28.11.06

Peaux noires et maillots bleus : commentaires

Suite aux propos de M. Frêche, commentés dans le billet précédent, M. Boli, sociologue et M. Ndiaye, historien, ont donné un point de vue dans le Monde.

Je partage totalement leur analyse et souscrit à leur conclusion, qui rejoint le questionnement de la fin de mon billet précédent, sans toutefois entériner leur jugement sur M. Frêche, que je considère pour ma part comme un dangereux maladroit plutôt que comme un raciste convaincu.

Que disent MM. Boli et Ndiaye ?
Il est vrai qu'il existe de nombreux sportifs noirs dans des sports en vue, et qu'ils sont même majoritaires dans notre équipe nationale de football. Ce n'est pas être raciste que de le dire. La constatation faite, et admise, il faut l'expliquer.



Merci messieurs de me rejoindre sur ce constat.

Depuis l'entre-deux-guerres, la composition des équipes nationales de football a épousé l'histoire des migrations
[...]L'apport des ressortissants d'Afrique noire francophone dans la génération actuelle des équipes de France est net. [...]La forte présence de joueurs noirs sous le maillot bleu est donc liée aux vagues migratoires des quarante dernières années, en provenance de l'ancien empire colonial.
[...]

Absolument. Le football, sport populaire, est le reflet des classes populaires, car ils représent pour les enfants de ces classes un rêve d'accession sociale.

Pour Georges Frêche, il semble exister une contradiction entre le fait d'appartenir à une sélection nationale et celui d'être noir. Pour lui, les joueurs noirs de l'équipe de France sont des intrus, à demi-français, à admettre en petit nombre.
Non, je ne pense pas que ce soit cela qu'il faut comprendre des propos de M. Frêche. Mais je comprend qu'ils aient pu être compris ainsi.

Dès le début du XXe siècle, on essaya d'expliquer l'apparition de sportifs noirs de haut niveau par des facteurs biologiques. [...] Au sein du football américain, les quarterbacks (meneurs de jeu) sont rarement noirs, tandis que les joueurs qui courent le plus (les wild receivers par exemple) le sont presque toujours : dans le premier cas, les qualités de stratège sont valorisées ; dans le second ce sont les qualités athlétiques qui priment. Les processus de sélection orientent les uns et les autres vers des spécialités différentes en fonction de stéréotypes raciaux.

Voilà le meilleur argument : les processus de sélection, mis en oeuvre par les "dominants", donc plutôt les blancs, fonctionnent sur des stéréotypes raciaux, conscients ou non.

Si de plus on constate que la sociologie des populations pauvres et sportives implique corrélativement une plus grande proportion de descendants d'immigrés, le résultat est celui qu'on observe.

Par contre, je ne sais pas si le même raisonnement vaut pour le football. Qui organise le jeu en équipe de France de football ?

ce n'est pas du côté de la biologie que l'on a trouvé, ou que l'on trouvera, une explication valable aux succès des athlètes noirs, mais du côté de l'organisation des sociétés, des opportunités socio-économiques, des structures sportives et de l'histoire de l'immigration. Pour beaucoup d'enfants noirs, le sport constitue un moyen de réussite sociale, et la réussite des aînés peut les conforter dans l'idée qu'il est un lieu où les discriminations raciales n'ont pas cours. Mais rares sont ceux qui accèdent à la gloire.

Complètement d'accord avec cette analyse.

Que M. Frêche se rassure donc : la forte présence de footballeurs noirs sous le maillot bleu n'est qu'un moment de l'histoire sociale de notre pays et des grands courants migratoires internationaux. "L'invasion noire" à laquelle il fait implicitement allusion témoigne d'une inquiétude soupçonneuse à l'égard des minorités visibles, comme si celles-ci devaient éternellement prouver qu'elles sont bien françaises.
Non, ce paragraphe est inutile à mon sens. M. Frêche ne fait pas référence à une "invasion noire". Ces termes, et même cette idée, ne sont pas dans ses propos. Attention à ne pas tomber dans la caricature !

Et puis, les Noirs ne sont pas trop nombreux à l'Assemblée nationale, au gouvernement, dans les conseils d'administration, dans les universités et les grandes écoles, n'est-ce pas ? Les Noirs sont situés dans les échelons les plus modestes de la société, et, pour eux, les réussites des équipes de France d'athlétisme, de basket et de football constituent une occasion de fierté et d'identification nationale. Par les temps qui courent, ce n'est pas rien !

