20.12.06

Rétrolien : La maladie des coûts

Econoclaste nous explique ce qu'est cette "maladie" :
C'est cela, la maladie des coûts : sans que l'on puisse en imputer la responsabilité à qui que ce soit, certains services intensifs en main d'oeuvre vont toujours coûter plus cher pour un service identique, sous l'effet du progrès technique dans les autres secteurs d'activité.
En gros, et pour ce que j'en retiens :

1) certains secteurs peuvent augmenter leur productivité de façon extrêmemement importante, d'autres pas.,
2) Une grande productivité implique une hausse des salaires dans ces secteurs (pour ma part, je n'ai pas compris le mécanisme, mais supposons que ce soit le cas)
3) Il se produit une distosion de revenus entre les gens qui travaillent dans les secteurs à forte productivité et les autres,
4) Les salariés des secteurs peu productifs souhaitent alors rattraper les autres, et la hausse de revenus implique un coût supérieur pour les consommateurs,
5) Les consommateurs ne sont pas contents de payer plus pour un service équivalent, alors qu'ils sont heureux de payer moins pour un meilleur service.

Conclusion : la maladie des coûts !

Comme par hasard, il se trouve que les secteurs qui peuvent le moins augmenter la productivité se trouvent être des activités de service, dont les services publics.

D'après l'analyse précédente, ces services coûteront forcément plus chers, du fait des gains de productivité dans le reste de l'économie, mais les consommateurs ne l'accepteront pas forcément, alors que la seule façon de diminuer le coût reste alors de fournir un service moindre...

Quelques questions :
1°) Pourquoi la productivité meilleure entraîne t'elle des salaires meilleurs ?
2°) Pourquoi, si la productivité rend malade des coûts, encourager la productivité ?

14.12.06

Pronostic électoral (1)

Petit jeu de pronostic sur le résultat des élections présidentielles :

Entre l'effet "vote utile", la bipolarisation instaurée par les médias et les conséquences de l'élection précédente, il y a quelques paramètres à prendre en compte.

Globalement, je pronostique les scores suivants au premier tour :

Royal : 16 - 21 % soit entre 6 et 7,5 millions de voix
Sarkozy : 13 - 18 % soit entre 4,6 et 6,5 millions de voix
Le Pen : 15 - 20 % soit entre 5,5 et 7,2 millions de voix
Bayrou : 4 - 9 % soit entre 1,2 et 3,2 millions de voix
Villiers : ~1 % ~ 350 000 voix
Laguiller : 1 - 2 % entre 300 000 et 700 000 voix
Voynet : 2 - 4 % entre 700 000 et 1,5 million de voix
Alters et/ou PC : 2 - 5 % entre 700 000 et 1,8 million de voix
Liberaux : 1 - 2 % entre 300 000 et 700 000 voix (si candidats)

Et au second :
Royal gagne face à Le Pen : 67/33
Sarkozy gagne face à la Pen : 75/25
Royal face à Sarkozy : 50/50

En pronostiquant cela, je tiens compte du matraquage médiatique et, finalement, joue le jeu des médias puisque je pronostique la victoire d'un des poulains du PAF... Désolant, mais c'est mon pronostic : la victoire des médias !

Rétrolien : Enseignements d’un hoax médiatique

Des Bulles analyse(nt ?) les conséquences du surprenant coup monté de la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF), annonçant par une émission spéciale rien de moins que la sécession de la Flandre !
Le plus fort, c’est que cette action a fait coup double : non seulement elle a imposé le débat sur une question politique problématique qui est celle de l’avenir de la Belgique (j’y viens) mais (surtout, presque) elle a implicitement mis le doigt sur un autre problème politique encore plus problématique et dont, surtout il n’est quasiment jamais question, qui est celui du rôle politique des médias. Dans un des forums sur lesquels je me suis balladé ce soir, il y avait un internaute qui,scandalisé, écrivait ceci : « Je trouve que l’émission de la rtbf est une grave manipulation de l’opinion. Cela prouve à quel point les médias et en particulier la télévision peuvent être dangereux pour la démocratie. » Bien vu ! Les médias et en particulier la télévision peuvent être dangereux pour la démocratie. Voilà une évidence qu’elle est bonne à dire. Bon, ce n’est certainement pas avec ce genre de canular qu’elle est dangereuse, la télévision, bien au contraire puisqu’elle suscite avec cette initiative une intense réflexion critique. C’est justement tout le reste du temps, quand elle endort de sa petite musique lancinante, quand elle ment par omission, quand elle manipule réellement l’opinion publique, ce qu’elle fait chaque jour, que la télévision est dangereuse. Si tous ceux qui se sont laissés berner ce soir pouvaient prendre conscience du fait qu’on les abuse si facilement, pouvaient réaliser à quelle point leur passivité devant l’information est devenue dangereuse, et développer en conséquence quelques défenses critiques face au contenu médiatique qu’ils absorbent, s’ils pouvaient commencer à recouper l’information, à ne pas prendre pour argent comptant tout ce que dit la télévison, l’acquis serait tout simplement énorme.

