médecins du travail, recueillent l'expression de ces souffrances. Ce sont celles-ci que je vais continuer à vous décrire et à dénoncer...Merci encore.


Et un autre billet qui donne le ton des écrits de Bereno (le passage en gras est d'origine) :

21 avril 2006

Centre d'appels...sur écoute.


Premier contrôle dans ce centre d'appel . L'entreprise A. occupe aujourd'hui 46 salariés dont une grande majorité de femmes. Quarante téléacteurs se répartissent sur deux plateaux. Ils tentent de décrocher des rendez-vous pour des conseillers
financiers spécialisés en défiscalisation.

En consultant le registre du personnel, je m'aperçois d'un important mouvement de main d'oeuvre...Beaucoup de démissions dès la première semaine de travail. Les lettres de démission évoquent le stress, la fatigue nerveuse qui ont contraint des salariés à jeter l'éponge au bout de quelques jours.

Surprise: tous les salariés sont recrutés sous contrat à durée indéterminée...mais tous à temps partiel, sur une base de 20 heures hebdomadaires.

La rémunération est constituée d'un salaire de base correspondant au SMIC auquel s'ajoute une prime qui est fonction du nombre de rendez-vous qui débouchent effectivement sur un premier entretien entre le conseiller financier et le prospect. Du 1er au 59ème rendez-vous: 1 euro le rendezvous, du 60ème au 80 ème: 4 euros, du 81ème au 100ème: 6 euros, du 101ème au 150 ème: 9 euros
et au-delà de 150: 11 euros.

Pour motiver les troupes et fixer implicitement un objectif, on précise dans le contrat que le niveau moyen de "production" constaté est de 60 rendez-vous payables pris par mois.

Puis, le contrat stipule que le salarié téléacteur "pourra faire l'objet d'une écoute téléphonique active de ses communications avec les prospects, ceci afin de garantir la qualité des prestations de la société vis-à-vis des prospects. Cette écoute sera réalisée par les responsables d'équipe".

Le salarié "déclare en accepté le principe". ...En réalité, pas vraiment l'opportunité de s'y opposer.

Les locaux sont très corrects si ce n'est l'absence de local vestiaire et un nombre insuffisant de WC.

Les postes de travail sur les plateaux techniques ne sont pas à la pointe de l'ergonomie: absence d'écran plat, l'unité centrale horizontale est posée sur chaque plan de travail ce qui encombre les bureaux collés les uns aux autres mais séparés latéralement par de petites cloisons de bois . Les écrans situés près de la baie vitrée reçoivent des reflets lumineux et génère une fatigue visuelle.

Une salariée s'exprime, elle évoque le stress, la fatigue que ce type d'activité apparemment anodine engendre...Elle regrette de ne pas disposer d'un poste isolé afin de na pas entendre ses collègues qui l'entourent...Les voix , les sons qui se mêlent et qui parviennent à ses oreilles, lorsqu'elle est en conversation téléphonique, la déconcentrent.

Stress, tension nerveuse,...le lot quotidien de nombreux salariés.

21 avril 2006 | Lien permanent | Commentaires (31)

Liberté d'expression et critique de l'Islam

Un prof de philo parvient à faire publier son opinion dans Le Figaro et la machine s'emballe. Liberté d'expression contre obscurantisme religieux, voilà un beau marronier qu'il convient d'arroser.

Quelles sont les thèses de ce prof, qui use de sa liberté d'expression ?

Premièrement, l'Islam tenterait d'imposer sa vision supposée de la société à la société française et même à l'ensemble de "l'Occident", selon le terme de ce prof. "L'Occident" serait cette part du monde peuplée par "l'Occidental", forcément héritier du christianisme, pour qui forcément "l'autre doit toujours passer avant". A contrario, l'Islam, opposé à l'Occident et donc au Christianisme, ne serait qu'ignominie, niant "la générosité, l'ouverture d'esprit, la tolérance, la douceur, la liberté de la femme et des moeurs, les valeurs démocratiques."

Deuxièmement, l'Islam serait par nature violent, car son livre fondateur, le Coran "est un livre d'inouïe violence". La figure du prophète Mahomet que choisit de retenir notre provocateur est celle d'un "chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame". La nuance est donc de mise. A contrario, le Christianisme, et en particulier l'Eglise, seraient non-violent, du fait du message d'amour universel du Christ. Ce que notre plumitif choisit de résumer par : "Jésus est un maître d'amour, Mahomet un maître de haine".

Conclusion de notre énervé : "Comme aux temps de la guerre froide, violence et intimidation sont les voies utilisées par une idéologie à vocation hégémonique, l'islam, pour poser sa chape de plomb sur le monde. [...] Comme en ces temps-là, il faut appeler l'Occident «le monde libre» par rapport à au monde musulman, et comme en ces temps-là les adversaires de ce «monde libre», fonctionnaires zélés de l'oeil du Coran, pullulent en son sein".