Conclusion pessimiste : pourquoi les français noirs de peau devraient-ils se contenter de briller en sport, quand les bancs des assemblées et des conseils d'administration sont si uniformément blancs et mâles ? Pourquoi les noirs (sans majuscule, pourquoi une majuscule ?) devraient-ils rester dans les échelons les plus modestes de la société ?


17.11.06

Frêche a raison : il y a beaucoup de noirs en équipe de France

Ainsi, on demande à exclure Georges Frêche du PS.

Marrant. L'instrumentalisationest en marche.

Déjà sur les harkis, la présentation avait conduit à généraliser la position de Frêche, qui ne visait que certaines personnes.

Et aujourd'hui, on lui reproche quoi ? De faire le constat qu'il y a beaucoup de noirs en équipe de France de foot ? Tout le monde peut le faire : il y a beaucoup de noirs en équipe de France de football. Mais on veut nous faire gober qu'il a dit "trop de noirs", ce qu'il n'a pas dit. Seul Le Pen l'a dit.

Beaucoup de noirs, beaucoup plus que la simple proportion de noirs dans la société française, est-ce une faute de le constater ? Bien entendu, le nombre de joueurs noirs n'a aucune importance, mais ce simple constat est-il inutile ?

Lors du dernier match, France - Grèce, il y avait 13 joueurs noirs dans la liste des joueurs :
W.GALLAS, L.THURAM, E.ABIDAL, P.EVRA, F.MALOUDA, P.VIEIRA, C.MAKELELE, A.DIARRA, T.HENRY, L.SAHA, N.ANELKA, S.WILTORD, R.MAVUBA.

La question que soulève Frêche, avec son franc-parler, est la suivante : pourquoi les noirs réussissent mieux en foot ? Parce qu'ils sont meilleurs ? Ou parce que le vivier de footeux est avant tout constitué de gamins défavorisés, donc malheureusement plutôt d'origine étrangère dans notre pays (Ah ! Zidane !) ?

N'est-ce pas là une excellente question sociétale, qui mérite mieux qu'un clouage au pilori ?

16.11.06

Présentation du projet de l'UMP pour 2007 (2)

Après le premier épisode d'hier, voici mes commentaires d'un autre engagement de l'UMP.

Il s'agit du volet institutionnel, qui me tient à coeur.

Notre 3ème engagement, c'est un Etat qui marche bien, un Etat respecté et moderne.
Trois axes donc : amélioration du fonctionnement de l'Etat, du respect de l'Etat et modernisation de l'Etat. On attend donc des modifications institutionnelles, organisationnelles et quelques changements du côtés des administrations et des fonctionnaires.
Dans cette perspective, l'UMP se prononce en faveur d'institutions plus efficaces, plus transparentes et plus participatives.
Efficacité, transparence, participation des citoyens : de bons mots-clefs. Comment cela est-il mis en place dans le projet UMP ?
Le nombre de mandats successifs du Président de la République devrait être limité à deux.
On y revient ! Cette limitation avait été envisagée lors du passage au quiquennat en 2000, mais n'avait pas été retenue. Cette disposition fait immanquablement penser au cas Etats-Unien, vers lequel louche sans s'en cacher le chef de l'UMP...

On peut se demander d'ailleurs pourquoi limiter cette mesure au Président, et pas aux autres représentants élus. Limiter le renouvellement est une condition de rajeunissement, de dynamisme, d'ouverture aux minorités, qu'il serait bon de promouvoir, dans une démocratie moderne.

On pourrait, également, comme je le réclame ici depuis longtemps, limiter le cumul des mandats.
Il serait entouré de deux conseils stratégiques : l’un relatif aux affaires étrangères, à la défense et à la sécurité intérieure, l’autre relatif au développement durable et à la lutte contre le changement climatique.
La encore, on se tourne vers la maison blanche. Mais sur le fond, au-delà de l'effet cosmétique de ces conseils, il n'est pas inintéressant de créer des structures fortes dans l'exécutif permettant d'être conseillé et de réagir rapidement en cas de crise. Ces structures existent sans doute déjà mais ne sont pas officielles.
Le Premier ministre conduirait l’action de 15 ministres dont les compétences seraient fixées dans une loi organique afin de mettre un terme aux changements permanents de structures gouvernementales. Deux grands ministères nouveaux seraient créés parce qu’ils répondent à deux défis majeurs du siècle : un ministère de l’immigration et de l’intégration et un grand ministère du développement durable réunissant l’environnement, l’énergie, l’équipement, les transports et la prévention des risques industriels.
Réduire à 15 ministres, pourquoi pas. Une équipe resserrée travaille peut-être plus efficacement. Mais dans ce cas, il ne faut aps qu'en conrtepartie le nombre de sous-ministres augmente.