Pour tout cela, on peut tirer un grand coup de chapeau aux journalistes de la RTBF, qui ont mérité du service public.
Inutile de dire que je partage totalement ce point du vue.


8.12.06

Marre d'entendre : "Travailler plus pour gagner plus" !

L'UMP, dans son projet, ainsi que le candidat UMP autoproclamé et ses sbires, répètent tel un mantra qu'il faudrait permettre aux français de "travailler plus pour gagner plus".

Le slogan est prometteur, car il laisse entrevoir aux salariés un meilleur salaire et donc un meilleur pouvoir d'achats.

Mais comme tout slogan, il est simpliste. Et pour tout dire, il est même trompeur.

Ce que vise ce slogan, c'est à remettre en cause les 35 heures, plaie béante dans l'économie nationale selon l'UMP. Mesure coûteuse, inutile, n'ayant pas créé d'emplois, ayant détruit les perspectives de croissance, etc. Les 35 heures ont le dos large.

Face à l'apocalypse promise si les 35 heures sont maintenues, le slogan invite à travailler plus.

Fort bien. Mais comment ?

Qui à l'UMP s'arrêtera cinq minutes d'annôner son mantra pour expliquer comment en pratique fera le salarié qui le souhaitera, puisque c'est ainsi que la chose est présentée, pour travailler plus ?

Il se lèvera le matin et ira voir son employeur, son hiérarchique, son DRH, ou tout autre personne responsable de son emploi du temps et lui demandera d'un ton badin :
"Tiens, aujourd'hui, y'a rien à la télé et mes gosses sont chez leur mère, je bosserais bien jusqu'à 20 heures, comme çà je pourrais, je sais pas, je pourrais me payer un ticket de loto de plus, comme çà, tiens."

Que pourra donc répondre l'employeur face à tant de bonne volonté ?

"Mais bien sûr, mon brave, tenez, il y a là quelques pièces métalliques qui attendent d'être meulées et fraisées, faites donc, usinez autant que vous le souhaitez, vous serez bien rétribué pour cette tâche."

Et à cet instant là, heureux, le salarié saura que son employeur ne lui veut que du bien et rémunèrera son travail supplémentaire par un salaire plus important.

Je ne voudrais pas faire mon Mélenchon, mais tout de même, est-ce que quelqu'un à l'UMP sait comment fonctionne une entreprise ?

Le principe, vous allez le voir, est extrêmement simple. L'entreprise a des commandes, elle a de la charge, les employés travaillent à hauteur de la durée légale. Si le nombre d'hommes.heures est insuffisant, des heures supplémentaires sont nécessaires. Elles sont soient demandées aux salariés habituels, soit demandées à des salariés supplémentaires, en intérim si la surcharge est temporaire, ou embauchés plus durablement si l'activité est pérenne.

Quand la charge diminue, les intérimaires disparaissent, les heures sups dispairaissent. Si la charge diminue encore des emplois plus stables disparaissent.

A aucun moment, le salarié n'est en position de choisir quoi que ce soit. Il dépend d'une part de la charge effective de travail dont l'entreprise a besoin, et d'autre part de la quantité de travail que le gestionnaire souhaite lui confier.

Mais à aucun moment, je le répète, le salarié n'est en position de demander quoi que ce soit. S'il souhaite faire des heures sups, il peut toujours les demander, mais il faut 1) qu'il y ait de la charge, 2) que ce soit lui qui soit chargé de réaliser la charge supplémentaire.

Le salarié est en position de subordination. Il ne choisit pas son temps de travail, il ne choisit pas ses horaires, il ne choisit pas son poste de travail, il subit.

L'instauration du CNE et l'idée d'un CDI unique proposée par l'UMP vont d'ailleurs dans le sens d'une flexibilité accrue du travail, dans lequel le salarié sera encore moins en position de demander quoi que ce soit.

Travailler plus, pourquoi pas ?

Pour cela, il faut des commandes supplémentaires, et limiter les gains de productivité. Car le souci est aussi que les 35 heures ont permis des gains de productivité très importants. On peut donc penser que face à une surcharge de travail, des gains de productivité supplémentaires pourraient permettre d'absorber la charge, sans qu'il soit nécessaire de travailler plus longtemps. Sauf à penser que travailler plus signifie également travailler plus vite ?