Commentaires personnels

Ce prof, aujourd'hui menacé de mort de façon suffisamment sérieuse semble-t'il pour le mettre sous protection de la police en un lieu secret, de façon hypermédiatisée, ce prof n'apporte donc aucune idée nouvelle. D'une part, le choc des civilisations est le titre d'un ouvrage de Samuel P. Huntington, publié en 1993, et qui sert, depuis 2001 notamment, de support à la géopolitique américaine. D'autre part, l'idée que le Coran est un texte violent et que l'islam est une religion de conquête traîne dans l'esprit européen depuis fort longtemps. Il n'est pas rare d'entendre dire que l'Hégire débute en 622 et que 110 ans plus tard, les arabes (= les musulmans, pour ces esprits simples) étaient déjà à Poitiers !

Le texte du philosophe est volontairement provocateur. On pourrait penser que l'auteur a voulu avant tout faire parler de lui par un moyen facile : appuyer sur les tensions. Le constat de tensions entre Islam et Occident est globalement faux, pourtant, puisque seuls les extrêmistes islamistes, les fondamentalistes, ont pour unique projet politique d'étendre l'emprise de l'Islam sur le monde entier, et pratiquent pour cela la violence, sur leurs peuples mêmes, puisqu'ils se disent en guerre (en guerre sainte, de plus, comme aux temps de nos croisades). Il est donc facile de mettre en évidence des tensions, ou de présenter les choses dans le sens d'une présence supposée de tension ("les strings interdits à Paris-plage" !) pour appuyer un propos par ailleurs fumeux.

Car "l'Islam", pas plus que "l'Occident", ne recouvre aucune réalité. Quels points communs, entre les musulmans de France de toutes confession ? Quels points communs entre l'Islam laïc turc et l'Islam fondamentaliste iranien ? Quels points communs entre l'Arabie Saoudite et l'Indonésie ? L'Islam n'existe pas en lui-même, puisque le Coran n'est pas interprété partout et par tous de la même manière. Seuls les musulmans existent, dans leur très grande diversité, loin des schémas de pensée d'un penseur de pacotille. Sans compter les personnes de culture musulmane qui ne sont pas croyants. L' "Occident" ? Quel Occident ? Celui construit sur le christianisme ou sur les Lumières ? Sur les Rois élus de Dieu ou sur les citoyens élus du peuple ? Sur les Croisades, les conversions forcées de la colonisation, les massacres des protestants ?

La Bible, lue sous l'angle d'un prof borné, peut également devenir un livre dangereux. Au nom de la Bible et du Christ soi disant non violent, des guerres ont été menées, des armées levées, et des atrocités commises. De la même façon qu'aujourd'hui, au nom de l'Islam, certains instrumentent des pauvres et des démunis pour les convaincre que l'ennemi c'est "l'Occident", assimilant comme le fait notre persécuté l'ensembles des habitants de l'Europe et de l'Amérique à un seul et même individu, niant comme le fait ce prof les différences entre les individus et l'existence de modes de pensée hors de la religion (athées, agnostiques, libre-penseurs véritables).

Attaquer l'Islam comme une entité unique, forcément violente et ennemie, est stupide.
Penser l'Occident comme une entité unique, forcément chrétienne et non-violente, est imbécile.
Il faut dénoncer ces simplifications de la pensée, qui fournisse des armes aux manipulateurs anti-musulmans qui peuplent nos contrées. De là à penser que l'auteur de la tribune est lui-même anti-musulman, il y a un pas que certains ont fait, mais que personnellement je me garderais bien de faire. Je me contente d'affirmer que la tribune de ce prof est simplement inepte et idiote, ce qui est mon droit le plus strict.

Mais malgré l'idiotie crasse de ces propos, il doit pourtant être permis de les proférer. Il n'y a pas d'insulte (même si certains ont pu être choqués personnellement, en tant que musulmans, d'être assimilés à des violents), il n'y a pas de diffamation (personne n'est visé nommément, à part Mahomet, qui ne peut se défendre), il n'y a donc pas illégalité. C'est donc en toute confiance que le Figaro ouvre ses colonnes.

Les réactions outrées de certains fanatiques ont conduit à des menaces de mort. Il faut dénoncer cela vigoureusement. Nul ne doit être menacé pour des propos, qui s'ils ne sont pas anodins, n'en sont pas moins tout à fait légaux.


3.10.06

Relire ses classiques

Il est bon de relire de temps en temps ses classiques, à savoir l'un des textes fondateurs de l'ère moderne : la déclaration universelle des droits de l'homme.

Ainsi, à l'article 13, on peut lire :

1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.

2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.

Ainsi, tenter de légiférer en passant des accords avec les pays d'émigration (comme le Sénégal récemment) pour que ceux-ci tentent d'empêcher le départ de leurs ressortissants est contraire à la Déclaration.

De même à l'article 20, on lit :

1. Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.

2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.

Ainsi, la proposition d'obliger les salariés à adhérer à un syndicat est problématique vis-à-vis de la Déclaration.