D'autre part, si le périmètre d'action de l'Etat reste constant, cela signifie ue chaque ministère aura plus de boulot. Comment concilie t'on cela avec l'efficacité demandée ? En augmentant les effectifs de chaque ministère ou en diminuant le périmètre de chacun ?
Parallèlement, les pouvoirs du Parlement doivent être renforcés à travers la procédure d’élaboration des textes législatifs et à travers ses moyens de contrôle. Nous militons en faveur d'une dose de proportionnelle au Sénat afin que tous les partis politiques y soient représentés.
Renforcer les pouvoirs du Parlement est une excellente idée. Mais pas qu'en matière d'élaboration des textes. Il faut donner plus de pouvoirs de contrôle et d'investigation au Parlement.
En matière législative, c'est avant tout le règlement de l'Assemblée qu'il faut modifier. L'ordre du jour ne doit pas être fixé par l'éxécutif. Un équilibre doit être trouvé entre le temps de débat sur les projets de lois (gouvernementaux) et les propositions de lois (parlementaires). Actuellement, le Parlement ne débat quasiment plus que des projets de loi, sans laisser beaucoup de place à l'initiative parlementaire.

Il faut également limiter la possibilité pour l'exécutif de ne pas publier de décrets d'applications. Il suffit de donner un délai pour cela, ou de supprimer la possibilité de prévoir des décrets d'application dans la loi.

Modifier la composition du Sénat ? Cosmétique également. Si on veut que la représentativité du Parlement soit plus élevée, il faut plus de proportionnelle partout, même à l'Assemblée. Pourquoi prôner le bipartisme dans une assemblée et la diversité dans l'autre ? Sans compter que les sénateurs sont élus parmis les élus, et que les élus sont peu représentatifs de la diversité des partis (peu d'élus FN, peu d'élus alter, peu d'élus PC, UDF ou verts, et surreprésentation du PS et de l'UMP).
Cette clarification de notre démocratie politique doit aller de pair avec une rénovation de notre démocratie sociale. Dans la France du XXIème siècle que nous voulons, l'impulsion politique doit être enrichie par des consensus qui doivent se négocier sur le terrain. L’Etat interviendra moins, mais mieux. Une loi organique lui fera obligation de laisser au maximum les partenaires sociaux, dont la représentativité sera renforcée, régler les problèmes relevant de leurs compétences. Avec les limites nécessaires à la protection des salariés, c’est à l’échelon des entreprises que le dialogue social pourra organiser au mieux la vie des salariés dans l’entreprise.
Quelle clarification ? Les mesurettes précédentes ? C'est peu modeste.

Voilà la réponse à mon interrogation sur le nombre de ministère : il y aura moins d'Etat.

Le dialogue social à l'échelon des entreprises ? Etonnant, car ce sont plutôt les branches qui négocient. Enfin, il ne faut pas oublier que la très grande majorité des entreprises est de trop petite taille pour avoir ne serait-ce qu'un représentant du personnel. De plus, l'instauration du CNE, qui permet de ne pas compter les embauchés de moins de 27 ans dans les effectifs (jusqu'en 2007, certes), réduit le champ des entreprises ayant la taille minimale pour une représentation, donc des négociations.
Dans le cadre de cette démocratie plus vivante, 10% du corps électoral pourront demander au Parlement de se prononcer sur un problème et soumettre au référendum la suppression d’un texte existant. Les citoyens pourront également saisir le Conseil constitutionnel par la voie de l’exception.
Un peu de démocratie participative, ce n'est pas un mal. 10% du corps électoral, cela fait environ 4 millions d'électeurs. Un seuil relativement élevé. La durée du contrôle de la volonté de ces millions de gens risque de tuer la mesure.