N'étant pas économiste, je me garderais bien d'analyser finement les moyens disponibles pour créer plus de besoin de travailleurs en France. La plupart des commentateurs et des politiques semblent d'accord sur le fait qu'il faut créer de la croissance pour tirer l'économie. Est-ce une absurdité ? Où est la poule, où est l'oeuf ?

Un principe pourtant, pourrait être de stimuler la demande par des grands travaux, au niveau national ou européen. Ces grands travaux pourraient concerner l'environnement : creusement de canaux pour développer le transport fluvial, soutien aux énergies renouvellables (solaire, thermique, éolien, construction...). Ils pourraient aussi concerner l'espace : la mise en route d'un programme spatial de grande ampleur visant à coloniser la Lune peut paraître délirante, mais elle est très certainement génératrice d'activités à haute valeur ajoutée et d'emplois.

Gagner plus, pourquoi pas ?

Le plus simple est alors sans doute d'augmenter les salaires, ce que peut faire l'Etat puisqu'il est employeur de millions de fonctionnaires et que d'autre part il est maître du montant du salaire minimum. Voilà deux façons simples d'augmenter les salaires.

Oui, mais ce ne serait pas pour travailler plus, me direz-vous. Certes, mais dans le cas des fonctionnaires, cette mesure est prévue par l'UMP, qui souhaite mieux rémunérer moins de fonctionnaires. A périmètre constant, il faudra bien qu'ils travaillent plus.

Pour les salariés du privé, seule la négociation de branche peut permettre de relever les salaires. Le niveau du dialogue social en France laisse penser que ce n'est pas une voie prometteuse.


En conclusion, le slogan "travailler plus pour gagner plus" ne peut être présenté comme une mesure visant à rendre les salariés maîtres individuellement de leur niveau de salaire. C'est mensonger.

Rétrolien : le législateur est responsable donc le juge est coupable

Je trouve ici un billet très bien construit concernant les récents propos de M. Sarkozy (encore lui !) concernant le président du tribunal pour enfants de Bobigny, décidément très critiqué par le ministre.

Dans l'émission « A vous de juger », Nicolas Sarkozy, s'adressant à M. Bruno THOUZELLIER, nouveau Président de l'Union Syndicale des Magistrats, a tenu les propos suivants :

« Je n'ai pas parlé de la démission de tous les magistrats. J'ai parlé du président du tribunal pour enfants de Bobigny dont la stratégie est bien connue depuis des années, elle consiste à refuser obstinément de punir et de sanctionner des mineurs multirécidivistes dans son département. Ainsi monsieur le président et ce n'est pas polémique, ce sont des faits que je donne. Ainsi monsieur le président, en 27 nuits d'émeutes en Seine-Saint-Denis, il y a eu une décision d'emprisonnement. Alors à ce moment-là, je comprends très bien que ce monsieur, que je respecte par ailleurs, ait une stratégie pénale qui consiste à faire confiance et à refuser de punir, mais dans ce cas-là qu'on ne le laisse pas à la tête du premier tribunal pour mineurs, dans un département si difficile. Et en disant et j'en termine, je n'ai pas le sentiment monsieur le président, je vous demande de me croire, de manquer de respect à vos collègues. Je n'ai pas le sentiment d'intenter à l'indépendance de la justice (...) »

Relever les erreurs (volontaires) du discours du candidat UMP autoproclamé concernant le tribunal de Bobigny est utile, mais ne saurait faire oublier leur objectif électoraliste.

Le message est simple : la justice, selon l'actuel ministre de l'intérieur, doit être impitoyable avec les mineurs délinquant. Et pour cela, il faut virer les juges laxistes et éventuellement modifier (une fois de plus !) l'ordonnance de 45.

Toute réflexion est inutile face à un discours aussi simpliste. Je vous encourage cependant à poursuivre dans cette activité de démystification.

Que les juges du siège soient là pour faire appliquer la loi décidée par le législatif, donc la loi modifiable (et modifiée déjà plusieurs fois !) par le ministre de l'intérieur lui-même par projet de loi est sans doute trop complexe pour le candidat UMP...

Car en filigranes, il s'agit bien de dire : "en tant que ministre de l'intérieur je n'ai pas les moyens de ma politique, donnez moi le pouvoir exécutif et vous verrez ce que vous verrez !". C'est pitoyable, car cela démontre une fois de plus la méconnaissance des institutions du candidat UMP.

Pour mémoire :
Article 64 de la Constitution :

Le Président de la République est garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire.