"Se prononcer sur un problème" : la formulation est curieuse. On ne pourra pas demander au parlement de se prononcer sur quelquechose qui fait consensus ? Se prononcer, est-ce décider quelquechose ? Est-ce proposer une loi ? Est-ce voter un texte qui prenne en compte la revendication des 10% ? Est-ce simplement faire une déclaration sur ce sujet, suivie éventuellement d'un vote du Parlement ?
Parce que l'Etat doit être la vitrine de la France qui se rénove et se mobilise, il faut gérer nos finances publiques de façon responsable. Le contrat de législature fixera l’objectif de ramener en cinq ans le poids de la dette publique sous la barre des 60% du PIB. Si nous voulons par ailleurs pouvoir réduire d’au moins un point l’écart entre notre taux de prélèvements obligatoires et la moyenne des autres pays de l’Union (qui est aujourd’hui de quatre points), cela implique de limiter la progression des dépenses publiques à 1,5%, en volume, sur l’ensemble de la législature. Pour y parvenir, une révision générale des politiques publiques est indispensable.
Ramener en 5 ans le poids de la dette sous les 60% du PIB ? Donc se mettre enfin en conformité avec nos obligations européennes ? Bravo.
Réduire l'écart du taux de prélèvement pour rentrer dans le rang de la moyenne européenne ? Pourquoi ? Pour faire comme les autres ? Le niveau de prélèvements est à mettre en regard des services proposés. Sinon, cela n'a aucun sens.
De toutes façons, avec le moins d'Etat proposé plus haut, il ne devrait pas être difficile de diminuer les dépenses publiques et donc de limiter les prélèvements obligatoires...
Un pacte de progrès avec les fonctionnaires doit être noué. Pour nous, ils devraient être moins nombreux mais mieux payés. Ceux qui voudront travailler plus pour gagner davantage pourront le faire, ce qui permettra d’améliorer la qualité du service rendu aux usagers, notamment aux heures qui correspondent aux besoins des familles. La fonction publique sera organisée par métiers plutôt que par corps, afin de permettre une vraie mobilité de carrière.
Moins de fonctionnaires, mais mieux payés ? Les fonctionnaires sont-ils vraiment mal payés, au regard des avantages du fonctionnariat ? Le discours misérabiliste ne prend pas. Seuls les catégories C sont vraiment mal payés, mais ils relèvent également du niveau bac ou inférieur, et ne seraient sans doute pas m. ieux payés dans le privé, avec les icnonvénients du secteur concurrentiel.

"Ceux qui voudront travailler plus, etc." Ce mantra commence à me taper sur les nerfs. Les fonctionnaires, comme les salariés du privé, NE CHOISISSENT PAS la durée de leur service. Elle leur est IMPOSEE par leur hiérarchie ! S'il manque du monde, il faut des heures sups. S'il y a trop de monde, pas d'heures sups. C'est aussi simple que çà, et je m'amuserais beaucoup de voir un fonctionnaire aller demander des heures sups dans un service en sous-charge.

Organisation par métier et suppression des corps ? Pourquoi pas, dans la mesure où cela permettra de mieux évoluer entre les différents métiers, plutôt que d'être confiné dans un corps sans possibilité de mouvement. La mobilité des fonctionnaires doit être encouragée, sur la base du volontariat.

Mais d'autres mesures permettraient d'améliorer les services publics :
- amplitudes d'ouverture des administrations augmentées,
- opérations à distance,
- coordination nationale des administrations régionales...
La loi créera une obligation de service minimum garanti en cas de grève. Enfin, pour placer les pouvoirs publics et l’administration dans l'obligation d'agir, nous rendrons opposables devant la justice un certain nombre de droits, comme le droit à une solution de garde de son enfant ou le droit de tout enfant handicapé d’être scolarisé dans l’école de son quartier.
Le service minimum, un serpent de mer. Comment rendre le service minimum compatible avec le droit de grève individuel ? Si le taux de gréviste est de 90%, il sera difficile de faire tourner les services, même au ralenti, sauf à réquisitionner les fonctionnaires, ce qui est illégal face à la notion de droit de grève définie internationalement. Seule une organisation en amont peut permettre de passer en douceur relative le moment de la grève.

Rendre de nouveaux droits sociaux opposables ? Très bien, mais cela ne coûtera rien à l'Etat, si ce n'est de doter la justice de plus de moyens, car le nombre de conflits augmentera mécaniquement. La garde d'enfants dépend des communes, et les établissements scolaires des communes, départements et régions. N'est-il pas curieux d'obliger ces collectivités à accueillir des gamins sans leur fournir les financements qui vont avec ? Ce n'est quand même pas parce que 20 régions sont à gauche ?

14.11.06

Présentation du projet de l'UMP pour 2007 (1)

François Fillon, conseiller politique en charge du projet, a présenté aujourd'hui le projet UMP pour 2007, année électorale.

Je commence mes commentaires par le 6ème engagement, qui parle de la "valeur travail".
Notre 6ème engagement, c'est la valorisation du travail

Notre objectif, c'est le plein emploi. C'est un espoir possible dès lors que s'impose l'éloge du travail et du mérite et que nous sommes décidés à agir fortement et différemment.
L'éloge du travail ? Tout un poème...

Quelles sont nos propositions ?
Entrons dans le vif du sujet.
Pour augmenter notre compétitivité et le pouvoir d'achat des français, nous voulons offrir aux salariés du privé comme aux fonctionnaires le droit et le pouvoir de travailler plus pour gagner plus. Toute heure supplémentaire et toute RTT convertie en temps de travail seront exonérées de charges sociales et d’impôt sur le revenu car nous voulons créer un choc immédiat en faveur des revenus du travail.
Cà commence bien. Exonérations de charges sur les heures sups et même exonération d'IR. A noter que la suppression de la taxation des revenus des heures sups est nouvelle et semble venir équilibrer le cadeau fait aux entreprises des heures sups gratuites.

Toutefois, il a déjà été dit souvent, ici et ailleurs, que ce ne sont pas les salariés qui choisissent de faire des heures sups ou pas. Elles leur sont imposées, sans possibilité de les refuser, sauf peut-être dans le public (je pense aux profs, qui peuvent refuser au-delà de 2 heures sups). D'autre part, les heures sups sont actuellement payées plus chers que les heures normales. Cela restera t'il le cas ?

Il faut donc une bonne dose de culot pour présenter les choses sous cet angle positif.
Pour donner plus de fluidité au marché de l'emploi, nous proposons de mettre en place un nouveau contrat de travail à durée indéterminée qui sera plus souple pour les entreprises, car la période d'essai sera plus longue, et plus sécurisant pour les salariés car leurs droits augmenteront avec le temps.
Encore une proposition sympathique. CPE pour tous pour plus de fluidité. L'UMP se souvient-elle que la durée de la période d'essai doit être proportionnée et qu'une décision judiciaire a déjà indiqué qu'une période d'essai de 2 ans contredit le droit européen ?

D'autre part, il est amusant de constater que ce contrat serait plus sécurisant. Il n'y a qu'à se référer à mes nombreux billets sur le CPE pour comprendre qu'il n'y a rien de sécurisant à voir sa période d'essai allongée, avec le corrolaire qu'il n'y a pas de motif à donner pour licencier.
Pour assurer la sécurité et la motivation des demandeurs d'emploi, nous suggérons de fusionner l'ANPE et l'UNEDIC et nous proposons surtout "l'assurance salaire et retour à l'emploi" qui permettra au chômeur de conserver l’essentiel de sa rémunération sous la condition de respecter des exigences de formation et les offres d'emploi correspondantes. Ce dispositif original fera l'objet d'une négociation approfondie avec les partenaires sociaux.
Fusionner l'ANPE et l'UNEDIC, pourquoi pas ? La division entre ceux qui aident à trouver un emploi et ceux qui payent est assez difficile à comprendre.

Pour le reste, le PARE (Plan d'Aide au Retour à l'Emploi) permet déjà d'appliquer des conditions de formation et de réponses à des offres sous peine de radiation. Rien d'original là-dedans, si ce n'est qu'on peut comprendre qu'il s'agira de mettre encore plus de pression sur les feignasses de chômeurs.
Pour marquer la différence entre les revenus du travail et ceux de l'assistance, les aides locales ( cantines, transport, logement…) seraient attribuées sous condition de ressources et non sous condition de statut car la famille qui se lève tôt le matin pour aller "bosser" ne doit pas avoir le sentiment d'être lésée par celle qui, cumulant les aides et allocations, n'en ressent plus la nécessité.
Tiens, d'ailleurs, les voilà les feignasses d'assistés qui ne "ressentent plus le besoin" de se lever pour aller bosser. C'est vrai que le niveau des aides sociales est tellement élevé en France qu'on comprend que des familles entières choisissent de sortir du monde du travail pour vivre des rentes fournies par l'Etat sans contrôle et pour une durée illimitée... Ce serait marrant si c'était un sketch...
Pour booster nos PME qui constituent le vivier de nos emplois, nous proposons d'expérimenter pendant deux ans une suspension des seuils qui actuellement dissuade (sic ! les seuils qui dissuadent ?) bien des entreprises de s'agrandir et nous suggérons de leur réserver une partie des marchés publics.
Réserver des marchés aux PME ? L'UMP demande donc que Bouygues, Alstom, Veolia et consorts regardent leurs fournisseurs leur manger leurs marchés ? A moins que ces mêmes groupes envoient dans les marchés réservés aux PME une ou plusieurs de leurs filiales ? Bref, en plus d'aller à l'encontre de la concurrence libre et non faussée prônée par ailleurs, cette mesure n'empêchera pas les conglomérats de capter ces marchés. Inutile et démago, cette proposition vise avant tout à séduire l'électorat des très nombreux entrepreneurs de TPE et PME.