Il est assisté par le Conseil Supérieur de la Magistrature.

Une loi organique porte statut des magistrats.

Les magistrats du siège sont inamovibles.

Il suffit de rapprocher ce texte de ce que le ministre candidat affirme pour comprendre qu'il n'est tout simplement pas fait pour cette fonction !

Enfin, signalons le détournement suivant qui me trouble profondément :
" Je n'ai pas parlé de la démission de tous les MINISTRES. J'ai parlé du MINISTRE DE L'INTERIEUR dont la stratégie est bien connue depuis des années, elle consiste à refuser obstinément D'ADMETTRE QUE L'ORDONNANCE DE 1945 S'APPLIQUE pour les mineurs multirécidivistes. Ainsi monsieur le président et ce n'est pas polémique, ce sont des faits que je donne. Ainsi monsieur le président, en 27 nuits d'émeutes en Seine-Saint-Denis, SE SONT TOUTES DEROULEES MALGRE LA MULITPLICATION DES TEXTES SECURITAIRES. Alors à ce moment-là, je comprends très bien que ce monsieur, que je respecte par ailleurs, ait une stratégie qui consiste à punir, mais dans ce cas-là qu¹on ne le laisse pas à la tête du MINISTERE DE L'INTERIEUR, dans un département MINISTERIEL si difficile. Et en disant et j'en termine, je n'ai pas le sentiment monsieur le président, je vous demande de me croire, de manquer de respect à vos collègues. Je n'ai pas le sentiment d'intenter à L'HONNEUR DE L'EXECUTIF.

4.12.06

TVA à 5,5% pour la restauration ? Chiche !

Sarkozy promet la baisse de la TVAà 5,5% dans la restauration.

Chiche !

Comment donc notre futur président de la France d'après compte t'il convaincre les allemands de céder sur ce point ?
Comment va t'il convaincre Merkel de permettre à la France de faire le contraire de ce qu'elle souhaite pour l'Allemagne ?
Quelles concessions vont être faites aux autres pays pour obtenir cette baisse de la TVA ?

Rappelons tout de même que cette promesse date un peu, puisqu'on la trouve dans le projet de loi de finances pour 2004 :
Article 69 :

Taux réduit de la taxe sur la valeur ajoutée sur la restauration

Dans les quatre mois suivant l'entrée en vigueur de la directive incluant les services de restauration dans l'annexe H à la directive 77/388/CEE du Conseil du 17 mai 1977, une loi fixera les conditions dans lesquelles ces services seront soumis au taux prévu à l'article 279 du code général des impôts.

Exposé des motifs :

Conformément à ses engagements, le Gouvernement entend mettre en œuvre le taux réduit à 5,5 % dans le secteur de la restauration dès que l'Union européenne l'aura définitivement autorisé.

Ce que l'UMIH, l'Union des Métiers des Industries de l'Hôtellerie commente en ces termes :

L’UMIH qui combat depuis dix ans pour que l’égalité fiscale soit rétablie, est satisfaite de cette décision.

C’est une bonne décision qui va dans le sens de la croissance de l’économie en France.

L’emploi est notre première priorité. Le secteur crée 15 000 emplois par an. Les besoins sont énormes : on évalue à 40 000 emplois supplémentaires la première année. L’embauche connaît de telle difficulté que les professionnels disposeront d’une bouffée d’oxygène pour augmenter les salaires, attirer les jeunes dans nos métiers et les garder en les formant.

Les baisses de prix pratiqués par les établissements qui sont en situation de concurrence défavorable seront ressenties par les clients.

Les investissements seront aussi nécessaires pour améliorer la sécurité sanitaire et alimentaire dans les établissements.

Les premiers bénéficiaires sont les 600 000 salariés du secteur et tous ceux qui voudront s’épanouir dans nos métiers grâce à des nouveaux accords entre les partenaires sociaux.
La baisse de la TVA est donc censée profiter aux clients, aux investissements et aux salariés, dans cet ordre.

Amusant. Pour ma part, les échanges que j'ai pu avoir avec des restaurateurs sur le sujet m'indiquent plutôt que la baisse de la TVA ne sera pas répercutée sur les prix, donc que le consommateur restera le dindon de la farce.

D'autre part, si les prix ne baissent pas suite à la baisse de la TVA, les clients ne viendront pas plus, donc les recettes resteront peu ou prou les mêmes, ce qui ne permettra pas vraiment d'investissements et surtout pas de meilleurs salaires.

Tout cela vaut-il le coup de se mettre l'Europe à dos pour le bénéfice politique d'un seul homme ?