Je note aussi la volonté de faire jeune en utilisant le terme "booster", qui est curieux dans la bouche d'un ministre issu du même parti que Jacques Toubon, célèbre pour sa loi sur la protection de la langue française. Rappel : "booster" peut avantageusement être remplacé par aider, soutenir, favoriser, assister, conforter, défendre, donner la main, encourager, épauler, étayer, favoriser, fortifier, guider, lancer, pousser, conforter, renforcer, soutenir...
Toutes ces mesures pour revaloriser le travail nécessitent une véritable réconciliation des Français avec leurs entreprises. Pour nous, l’association du capital et du travail n’a pas pris une ride, et c'est pourquoi nous voulons créer un dispositif incitatif pour les entreprises de moins de 50 salariés pour qu’elles mettent en place, elles aussi, un régime de participation. Celle ci constitue un partage du profit au même titre que les dividendes. Il n’est donc pas normal que, contrairement à eux, elle soit bloquée. Nous supprimerons donc la condition de blocage de la participation et procéderons à un déblocage progressif du capital des Français actuellement stérilisé. Cela représente près de 25 milliards d’euros mobilisables en faveur du pouvoir d’achat.
La participation est bloquée pour 5 ans, et peut-être pour 3 ans suite à une loi du début de l'année dont je n'arrive pas à retrouver la trace. A noter que cette suppression de tout délai a été abandonnée par l'UMP lors de la discussion récente de cette loi. Pourquoi donc la remettre sur le tapis ?

Sur le fond, il faudrait rappeler ici pourquoi la participation est bloquée.

Stérilisée ? Cela ne manque pas de style, mais les sommes allouées à la participation et bloquées ne sont pas stériles ! Elles travaillent, puisqu'elles sont investies et gérées sans risques (SICAV le plus souvent) . Ces sommes servent donc à l'investissement.
Au nom de l'éthique et de la confiance économique, nous proposons d'encadrer les conditions dans lesquelles les dirigeants d’entreprises peuvent bénéficier de « retraites chapeau » ou de « golden parachutes ». Quant à l’attribution de stock options, elle devra être couplée à l’ouverture de plans d’actionnariat au bénéfice des salariés.
Un peu de démagogie encore : encadrer les bonus faramineux des dirigeants.
Et stocks options pour tous. Plutôt que de rémunérer les heures sups, les salariés attendront de pouvoir exercer leurs options, qu'on leur aura distribuées pour que les dirigeants puissent en obtenir des milliers de fois plus.
L'UMP, mesdames et messieurs, veut la société du plein emploi, et il l'entend là stimuler à travers une stratégie de croissance fondée :

- sur une fiscalité maîtrisée, pesant moins sur le travail, mais également, à moyen terme, pesant moins sur les entreprises ( notamment à travers la suppression de l'imposition forfaitaire annuelle et la réforme de la taxe professionnelle ) ;

- sur un investissement public réenclenché et mieux ciblé, à l'exemple des pôles de compétitivité ;

- sur un Etat modernisé, maîtrisant ses dépenses et rationalisant le remplacement des fonctionnaires partant à la retraite, les économies dégagées devant être affectées, pour partie, à la réduction des déficits ;

- et enfin sur une action en faveur du pouvoir d'achat. Il faut agir sur le coût du logement en poursuivant l'effort actuel de construction, en modulant les aides au logement en fonction des loyers réellement versés par les ménages et en engageant une large politique d’accès à la propriété. Il faut également agir sur le prix des biens de consommation en poursuivant la réduction des marges arrière et la déconcentration du secteur de la grande distribution.
En résumé :
- moins de rentrées fiscales,
- moins de dépenses publiques,
- moins de fonctionnaires,
- pour moins de dette,
- et plus de pouvoir d'achat.

Quant à la question des salaires nous préconisons deux actions principales :

- celle, je l'ai dit, sur les heures supplémentaires. Je rappelle que quatre heures de travail supplémentaires, rémunérées 10% de plus et exonérées de charges sociales et fiscales, c’est 15% de salaire net en plus immédiatement ;

- celle de l'élargissement de la grille des rémunérations, notamment en réservant les allègements de charges aux branches qui actualisent la grille de leurs salaires.

Alors, sortons la calculette.
35 heures font un salaire S.
4 heures sups, çà fait 39 heures, payées 10% de plus par heure, çà fait 4,4 heures, donc 39,4 heures, soit un salaire de 39,4/35*S = 1,126 S. Donc augmentation de 12,6 % en salaire brut.


Pas étonnant que notre perception de la beauté soit déformée (2ème épisode)

Suite au premier opus ici, voici maintenant le deuxième épisode, à partir d'un site effrayant :

http://www.glennferon.com/portfolio1/index.html

Pas une ride, pas un pli, pas un sein qui tombe, pas une fesse molle... Et pas de vieille !

Exemples frappants :
Une vieille peau ?
Deux soeurs au soleil ?
N'est-elle pas déjà très jolie avant retouche ?
Poitrines, lumière et robinet...
Poitrines, lumière et ... dessus de lit !

Bref, prenez n'importe quelle photo, et vous pourrez paraître jeune et belle, grâce au talent de Glenn...

Navrant.

13.11.06

De l'apparition des videos partagées dans la campagne politique

La mise en ligne de videos montrant Ségolène Royal tenant divers propos en contradiction avec sa ligne officielle ou avec e projet socialiste est l'occasion de faire le point sur ce nouveau phénomène : la mise en lignes de videos à caractère politique.

Déjà en vogue aux Etats-Unis d'Amérique, où de nombreuses videos ont circulé pendant la campagne des élections de mi-mandat, dont la plus connue reste sans doute celle de Michel J. Fox à propos des cellules souches, la mise en ligne de video dans un but militant est nouvelle en France.

Quel usage ?

Pourquoi mettre en ligne de telles videos ? L'usage peut être multiple : soutien à un candidat, montages d'images d'archives, pastiches, morceaux "off"... Ses usages semblent pour l'instant limités à critiquer les candidats, à les montrer sous un jour qui ne leur est pas favorable.

On connaissait les montages anti-sarko. Au-delà des usages finalement assez potaches, on voit avec la video de Royal parlant des profs aux 35 heures que l'objectif d'une telle mise en ligne peut aussi servir un autre intérêt, celui de porter à la connaissance du public des informations qu'il n'aura pas par les canaux habituels. Voilà donc les images anti-ségo.

Quel intérêt ?

On peut se demander quel intérêt il y a pour les citoyens à pouvoir découvrir ces images non officielles, non contrôlées par les protagonistes. Dans le cas emblématique de Royal, il ne s'agit pas de "off", il ne s'agit pas de caméras de télé, il s'agit d'une vidéo amateur, destinée à on ne sait quoi. Pourquoi en effet filmer ces discussions ? Pour les archives du PS ? La question reste actuellement sans réponse.

Un intérêt supposé serait de permettre aux gens d'atteindre une plus grande transparence dans les débats, en voyant la vraie image des politiques. Je ne partage pas ce point de vue. Dans tout échange informel, dans toute réunion, il y a des points de vue divers, des échanges plus ou moins vifs, des prises de position iconoclastes ou ironiques, des dérapages ou des avocats du diable. Tout cela pour permettre à la discussion d'avancer ou tout simplement pour atteindre un but personnel du locuteur : stratégie de positionnement dans la discussion (je suis de ce camp, ou je prétend l'être), trancher les débats (c'est comme çà et pas autrement en ce qui me concerne), ouvrir la discussion, choquer pour faire réagir, etc. Les outils langagiers sont nombreux et sont tour à tour utilisés dans toute discussion.

Filmer les débats n'est pas forcément utile, mais surtout, ne peut être mis à disposition de personnes n'ayant pas participé aux dits débats qu'avec d'énormes précautions de contextualisation.
Ce n'est pas parce qu'on a une image d'Untel disant ceci que Untel pense ceci ou qu'il ne défendra pas le contraire en toute bonne foi, dans la mesure ou l'image en question rentre dans un processus de discussion ou des outils de language tels que le second degré, l'ironie, la reformulation (qu'on songe aux racailles de Sarkozy, reprenant les termes d'une habitante !) ou autre est utilisée.

Quels dérives ?

Ne jamais oublier que derrière tout émetteur il y a un objectif, un but, une volonté.

La personne qui met en ligne une video le fait avec une intention, qu'il convient de décrypter. Dans le cas de Royal, il s'agit manifestement de la mettre en difficultés face aux enseignants, votant traditionnellement plutôt à gauche.
Dans le cas des videos anti-sarko le message est également clair.

Mais sur le fond, il faut s'interroger.
Il y a une différence entre réaliser un montage à charge à partir d'images officielles (propagande interne, images télés) et mettre en ligne un film amateur.

La mise en ligne d'images non contrôlées par les protagonistes est-elle vraiment utile ? Je pense que non, dans la mesure où ces images ne bénéficient d'aucun contexte pertinent. On ne sait pas, dans un document amateur, dans quelles conditions les images ont été tournées. On ne sait pas pourquoi les personnes filmées ont tenu les propos qu'on voit. Les règles habituelles du jeu médiatique sont abolies.

Il ne faut pas en profiter pour se passer de règles.

Pour qu'un tel document soit intéressant, il faut de nouvelles règles :
1) savoir qui filme :
Qui tient la caméra, qui est-il ? Cela permet de comprendre la couleur du regard. Un militant UMP et un militant PS dans une réunion du PS ne filmeront pas la même chose, ni ne monteront leur film de la même façon.
2) savoir pourquoi il filme :
Quelle est l'intention avouée du réalisateur ?
3) savoir dans quelles conditions il filme :
A l'insu des acteurs ? En ayant leur accord ? En ayant seulement signifié la présence d'une caméra ?
3) savoir qui met la video en ligne :
Est-ce ll'auteur ? Est-ce une autre personne ?
4) savoir pourquoi elle est mise en ligne.
Quel est l'objectif avoué de la mise en ligne ?

Sans ces éléments, la video n'a aucun impact autre que le ressenti et l'émotion face aux images. Aucune réflexion ne peut naître sans ces conditions, qui sont de la véritable transparence.

Je propose donc que les commentaires des videos mises en ligne (sur YouTube ou DailyMotion ou tout autre site) contiennent a minima ces éléments :
Date et lieu du tournage,
Conditions du tournage : images volées / avec accord des acteurs / présence signalée de la caméra / etc.
Auteur / Réalisateur (celui qui crée la séquence d'image à partir des rushs et qui orient le montage)
Distributeur (celui qui met en ligne)

Il s'agit donc bien de créer un véritable nouveau médium, individuel, grâce aux évolutions de la technique permises par les évolutions récentes (appareils photos, baladeurs videos...) qui doit, pour être exploitable, suivre des règles de présentation claires et partagées par tous.

Sans cela, il ne restera qu'une bouillie infâme d'images dénuées de sens.

8.11.06

Plus qu'une modification du permis à point, il faut une modification du permis

A l'heure où le Premier Ministre s'interroge sur le moyen de diminuer le nombre de conducteurs qui roulent sans permis, et évoque l'idée de diminuer la durée au bout de laquelle un conducteur récupère ses 12 points de 3 ans à 2 ans, je réédite l'un de mes tous premiers billets :

"LE PERMIS DE CONDUIRE RENOUVELLABLE"


Car il est curieux que le permis de conduire, comme d'autres permis d'ailleurs, soit octroyé à vie, sans jamais de remise à niveau.

Epilogue d'une brève bien noire ?

J'avais écrit ceci.

Aujourd'hui, j'apprends que le Dakota du Sud rejette l'interdiction totale de l'avortement par référendum. J'ignore tout du fonctionnement des institutions du Dakota, et je ne savais pas que ce texte avait été soumis à un référendum.

Ce que je retiens, c'est que dans ce cas précis, la consultation populaire donne un résultat différent du résultat attendu par les sondages. Dans notre pays où deux prétendants à l'exécutif semblent naviguer en se fiant à la popularité de leurs sorties mesurées par sondages, cela remet en perspective le fait qu'il est important de demander aux citoyens eux-mêmes ce qu'ils souhaitent.

La consultation des citoyens doit être rendue plus systématique. Quand il s'agit de valider un programme, la représentation fait son oeuvre. Quand il s'agit de s'adapter à des évènements nouveaux ou à des questions nouvelles, pourquoi refuser de demander leur avis aux citoyens directement ?

En gros, on peut penser qu'un programme exécutif relève de la représentation et soit sanctionné par les élections et que les programmes législatifs devraient se confronter beaucoup plus souvent à la volonté des citoyens, avec l'utilisation d'outils participatifs.

Ce n'est pas être démago ou populo que de proposer cela. Tout dépend de l'objectif de l'outil participatif. Il peut s'agir uniquement de consulter (choix ou classement de propositions, sans caractère décisionnel), ou bien également de permettre aux citoyens eux-mêmes de décider (choix d'une proposition, sur le mode référendaire classique) ou encore, et ce serait novateur, de permettre qux citoyens de proposer eux-mêmes des textes.

Dans ce dernier cas, qui se rapproche du référendum d'initiative citoyenne, on peut encore discuter de l'objectif. Le texte choisi doit-il être seulement amené en lecture par les représentants ou bien doit-il s'imposer à eux tel quel ? Ou bien les législateurs doivent-ils seulement être maenés à inscrire un texte traitant du sujet dans la législature en cours ?

Les objectifs restent à clarifier, mais il me semble important d'expérimenter cet outil, dans différentes configurations, pour permettre aux citoyens de vraiment s'impliquer dans la vie publique.